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EAN : 9782709635257
284 pages
J.-C. Lattès (04/01/2012)
3.99/5   56 notes
Résumé :
"J’ai eu le tournis et des palpitations de coeur parce que La petite fille en robe jaune m’est apparue. Elle jouait à la marelle sur le parvis de la Grande Poste d’Alger. J’ai crié son nom, elle s’est retournée, m’a fait coucou de la main, puis elle a sauté à cloche-pied une, deux, trois cases avant de disparaître dans celle du paradis."
Murée dans son silence, Fatima revisite son passé, ses secrets, ses histoires d’amour bâclées, faites de violence et de tra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Troisième livre que je lis d'Akli Tadjer, et troisième découverte "bonheur lecture". Une écriture simple, naturelle, l'écriture du quotidien, celle qui permet de dévoiler simplement ce que l'on peut ressentir, qui permet d'exprimer toutes les nuances des sentiments et des expériences, qu'elles soient heureuses ou malheureuses.

Sans dérision ni apitoiement, mais avec une lucidité certaine, qui n'en reste pas moins terrible et douloureuse, Akli Tadjer exprime au travers des paroles de Fatima, l'impasse tragique dans laquelle un accident de vie fait basculer une existence dans une vie de dépendance totale. Celle-là même qui vous prive de toute intimité, de toute latitude, de tous mouvements, de toute indépendance ; celle-là même qui vous met entre les mains de tierces personnes avec lesquelles vous pouvez soit vous sentir apaisé, soit vous sentir agressé et en insécurité. Celle là même qui vous coupe du monde, et de ceux qui vous sont proches. Fatima les entends, mais eux ne savent pas si elle peut les comprendre : douloureux moments que ceux de l'incertitude.

Une existence qui n'en n'est plus une, sauf à revivre en pensée les évènements qui ont tissé la toile de votre vie. Ceux qui ont fait de vous ce vous êtes devenus, qui ont façonné votre personnalité. Est-ce ses origines, son douloureux passé au cours duquel elle a dû se battre pour trouver sa place dans ce monde, qui lui impose cette retenue vis à vis de son fils Saïd, en recherche permanente de marque d'amour de la part de sa mère ? Toujours est il que derrière cette apparente dureté, se cache une femme marquée par l'injustice de la vie. Une femme, qui bien involontairement, blesse le seul être au monde qui lui reste : son fils.

Une femme résignée mais qui, dans son malheur à conservé la chance de pouvoir se souvenir : elle ne peut exprimer à voix haute ce qu'elle ressent, mais continue dans sa tête à rechercher les moments clés de sa vie :

"Le corps , ça m'est égal, je n'attends plus rien de lui mais ma mémoire c'est mon unique trésor. C'est à elle que je me raccroche pour me souvenir que je n'ai pas toujours été un paquet de chair exsangue sur un lit d'hôpital mais que j'ai souffert, que j'ai haï, que j'ai aimé, que j'ai ri, que j'ai chanté, dansé, que j'ai été vivante."

L'histoire de Fatima est aussi l'histoire d'une mère et d'un fils qui n'ont pas su trouver comment dialoguer et exprimer leur amour l'un vis à vis de l'autre. Les mots, facilitateurs d'expression, ne sont pas les seuls à permettre le dialogue. Confronté à cette situation douloureuse dans laquelle leur vie a plongé brutalement, Fatima et Saïd arrivent chacun à leur façon à recréer ce fil si ténu, mais si puissant qui les lie.

