AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,51

sur 390 notes
5
30 avis
4
11 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le féminisme ne se réduit pas, les idées ne cessent d'évoluer, et à toute allure. Quoi de commun entre le féminisme de Simone de Beauvoir, celui des 343, celui de Simone Veil (les Simones sont l'honneur du féminisme !), celui de nos mères, et plus récemment, celui de Virginie Despentes (dont la King Kong théorie a été pour moi un vrai choc) ou celui d'Oser le féminisme ?

Comment s'y retrouver dans ces différents courants, parfois contradictoires, comment se faire une idée juste ? Et quand on est un homme, comment mettre en phase une pensée, des principes, et une manière d'être - à la maison, mais pas seulement : une des forces du livre est d'amener à considérer que même si on se dit féministe, on bénéficie de facto, en tant qu'homme, des avantages de notre sexe dans une société conçue par et pour les hommes.

Ce livre ne prétend pas apporter des réponses à toutes les questions, ce n'est ni "le féminisme pour les nuls" ni la bible du féminisme. En revanche, dans la continuité de son podcast du même nom, Victoire Tuaillon passe en revue un certain nombre de thématiques et donne des clés pour comprendre, ouvre des perspectives. Les rencontres qu'elle a faites et les témoignages recueillis nourrissent son propos vivifiant et salutaire.

Un livre qui bouscule et fait réfléchir !
Commenter  J’apprécie          300
Un livre que j'ai commencé à recommander avant même de l'avoir fini!
Le titre est très provocateur et ne fait pas sérieux, mais il s'agit d'une analyse, d'une vivisection des masculinités: les couilles (représentation de la masculinité) est mise sur la table pour examen. Étonnant ce titre si peu sérieux pour un contenu qui l'est parfaitement! Chapitre après chapitre, les intervenant·es se succèdent, au fil des podcasts, et parlent de leur domaine d'expertise en lien avec la masculinité.
Ce livre est un "produit dérivé" du podcast Les couilles sur la table. Il est à la fois un bon complément pour les personnes, comme mon mari, qui adorent le podcast; mais aussi un bon substitut pour les personnes qui, comme moi, n'aiment pas écouter des podcasts et préfèrent lire.

Les sujets sont divers, sourcés, intéressants et offrent un regard complémentaire aux approches plus classiques féministes. Il n'y a guère qu'un chapitre que je n'ai pas apprécié, et dans l'ensemble, le livre est très riche, très intéressant.

À faire circuler un maximum: soit l'écoute gratuite des podcasts, soit le livre, soit les deux!
Commenter  J’apprécie          180
Un essai qui se lit avec l'avidité d'un roman !
"Les couilles sur la table", c'est un podcast dans lequel Victoire Tuaillon se propose d'inviter des personnes de tous horizons, afin de nous parler des hommes, des masculinités et en creux des femmes et aussi de certains hommes, qui subissent la domination masculine (souvent sans s'en rendre compte). Son adaptation en livre est une réussite.
A l'aide de courts chapitres, l'auteure nous explique avec intelligence et clarté de quelle manière la domination masculine se retrouve dans tous les aspects de la vie et est intégrée par beaucoup d'entre nous, hommes et femmes, de manière inconsciente. Elle y développe notamment les thèmes de l'éducation, de la vie professionnelle, du harcèlement, de la culture du viol ou de la charge mentale...
Ce livre a été une sorte de révélation pour moi, femme blanche, cisgenre et plutôt favorisée (tout comme l'auteure). J'ai mesuré l'ampleur du travail qu'il reste à faire et dans ce sens, l'auteure donne des pistes pertinentes afin de redéfinir notre rapport aux relations amicales et amoureuses, notre manière d'élever les enfants ou de considérer l'autre au-delà de la grille binaire des genres. Les relations n'en seraient que plus simples, avec plus de tolérance et de bienveillance.
Je vais maintenant me plonger dans l'écoute des podcasts.
Une lecture indispensable !
Commenter  J’apprécie          153
En quelques lignes j'ai plongé. L'autrice sait s'adresser au lecteur et démontre ses propos avec conviction et simplicité.
Elle met des mots corrects sur des choses qui provoquent parfois des émotions difficiles à verbaliser, en tout cas pour les gens comme moi qui ont du mal à canaliser.
Colère, frustration, sentiment d'injustice, d'incompréhension, ce livre est une mine d'arguments (synthèse de nombreux travaux) quand on se lance dans un débat.

