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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est…
De l'amour à la mort,
De la vie et du temps,
Des saisons, des chansons,
Des mots tendres, des jurons,
De la guerre et des « Pater Noster »,
Et des épiphanies et des Paris la nuit,
C'est tout un « inventaire »,
Et c'est un univers « Place du carrousel » ou à la « rue de Seine »,
« La lanterne magique » de Prévert.
C'est…
Des saynètes, des histoires, des pièces et des sketches,
Des complaintes à rengaines, refrains à entonner, chansons à fredonner,
Pour geôlier amoureux, pour escargots en deuil…
Et des effets de style et des faits stylisés, vers libres et pieds nickelés.
Et des rimes à rire et puis des jeux de mots,
« Quartier libre » pour humour noir et pitreries,
« Ordre nouveau » pour calembours et contrepèteries.
« Devinettes aimables, farces du bon vieux temps »,
« Composition française » et leçon de syntaxe,
En « page d'écriture » ou en « écritures saintes »,
Pour « Cancre » à « Alicante ».
Et puis aussi des métaphores ou bien encore des anaphores qui se font aphorismes,
Et des associations, et des répétitions, des allitérations sans altération,
De « grandes inventions » langagières doublées d'un parler populaire,
Un art de la tournure, le sens de la formule, un brin de parodie dans la caricature.
Et des images et des allégories,
Et puis de la musique, des notes qui s'envolent,
Et puis de la peinture, des couleurs, des symboles,
Des cages que l'on ouvre et de la liberté
Sans frein ni fin, sans tabou ni « sacrosaint ».
Des palabres, des palabres…
En plaidoyers, en plaidoiries, en prédications, en homélies, en harangues, en causeries…
Et des mots tout cela, rien que des mots,
Des paroles… mais signées Prévert
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Dans tes vents et marées
Je me suis envolée
La cage de l'amour
Tu nous l'ouvres toujours
Et les enfants qui s'aiment
Des frissons velours sèment
Paris est sublimé
Soleil rouge Grand Palais
Et les faubourgs s'animent
En images coquines
La religion moquée
Et les puissants croqués
Mais ce que je préfère
Mon très cher Jacques Prévert
Ce sont ces allumettes
Reflets doux que tu jettes
Illuminant la nuit
Et la femme éblouie
Sous la pluie Barbara
Je ne l'oublierai pas
Tant de belles étincelles
Et de mots qui ruissellent
Les démons et merveilles
Toujours en nous s'éveillent
Grâce à toi... Merci, le poète !
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« Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens qui fait la chasse à l'enfant »

C'est avec « Paroles » qu'en 1971, je suis alors en classe de 3ème, je découvre Jacques Prévert. 1971 : année où le poète doit quitter sa résidence à Antibes et s'installe à Omonville-la-Petite, dans la Hague (Cotentin)… Est-ce une coïncidence si cette même année, notre prof de français – dont le nom m'échappe et que j'aurais citée ici avec grand plaisir tant elle contribua par sa gentillesse et sa compétence à ouvrir notre esprit plutôt matheux à la littérature – nous fit étudier et « jouer » « La chasse à l'enfant » ?

« Paroles », le premier recueil de Prévert, et son premier grand succès : quatre-vingt quinze textes de longueur et de qualité inégales, mais quel régal quand on tombe sur une pépite comme, justement « La chasse à l'enfant », « Barbara », « Pour faire le portrait d'un oiseau », « Déjeuner du matin »… J'en passe bien sûr… quel ravissement !

« Au-dessus de l'île, on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau »

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Aussi loin que je remonte dans les lectures de mon enfance, la poésie est intimement liée à la lecture de Paroles de Jacques Prévert. Ce recueil que je possède encore, fait partie de ces livres qui sont un vrai trait d'union entre hier et aujourd'hui.

Loin d'une écriture abstraite, ce qui me marque dans la poésie de Prévert, c'est qu'elle est très visuelle, qu'elle offre une succession d'images comme le fait une histoire ou une chanson. Ce que j'aime chez Prévert, c'est la manière dont il a toujours pris ses distances avec les conventions de la langue, avec ses usages convenus, pour revenir à une autre plus descriptive et plus inventive, marquée par l'enfance et un certain idéalisme.