J'ai été touchée par ce récit émouvant et tragique, dans lequel poésie et humour ont su trouver leur place. Une histoire riche en leçon de vie.
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Une histoire d'amour bien de chez nous... mais qui se passe là-bas, bien loin du pays natal qui ne quitte pas les peaux, quoi que l'on fasse. Une histoire d'amour (maternel et filial) entre une mère et un fils, assez enfant gâté, que rien n'arrive à séparer, malgré les incompréhensions et les petites jalousies. Même pas la maladie, même pas les souffrances physiques et les souvenirs douloureux, même pas la mort. Au contraire, elle (la maladie de la mère) arrive à les faire se retrouver... avec pour seuls échanges les regards et les silences. Auparavant, habitant pourtant côte à côte, sur le même palier, ils étaient à des années-lumière l'un de l'autre. Une incommunicabilité quasi-totale... que nous vivons chaque jour.Une histoire racontée à deux voix : celle du fils, brutalement livré au chômage, se retrouvant entre une amante assez «égoïste» et celle de la maman, murée dans son silence sur un lit d'hôpital à Paris mais qui nous livre ses secrets et ses histoires d'amour bâclées, faites de violence et de trahisons... en Algérie. Avec, tout au bout de sa mémoire, au tout début de sa vie de jeune femme, encore jeune fille, une enfant, «une fille en robe jaune», très tôt «abandonnée». Avec un enfant devenu homme et qui ne cherchait qu'à avoir, dans le coeur de sa maman, «une place, une vraie, pas un strapontin».
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Akli Tadjer a l'art de nous transporter avec bonheur dans des romans de construction simple où tout est dit avec finesse et simplicité.
Ses personnages, ici Saïd et Fatima, sont toujours très attachants.
La chanson tient une grande place dans la vie de Fatima. Elle fait le bilan de sa vie sans s'apitoyer sur elle-même.
Saïd est un fils aimant et vit douloureusement la fin de vie de sa mère.
Les liens sont forts entre eux.
C'est un grand talent d'écrivain que de nous donner l'impression de connaître réellement ces personnes et de partager un peu de leur vie.
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Une mère clouée sur un lit d'hôpital, hantée par l'image d' une petite fille en robe jaune… Qui est-elle et que représente-t-elle ? Est-elle un personnage imaginaire ou une réminiscence ?
Un fils au chômage, tourmenté par des relations amoureuses complexes. Un amour filial maladroit mais intense, biaisé par le poids des silences.

Un roman qui nous interroge sur l'enfance et ses conséquences. Comment l'enfant qu'on était façonne, qu'on le veuille ou non, l'adulte que l'on devient ?

Une histoire à deux voix oscillant entre humour et tendresse. On note cependant, l'acidité et la violence de certains passages qui ne peuvent qu'ébranler le lecteur. Ce qui ne constitue pas un bémol mais plus une mise en garde pour les lecteurs plus sensibles.

Un roman fluide, extrêmement bien écrit, à la plume subtile et émouvante. Un roman que je recommande vivement et qui sera sans hésiter mon premier coup coeur de l'année !
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Fatima est hospitalisée dans un état végétatif. Elle n'a pas toujours été cette femme sans énergie, elle a souffert, elle a haï, elle a aussi aimé et ri, chanté et dansé, elle a même été aimée. Son corps lui est égal elle n'attend plus rien de lui et à défaut de pouvoir parler et bouger elle s'évade par la pensée pour jouer avec ses souvenirs. Les souvenirs qui vont et viennent comme les vagues de la mer. C'est comme ça que lui reviennent les Sanchez qui ont essayé en vain de l'emmener avec eux pour quitter l'Algérie et gagner la France, l'orphelinat de Bab-el-Oued où elle est restée jusqu'à sa majorité, ses histoires d'amour pas très réussies, sa rencontre avec et surtout la petite fille en robe jaune. Qui est cette petite fille ? Fatima aime ces nuits qui lui recrachent son pays, ces visages et ces noms qu'elle a rencontré tout au long de sa vie, ces rires et ces pleurs qui sont venus égailler ou attrister les jours. Mme Sorel, l'infirmière, peut bien lui dire qu'il faut qu'elle dorme si elle veut guérir, quand elle passe un doigt sur ses cernes enflés, Fatima aime jouer à cache-cache avec les fantômes de ses souvenirs et elle aime surtout retrouver « La petite fille en robe jaune ». Et puis il y a Saïd, son fils chéri, qui vient la voir tous les jours ou presque, son fils assis sur la chaise près de son lit qui dit tout bas qu'il faut tout faire pour tirer sa mère de son enfer, il est inconcevable pour lui qu'elle ne revienne pas comme avant.
Deux personnages qui se racontent, Fatima murée dans son silence sur son lit d'hôpital dépendante des infirmières et des médecins, et Saïd son fils qui entre deux rencontres avec Clotilde sa tendre amie rend visite à sa mère. Devenu sans emploi il erre ça et là dans les rues, tout se bouscule dans sa tête, il revient sur son passé : comment vit-il le racisme lui qui a même changé de nom, sa vie sentimentale est des plus chaotique, son père est disparu quand il était enfant et sa mère qui n'a pas su lui dire combien elle l'aimait.
- « Maintenant que papa est mort, est ce qu'il y aura une place pour moi dans ton coeur ?
J'ai répondu qu'il y avait toujours eu une place pour lui dans mon coeur.
- Une place, une vraie, maman. Pas un strapontin »
Un brillant roman à deux voix dans lequel l'auteur nous parle beaucoup d'amour et de tendresse, mais aussi de non-dits et de souffrance. Mais si je dois retenir quelque chose de ce roman c'est qu'il faut dire son amour avant qu'il ne soit trop tard. Une très jolie découverte qui m'a parfois serré le coeur.