La suite correspond à ma prise de note habituelle :
Elle fait la distinction entre masculinité et virilité :
* La virilité est un attribut "Idéal de performance, d'autorité, de dépassement de soi et d'endurance qui trouve son expression à travers les démonstrations corporelles et/ou verbales" en somme, la virilité se définit par elle-même et les femmes peuvent l'être aussi (virile)
* La masculinité en revanche, ne se définit que par son opposition à la féminité. Dès lors que l'on pense "êtres vivants" elles disparaissent, c'est donc une construction sociale, culturelle et historique.

Elle évoque la construction genrée des individus dès la naissance : par le prénom, un code couleur, des réactions, des adjectifs. En soi, on pourrait se demander où est le problème si ce n'était que "à la différenciation des genres se superpose une hiérarchisation : "être un garçon", ce 'est pas juste "ne pas être une fille" : c'est être "mieux" qu'une fille"
Cette hiérarchisation se voit à travers les activités, les valeurs (émotions, raisons...), le langage (à noter qu' "autrice" existe depuis des siècles, c'est le français qui a été masculinisé, cf également les accords de proximité)

Des études comportementales à l'écoles ont démontré que les garçons sont davantage stimulés, on valorise des qualités différentes : intelligence et originalité pour les garçons, sérieux et propreté pour les filles.

Longue explication sur le fait qu'il n'existe pas de genre "naturel"

Elle aborde le fameux argument physiologique (j'ai tout de suite pensé à notre ami Kaufmann, de sinistre mémoire), elle démonte très bien l'argument mais oublie de préciser que les femmes éjaculent aussi.
Elle démontre également que la science ne peut pas être utilisé comme un argument parce que la science constate, elle ne dit pas ce qui est mieux ou moins bien, ça, ça relève de notre interprétation.

Je suis page 46 et il me parait évident que je ne pourrais pas tout prendre en note, tout est trop intéressant, indispensable même pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce militantisme et tenir un échange avec des masculinistes.

Elle parle d'ailleurs de la crise de la masculinité (p.47 & 48 à lire et relire)
81% des victimes d'homicides sont des hommes
90% des auteurs sont des hommes
Conclusion : le masculinisme tue les hommes aussi bien que les femmes.
92% des conducteurs impliqués dans des accidents mortels avec taux d'alcool positif sont des hommes

P.54 présentation des différentes masculinités : hégémoniques ; complices ; subordonnées ; marginalisées

Les privilèges à vivre dans un monde d'homme : (petit échantillon d'arguments)
* La clim, automatiquement mis pour les hommes, 5°C de moins que ce qu'il faudrait pour les femmes
* Les objets pour les mains d'hommes (téléphones, outils, clavier de piano) 1.2 fois plus grandes que celles des femmes
* En 2011, Siri savait trouver du viagra et des prostituées mais pas les centres d'IVG
* Les voitures : 47% de chances d'être blessées plus sérieusement, 17% de chances supplémentaire de mourir à accident équivalent
* La recherche médicale : les symptômes d'infarctus chez une femme sont différents (nausées, douleurs dorsales), vous le saviez, vous ? Il existe 5 fois plus d'essais pour les troubles érectiles que pour les douleurs des femmes (c'est tout de même 1/7 femmes qui souffre d'endométriose et on n'a toujours pas de solutions ! Il faut 7 à 9 ans pour établir un diagnostic !)