On retient plus volontiers de Jacques Prévert les poèmes qui touchent à l'imaginaire, aux thèmes de l'enfance et de l'amour. Pourtant, l'essentiel des textes qui composent Paroles sont ceux d'une vraie critique du monde moderne. le poète y dénonce sans détours une société exsangue, emplie de préjugés et de convenances, sclérosée alors par la politique, l'armée, la religion et la bourgeoisie. Dans beaucoup de ses poèmes, il y dénonce l'absurdité, la violence, l'oppression qu'engendre un monde qui s'ouvre au matérialisme et s'enfonce dans les tensions dangereuses ( les poèmes qui composent Paroles ont été écrits entre 1930 et 1944) avec pour conséquences la pauvreté et l'exclusion.

« J'en ai vu un qui s'était assis sur le chapeau d'un autre
il était pâle
il tremblait
il attendait quelque chose... n'importe quoi...
la guerre... la fin du monde...
il lui était absolument impossible de faire un geste
ou de parler
et l'autre
l'autre qui cherchait « son » chapeau était
plus pâle encore
et lui aussi tremblait
et se répétait sans cesse
mon chapeau... mon chapeau...
et il avait envie de pleurer.
(…) »* 

Prévert était un idéaliste, un pacifiste, mais surtout un poète libertaire. Dans un style teinté de surréalisme, qui varie entre comptines et chroniques sociales, le poète y déploie un esprit profondément indépendant.
En se plaçant du côte des humbles et des opprimés, Prévert veut rendre compte de la vie de labeur mais aussi des bonheurs simples, d'un idéal de pureté. Toute la poésie prône un retour à la simplicité. Pour les incarner, il utilise les figures de l'enfant et des animaux (l'oiseau a une place privilégiée dans sa poésie) pour décrire l'idéal de simplicité, de bonté et de douceur.

J'aime la poésie de Prévert, son écriture tendre et subversive, sans compromis, qui fait du monde une lecture qui reste très actuelle. Une poésie qui se réinvente à chaque que l'on ouvre le livre.

L'ECOLE DES BEAUX-ARTS

« Dans une boîte de paille tressée
Le père choisit une petite boule de papier
Et il la jette
Dans la cuvette
Devant ses enfants intrigués
Surgit alors
Multicolore
La grande fleur japonaise
Le nénuphar instantané
Et les enfants se taisent
Émerveillés
Jamais plus tard dans leur souvenir
Cette fleur ne pourra se faner
Cette fleur subite
Faite pour eux
A la minute
Devant eux. »


(*) extrait de « J'en ai vu plusieurs... »