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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Je me suis assis sur la chaise et, après un long moment de silence, je me suis abandonné. J’ai dit, tout bas, qu’il fallait tout faire pour tirer ma mère de son enfer. Elle était mon histoire, mon père, ma mère, mon ange et mon démon.
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Je m’obstine encore, mais rien à faire, mes mots restent prisonniers de ma tête. De guerre lasse, je finis par renoncer et je joue avec mes souvenirs.
Les souvenirs, c’est amusant. Ca va, ça vient, c’est comme les vagues de la mer. C’est comme ça que les Sanchez me sont revenus. Sur l’Almanach des Postes punaisé au buffet en formica jaune de la cuisine, c’était l’année 1960.
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Il n’était ni beau ni laid. Il était… Elle avait cherché à le comparer à une célébrité connue de tous les Algériens et, après brève réflexion, elle n’avait pu le comparer qu’à JR Ewing.
Si son physique n’avait rien de reluisant, il possédait en revanche un appartement de cinq pièces dans une résidence d’État avec vue imprenable sur la baie d’Alger. Ce n’était pas tout. Il était d’excellente lignée, son père colonel dans l’armée de l’Air appartenait de fait à la caste des privilégiés du régime.
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Chaque samedi matin, avant de se rendre chez son avocat, elle se mettait un peu plus en beauté pour lui plaire. Un trait de khôl pour souligner ses yeux de gazelle, de la poudre de riz pour éclaircir son teint de noiraude, un soupçon de rouge à lèvres pour valoriser ses lèvres charnues et, dès qu’elle avait franchi les grilles de l’orphelinat, elle libérait ses longs cheveux de jais, dégrafait un bouton de son corsage, remontait sa jupe au-dessus du genou.
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Quand l’alcool avait fait son effet, il devenait mélancolique et rapatriait les pochards du bar à Bousoulem dans son douar natal. D’abord, il plantait le décor : une vallée verdoyante comme celle de la réclame pour le camembert Le P’tit Normand, un oued charriant de l’eau bien plus claire que celle d’Évian, des montagnes absolument immenses, une mer de ciel bleu et du soleil à ne savoir qu’en faire.
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Videos de Akli Tadjer (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Akli Tadjer

Rencontre avec Akli Tadjer au Furet de Lille - 19/01/2012
Akli TADJER « La meilleure façon de s'aimer » Ed. Jean-Claude Lattès L'auteur parisien revient vers son public, après Le Porteur de cartable, avec La meilleure façon de s'aimer. Akli Tadjer mélange encore une fois l'humour et la tendresse pour nous servir une histoire poignante, celle de Fatima et de Saïd, son fils, jeune parisien vif et malicieux, qui n'ont jamais su se dire « Je t'aime ».
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