Elle précise pour la première fois (et elle le fera souvent tout le long) que ce n'est pas un complot, les hommes n'agissent pas en pleine conscience mais c'est l'idée de souligner l'importance d'avoir des femmes à tous les niveaux décisionnels pour apporter un autre éclairage.

La rue est conçue, prévue pour eux aussi : sur 65 000 rues de 111 communes, 30% ont des noms de personnalités, 94% sont des hommes. Au total, 2% des rues en France portent le nom d'une femme. Nous n'avons pas d'Histoire, personne à qui nous identifier, voilà ce que nous dit la rue. Et pour la majeur partie des cas, tout est à la gloire du soldat, du sacrifice, des combats (Masculins)
Les statues : des hommes majestueux ou des femmes sexualisées. Ne parlons même pas des pubs où la tête des femmes est parfois coupée : tout est fait pour plaire au "male gaze"
Les infrastructures sportives d'extérieur : toutes destinées aux hommes (reprendre l'étude faite sur les skateparks de Bordeaux p.77)

Dans le monde du travail, le schéma se répète, le bon travailleur, celui qui obtient les augmentations, c'est celui qui ne compte pas son temps, n'a pas d'imprévus, pas d'enfants quoi : syndrome de l'épouse formidable. Et à comportement égal, c'est à dire quand la femme imite l'homme ou inversement, la réaction n'est pas la même (p.90) + principe du "boy's club" p.95
Le harcèlement sexuel au travail : 93% des plaintes sont classées sans suite ou ne donnent pas lieu à une condamnation. Elle donne des pistes AUX HOMMES pour changer la donne et ça change un peu, il s'agit de leur combat aussi.

Elle compare judicieusement le harcèlement de rue et le comportement des hommes au travail : il s'agit du même regard porté sur les femmes, objet de désir, sexualisation, condescendance... mais deux castes d'hommes différentes. On s'en prend à la première et on laisse faire les seconds, qui s'offusquent du comportement des premiers. Normal.

La question domestique est également abordée : comment les femmes en sont venues à gérer les tâches domestiques dans les faits et dans l'imaginaire collectif ?
La question de la charge émotionnelle est très intéressante. J'ai souvent considéré qu'on bridait les hommes et que ça expliquait leur difficulté à exprimer leurs émotions.
Mais l'autrice remarque qu'il y a des émotions qu'ils savent très bien exprimer, ce n'est que ce qui est de l'ordre sentimental qui est compliqué parce que c'est censé être le "domaine des filles" et, comme pour les tâches domestiques, c'est dévalorisé, et pourtant essentiel, mais alors, quelle est la solution ? Pour l'instant, la réponse ne se devine pas vraiment, car dans l'état actuel des choses, les exprimer un peu renforcerait la sollicitude des femmes envers les hommes, elle en sortiraient encore perdante.

La contraception : sujet que je maitrise déjà pour des raisons très personnelles, mais elle le développe très bien et, surtout, elle point le gros problème très français du paternalisme médicale.
Le choix de l'homme quand à une grossesse éventuelle se fait au moment de l'acte, pas après

Le sujet de la soumission est abordée p.150

La violence :
En 2018,
* 121 femmes tuées par leurs conjoints
* 28 hommes tués par leurs compagnes (et la moitié d'entre eux étaient violents avec elles)
Pourquoi "féminicide" et non "drame" ou "crime passionnel" ? Parce qu'on ne tue pas par amour, on tue pour posséder. Parce qu'on considère que la femme nous appartient.

Les viols, c'est 16% des femmes (sur les chiffres CONNUS), 94% des violeurs sont des hommes.
Définition de la "culture du viol" p.159 (et en citation)
On casse les clichés :
* 70% des viols se font sans armes, c'est la sidération qui fait tout le travail
* en Europe, 7% des violeurs condamnés ont une maladie mentale (seulement 7% sur les 1% de condamnation)
* 25 à 43% des hommes admettent avoir perpétré au moins une fois dans leur vie une agression sexuelle ou une pénétration par la contrainte.
* 80% des femmes violées l'ont été par quelqu'un qu'elles connaissaient
(il faut s'accrocher à certains passages du livre là, des témoignages et des chiffres très durs)
* 10 à 15% des victimes seulement portent plainte.