.
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Je connaissais depuis l'école sans doute certains poèmes "Le Cancre", "Barbara", "L'Amiral"... mais je n'avais jamais pris le temps de lire ce recueil en entier.
Quelle erreur ! Car quelle découverte ! J'avais l'image de Prévert comme d'un poète pour enfant, un rimeur sympathique. Et je découvre dans ce recueil un anticlérical, anarchiste, sensuel et amoureux, finalement un homme épris de libertés.
Oui, la liberté d'aimer d'abord. Quelques poèmes assez courts célèbrent la beauté d'une femme - la même, ou une autre qu'importe, de façon subtile. Je dis subtile, car tout est sous-entendu dans la description "et puis tu te coucheras et je me coucherai près de toi" (Dans ma maison). Certains vers sont aussi presque érotiques en suscitant des images, en décrivant le rouge de la bouche, la blancheur d'un sein, la forme d'un corps allongé, ou une fille nue qui nage...
C'est aussi la liberté d'un anarchiste, qui salue les ouvriers, les travailleurs de l'ombre - veilleurs de nuit, balayeur... Il refuse la guerre, la domination coloniale, les formes de racisme. Il condamne les grands patrons, les profiteurs de guerre, les généraux... tout ceux qui donnent des ordres dans leurs propres intérêts, et qui sacrifient le peuple à la tâche comme au combat. C'est une dénonciation glaçante des dictateurs des années 30 - date d'écriture de la majorité des poèmes, même si certains ont été ensuite été écrits pendant la Seconde Guerre Mondiale, de leur mégalomanie, mais aussi de leur violence. Cette violence et cette brutalité imprègnent la société, il faudrait compter le nombre de poèmes qui évoquent des meurtriers et des cadavres se vidant de leur sang - on ne les apprend pas à l'école ceux-là... le recueil se termine donc par une évocation de Guernica, la ville bombardée et le tableau de Picasso.
Et parmi ces maîtres, il y a le pape, et il y a Dieu. Plusieurs longs poèmes manifestent une violence anti-cléricale d'une joyeuse irrévérence à laquelle je ne m'attendais pas, avec des accents rabelaisiens - l'évêque vomit dans le ruisseau, le pape caresse ses mules et pense à son dessert...
Face à cette violence et à cette domination de classe, il y a la figure de l'oiseau, ou des oiseaux, qui, avec les fleurs, incarnent la liberté et la beauté du monde, car désintéressés. Ce n'est pas pour rien que les cancres les aiment...
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Un beau jour, quelqu'un m'a donné ce recueil en me disant :"Il faut toujours avoir un Prévert sur soi". Combien de fois depuis j'ai voulu revoir cette personne pour lui répondre: "Vous aviez raison! Et Merci".
Merci pour m'avoir fait découvrir ce poète de talent, cette écriture efficace (à tous les points de vue), ces écrits incontournables et j'en passe (mais il serait trop long de citer toutes les qualités de ce Monsieur et de ses oeuvres). J'ose espérer que personne n'hésitera un jour, une minute, une seconde même à lire Paroles, parce qu'il serait là un désastre pour cette Homme.
Comment est t-il possible de parler de la Guerre avec autant de beauté, du passé avec autant de spontanéité, du quotidien avec autant de recul? Il aurait fallu le demander à celui qui restera comme l'un des très grands de ce XXème siècle littéraire français.
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J'ai découvert Jacques Prévert à l'école primaire, c'était l'histoire d'un Hareng saur, je n'ai jamais pu apprendre ce poème, mais j'ai emprunté le livre à l'instituteur et le jour de l'interrogation je lui ai rendu son livre et récité quatre autres textes, je ne me souviens plus lesquels mais ceux là je les savais.
Et depuis je relis régulièrement les textes de Prévert.
J'aime bien et cela me fait du bien
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On l'a tellement balancé aux enfants des écoles, sous prétexte que c'était facile et plein de bons sentiments, que Prévert est devenu ringard. Mais il m'est arrivé dernièrement d'y retourner à la recherche d'un poème ou d'un autre (Etranges étrangers : "Kabyles de la Chapelle ou des quais de Javel", par exemple), et je crois bien que malgré ses facilités, Prévert est à redécouvrir. Prévert, c'est un peu du Doineau.
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Des formules qui peuvent hanter toute une vie...

On ne présente plus "Paroles" de Prévert, l'un des textes les plus étudiés en classe en France pendant des années... Aux reproches fréquents de surréalisme un peu "cheap", on opposera l'évidence d'un sens de la formule qui fait toujours mouche, que ce soit pour étonner, émouvoir ou questionner - avec une rage sociale qui n'est jamais si loin... Et un vers comme "Un hussard de la farce avec un dindon de la mort", dans "Cortège", peut aisément vous hanter avec bonheur toute une vie...
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Un recueil de poésie moderne, très simple à lire. Simplicité, rusticité, cadre champêtre.
Jacques Prévert nous touche avec ses mots simples au rythme musical.
Pourtant je n'ai pas tout aimé : certains poèmes sont à la limite de l'absurde, ils se veulent dérisoires mais ne m'ont pas touchée, j'en ai trouvé certains même sans intérêt.
Tous ces poèmes ne se valent pas, c'est sûr. Mes préférés sont finalement les plus connus, comme le cancre et Barbara. Ceux-ci sont vraiment très beaux : avec des images, des sons et de la simplicité, Prévert nous plonge dans une réalité artistique qui nous touche le coeur directement, et sans prétention.
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