Ce qui devait être une banale opération de routine dérape complètement. le suspect blesse gravement une policière dans sa fuite avant d'être pris au piège et de se donner la mort. le fiasco est total et les conséquences dramatiques. Audra, enceinte de cinq mois est en état de mort cérébral, Nicolas son compagnon et coéquipier se retrouve dès lors confronté à un tragique dilemme alors que
Sharko est suspendu le temps de l'enquête. Ce dernier va dans l'attente se consacrer à découvrir l'identité de la victime anonyme du nécrophile à laquelle il n'a pas pu rendre justice. Cette quête va l'entrainer au-delà de la noirceur humaine dans un univers où la mort rôde à en permanence.
Une fois encore, l'auteur nous plonge dans les méandres de l'âme humaine et nous entraine aux confins de l'horreur en s'appuyant sur une rationalité scientifique sans faille étayé par un minutieux travail de recherche. Par contre, si son analyse scientifique est des plus fascinantes, elle l'emporte largement sur l'intrigue et on a le sentiment d'être face à un récit totalement improbable abordant trop de sujets pour les exploiter pleinement, d'autant que dans le même temps il recycle les idées de ses précédents romans comme le « salon commercial » dans les catacombes. Avec une série de victimes ayant réchappé à la mort quelques années plus tôt l'histoire rappelle étrangement une sorte de Destination finale émaillé de religion chrétienne, et de dévotion. La lumière blanche symbole de paradis où l'on est accueilli paisiblement par les siens qui se transforme en enfer et en tourments éternels exercés par des créatures diaboliques évoque de son côté l'Expérience interdite. le thème de Frankenstein élargi à un réseau de scientifiques menant des expériences sur le cerveau à l'orée de la mort complète cette surabondance de thèmes. En clair,
Franck Thilliez s'appuie sur une intrigue futile et invraisemblable pour surtout aborder différents thèmes relatifs à la mort et la fin de vie tels que l'acharnement thérapeutique, la notion de l'âme ou encore la matérialité d'un foetus et se penche avec pertinence sur toutes les questions que l'on se pose sur la mort et ce territoire inexploré qu'est l'au-delà. Il complète sa réflexion avec beaucoup de finesse en s'interrogeant sur les entraves véritables de la morale, la pratique de la science sans déontologie, la permissivité des réseaux sociaux et le malaise existant dans la fonction publique. L'auteur s'emploie à disséquer les souffrances et les états d'âme de ses personnages sur qui le destin s'acharne mais coté enquête, ces derniers ne font que de la figuration, évoluant plus dans la psychologie et la métaphysique que dans l'action. La résolution de l'intrigue avec la découverte du réseau qui se cachait derrière «
la Faille » tourne à la farce pitoyable tant les dessous de l'énigme s'avère d'une insipidité consternante avec entre autre un criminel s'appelant…Boris Karloff. Un roman sur un sujet sérieux, bien écrit et qui n'est pas désagréable à lire mais bien en dessous des compétences de l'auteur. Si l'idée directrice est excellente, on est loin d'être captivé ou surpris et on ressent surtout une impression de déjà vu, de déficit de solidité et même d'artificiel.