Erotisation de la violence : (porno !) Pourquoi ça fonctionne ? Pourquoi la souffrance et l'humiliation des femmes est-elle excitante ?
18% des français pensent qu'une femme peut prendre du plaisir à être forcée, et ce chiffre a été évalué APRES #metoo : dans le cinéma, la littérature, on retrouve cette idée partout

p.170 stratégie de l'insistance, dire "non" ne changer rien, il n'est pas plus entendu que le reste (exemple du refus à diner en comparaison) + témoignages d'hommes qui admettent voir le "non" comme un challenge
Il existe également les violences graduelles, demander le consentement pour chaque nouvel acte est NORMAL et peut être excitant. le consentement ne dois pas être considéré comme global et définitif dès le début du rapport.
Par quoi peut-on commencer en tant qu'homme ? L'émergence d'un nouveau groupe qui va désavouer ce type de comportement. Et en tant que femme ? Pourquoi pas la violence ? (Cf Despentes)

Comment changer les choses de façon plus globale ?
-> verbaliser les actes sexuels / changer de vocabulaire
-> érotiser différemment à travers les mots, le jeu
-> changer "l'objectif pénétration à tout prix"
-> orienter les hommes vers l'orgasme prostatique


UNE PEPITE ! tout le monde devrait l'avoir dans sa bibliothèque !
Commenter  J’apprécie          130
Une lecture excellente.
Je suis un homme et je me suis senti encore plus homme. Ce livre parle de sujet que l'on ose pas assez évoquer.
J'ai fait, il y a 3 ans, une vasectomie. Pas pour éviter que ma femme assume la contraception du couple. Je l'ai fait car j'assume MA contraception.
Je me suis retrouvé dans ce livre. Et ce n'est qu'un exemple.
Je me languis que me femme le lise pour qu'il soit un vecteur et qu'il permette de mieux vivre ensemble et de mieux nous connaître.
En attendant, c'est ma première fille de 18 ans qui le lit.
Encore merci.
Commenter  J’apprécie          71
Dans le foisonnement des parutions féministes, voici un ouvrage remarquable écrit par Victoire Tuaillon, journaliste connue pour son podcast au titre provocateur, dont elle a tiré un livre au titre éponyme.

Il ne s'agit pas d'une retranscription des quarante-six épisodes du podcast, de ces entretiens qu'elle a menés auprès de ses invités, universitaires, chercheurs, artistes, tous spécialistes d'une question liée à la masculinité, mais d'une réflexion ordonnée, émaillée de citations des personnalités reçues, et enrichie d'une multitude de références, essais, romans, podcasts, films, BD, etc., si on souhaite s'informer de façon plus poussée sur les thèmes abordés.

Elle explore ainsi la construction de la masculinité et les injonctions de genre, les privilèges qui sont liés à ce sexe, la répartition des différentes tâches dans le couple hétérosexuel, la violence, fait masculin, et la sexualité hétéronormée. Elle poursuit cette étude avec des pistes d'action et de travail à la portée de toutes les personnes motivées : la sexualité, entièrement à repenser ; l'éducation de ses enfants, qui demande une prise de conscience de ses propres biais sexistes ; et l'engagement féministe des hommes.

Cet essai est incroyablement riche, complet et profondément humaniste ; il s'intéresse à toutes les facettes de la masculinité avec beaucoup de sensibilité et d'empathie.

