Suite et fin des aventures entre les Taïra et les Minamoto. Dans les ouvrages précédents, les Minamoto ont presque tous été exterminés et ne sont plus que 3 enfants exilés. le pouvoir est dans les mains de Kiyomori, grand ministre qui impose la politique, les alliances, les mariages y comprit de la famille impériale. Dans un contexte de fin du monde pour les habitants puisque plus rien ne va entre abus de la classe dominante, signes de la nature et grands affrontements. A la mort de Kiyomori, Kyoto se déchire et les intrigues politiques se révèlent. C'est finalement Minamoto no Yoritomo qui en sort vainqueur et va pouvoir faire entrer le Japon dans une nouvelle ère en devenant Shogun.
Un livre qui compte parmi les sources anciennes et les textes fondateurs du Japon. Si le dit de Hogen et de Heiji était court et fluide, ici c'est l'inverse. La moitié du livre correspond à l'ascension de Kiyomori et au placement de ses familiers aux postes importants. La lecture est compliquée, les personnages ne sont nommés que par leurs grades et, même avec une fiche récapitulative des noms et fonctions on est très vite perdu devant la quantité de personnages. C'est dommage car on a du mal à savoir de qui on parle. de plus le début du roman est rempli de retour et comparaison avec d'autres pays et d'autres évènements qui ne sont pas faciles à recontextualiser. Toutefois au bout de la moitié de l'ouvrage, les conflits débutent et l'histoire se fait beaucoup plus fluide et sans retour en arrière. La lecture est beaucoup plus entrainante et intéressante et on se rend bien compte de la richesse de l'ouvrage et de ce monde sans cesse perturbé par les choix des hommes. On assiste à des trahisons, complots, luttes fratricides et autre qui contribuent à faire de ce livre une histoire épique.
Je le recommande aux amateurs du Japon féodal, un gros livre mais indispensable !
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Un homme digne de porter l'arc et les flèches doit savoir, dans les moindres occasions, prononcer des paroles dont on se souvienne le moment venu ! Or voici ce que disait Saïto Bettô chaque fois qu'il rencontrait Kanémitsu : « Quand, la soixantaine passée, il me faudra affronter les combats, je saurai me rajeunir en teignant mes tempes et ma barbe. La raison en est que, s'il serait pueril de vouloir disputer le pas aux jeunes gens pour se trouver au premier rang, il n'en serait pas moins mortifiant de se voir dédaigner parce qu'on est un vieux guerrier ! ».
Ce monde où vieux ni jeune n'est assuré de son sort, non plus ne dure qu'étincelle jaillie de la pierre à feu. Un homme vécût-il vieux, il est rare qu'il passe soixante-dix ou quatre-vingts années. Et de tout ce temps, celui de sa pleine force ne dure qu'une vingtaine d'années à peine. En ce monde de rêve et d'illusion, pourquoi vivrais-je ne fût-ce qu'un instant avec une femme qui déplairait ? Et si je persistais à vouloir celle qui me plaît, c'est à mon père que je devrais désobéir. Ceci m'aura amené à la connaissance ! Soit donc, je vais répudier ce monde de misère et m'engager sur la voie de la vérité !
"Le plus malfaisant des esprits, quand il se trouve là un vieux moine tel que Nous, comment oserait-il approcher ? A plus forte raison quand ces esprits de vengeance qui à cette heure se manifestent sont gens qui tous devaient leur réussite à Notre faveur ! Ignoreraient-ils les sentiments de gratitude, comment oseraient-ils se mettre en travers de Nos desseins ? Qu'ils se retirent, et sur
-le-champ ! [...] Lorsque femme aura peine à enfanter, quand bien même démons pervers l'entraveraient, que douleurs seraient insupportables, si de tout cœur prononcez la conjuration du Très Miséricordieux, démons se disperseront et en paix elle enfantera !" psalmodia-t-il, et comme il daignait dans ses mains frotter son chapelet tout de cristal, non seulement elle enfanta sans peine, mais ce fut un Prince qu'elle mit au monde.
Jadis un chef de guerre qui quittait la capitale pour aller détruire des ennemis de l'Empereur, devait observer trois préceptes : du moment qu'il recevait le sabre de commandement, oublier sa maison ; quand il quittait sa maison, oublier femme et enfants ; et sur le champ de bataille quand il combattait l'ennemi, s'oublier soi-même.
"Voici ce que m'enseigna Yoshishigé le Moine qui était mon père : que tu sois assailli par l'ennemi, ou que tu chasses dans la montagne, si tu hésites sur la route à suivre, laisse à un vieux cheval la bride sur le cou et pousse-le devant ! à coup sûr, il trouvera le chemin ! Voilà ce qu'il m'a enseigné !" Et le Noble Cadet : "Voilà qui est parler ! "Quand bien même la neige ensevelit la plaine, un vieux cheval saurait y trouver son chemin !" dit le précepte !"
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