Quelques citations de l'auteure qui m'ont particulièrement touchée :
«Le féminisme n'est pas une guerre contre les hommes, mais une lutte contre ces structures qui permettent à la domination masculine de perdurer.»
«Quand on assemble cette obligation à l'hétérosexualité et l'infériorisation du féminin, on comprend ce paradoxe tragique : on apprend aux garçons qu'ils doivent désirer ce qu'on leur a d'abord appris à mépriser.»
«La plupart des gens pensent sincèrement qu'il est inné que les petits garçons soient passionnés par le foot et que les petites filles adorent les déguisement de princesse».

Et quelques citations d'hommes féministes, parmi ses invités ou les auteurs qu'elle cite :
«Sommes-nous prêts à abandonner notre pouvoir masculin, nos privilèges et notre capacité de nous approprier les femmes et leur force de travail émotionnel et physique ? Bref, sommes-nous prêts à ce qu'il n'y ait plus de différence entre les sexes en termes de pouvoir, richesse, ressources, travail, etc. ? Sommes-nous prêts à ne plus être des hommes, mais seulement des êtres humains comme les autres qui ne seraient pas supérieurs en raison de leur sexe ? Sommes-nous prêts à considérer la combativité, l'autonomie, la solidarité et l'entraide comme des valeurs ou des attitudes humaines, et non pas masculines ou féminines ? Sommes-nous prêts à considérer que les tâches de travail ne sont pas assignées à des sexes, mais à des capacités humaines que les hommes comme les femmes peuvent avoir ou pas ?» Anthony McMahon
«L'égalité est libératrice, parce qu'elle révèle les artifices du théâtre social qui nous imposait, à l'un comme à l'autre, un rôle écrit d'avance.» Raphaël Liogier
«Je ne veux plus être identifié en tant qu'homme par l'usage légitime de la violence, je veux une autre définition de la masculinité, je me désidentifie, par mes pratiques, par ma mentalité, par mes façons d'être, de cette masculinité souveraine et violente.» Paul B. Preciado

Et j'éprouve une admiration profonde pour ces hommes féministes. Il faut beaucoup d'honnêteté, de courage, de générosité et de confiance en soi pour prendre conscience de ses privilèges, accepter d'en perdre une partie, et essayer de convaincre ses pairs en affichant ses convictions publiquement, pour rendre ses principes et ses pratiques cohérents.
Commenter  J’apprécie          60
Si le titre de ce livre ou de son autrice vous parlent, c'est probablement parce que vous connaissez déjà le podcast Les Couilles sur la table du même nom. J'avais participé au financement participatif à l'époque pour la création de cet ouvrage mais je n'avais pas pris le temps de le lire jusqu'ici. Et puis, les premiers épisodes du nouveau podcast de Victoire Tuaillon, le Coeur sur la table, m'ont immédiatement séduite, et ça m'a donné envie d'enfin m'installer pour lire ce livre.

Le livre n'est pas une simple transcription des épisodes de podcast. Si quelques pages présentent des retranscriptions de passages des entretiens que la journaliste a effectués, c'est pour mieux illustrer le propos qu'elle présente. Il y a également un index à la fin du livre avec la liste des épisodes, les personnes qui y participent et un résumé. Ce livre synthétise le propos du podcast, en allant parfois plus loin sur certains sujets peu abordés (au moment de l'écriture du livre en tous cas), notamment sur les violences conjugales.

L'introduction est courte et particulièrement bien faite, je pense que si vous hésitez à lire Les Couilles sur la table, la lecture de l'introduction pourra vous donner une meilleure idée de ce qui se cache sous la couverture. Victoire Tuaillon, comme elle en a l'habitude, situe d'où elle parle et reconnaît ses privilèges, notamment blancs et cisgenres, ce qui est toujours bienvenu (voire nécessaire) dans les travaux journalistiques ou de recherche.

Après l'introduction, l'ouvrage est divisé en cinq parties qui suivent un ordre logique : la construction des masculinité, le concept de privilège, qui mène évidemment à l'exploitation, mais aussi aux violences et enfin la dernière partie montre des possibilité d'esquive de cette masculinité hégémonique toxique pour le bien être de toustes, hommes, femmes et personnes non-binaires. Si l'autrice n'invisibilise pas les personnes trans et intersexes, puisqu'elle les mentionne quand elle déconstruit les arguments physiologiques comme cause des différences de comportements entre les hommes et les femmes, elle se concentre principalement sur la construction de la masculinité hégémonique : cisgenre et hétérosexuelle. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié la partie sur la construction des masculinités puisqu'elle détaille les masculinités hégémoniques et complices, mais aussi celles qui sont subordonnées ou marginalisées telles que les masculinités jugées trop efféminées ou en lien avec la classe et la race.

Il m'a semblé que l'écriture était très accessible, tous les mots qui pourraient être « jargonneux » sont définis et expliqués, de sorte qu'on puisse aisément comprendre le propos de l'autrice même si on n'est pas encore sensibilisé⋅e aux questions de féminismes et masculinités. Outre cela, j'ai particulièrement apprécié la plume de Victoire Tuaillon, qui parvient à expliquer factuellement certaines choses sans mettre une distance démesurée entre elle et son lectorat. de plus, elle ne cherche pas à ménager outre mesure les hommes dont elle parle et elle évoque sans détour les comportements problématiques.

Une petite remarque sur l'objet livre en lui-même : il est sacrément beau. Il y a tout un travail graphique sur les couleurs selon les parties avec des présentations particulières pour les transcription de podcast et des illustrations de Sébastien Brothier avec l'aide de Léonie Brothier, Clarisse Pillard et Gregory Trowbridge qui sont vraiment classes (on en aperçoit notamment en couverture).

Pour conclure, si ce livre fait un compagnon idéal du podcast du même nom, il me semble également être un point d'entrée parfait pour toutes les personnes qui commencent à s'intéresser aux masculinités et à leurs effets dans toutes les sphères de la société. C'est aussi une bonne lecture pour découvrir le féminisme.

Pour les personnes qui ont déjà quelques lectures féministes à leur actif, je pense que ça peut également être une lecture intéressante centrée sur les masculinités – en tous cas j'ai beaucoup apprécié. Et puis, si vous êtes comme moi et que vous n'avez aucune mémoire des chiffres, des différentes études et étapes historiques, ça peut être un bon rappel.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
Commenter  J’apprécie          50
C'est un livre adapté d'un podcast célèbre qui porte le même nom. Une lecture indispensables pour celles et ceux veulent participer à la déconstruction de la société patriarcale.
Comme il est dit en quatrième de couverture : un livre à offrir à vos frères, vos copines, votre mère, votre père, vos soeurs, vos neveux et nièces, oncles et tantes et vos copains (pas encore) féministes.
Bref un livre indispensable.
Commenter  J’apprécie          30
Dans ma série de lectures féministes, celui là m'a également appris beaucoup de choses, apporté différents points de vue. Des chapitres sur divers thèmes, étayés par une interview d'un invité spécialiste du sujet. Ce n'est pas que du militantisme, c'est vraiment une enquête journalistique, très fouillée, s'appuyant sur des centaines (milliers?) de lectures, recherches, enquêtes... Comme le dit le sous-titre, à mettre entre toutes les mains, et urgemment....
Un reproche seulement : j'ai acheté l'édition "points", très jolie, mais très difficile à lire : taille de police minuscule et des pages écrites en ton sur ton. pas très accessible. A moins que cet ouvrage ne soit pas destiné aux plus de 40 ans ou défaillant visuels????


Commenter  J’apprécie          30
Un livre vraiment intéressant !! Mais son gros problème est qu'il y est noté tellement de références à écouter, lire, regarder... Bien entendu, cela est top. J'en choisirais pour poursuivre mes réflexions. Je n'ai écouté que quelques podcasts mais contente d'avoir lu le livre car il est très riche. Il fait réfléchir. Livre à offrir à tous et à toutes, à laisser trainer pour qu'il soit feuilleté. Merci!
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (1270) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
859 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}