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Marie Surgers (Traducteur)
EAN : 9791036001819
384 pages
L’Atalante (11/04/2024)
4.38/5   8 notes
Résumé :
« Sois prudent, tu t'approches dangereusement de secrets que tu ferais mieux de continuer à ignorer. Le prix d'une connaissance trop vaste, petit, c'est la folie. »
Un triste mois d'octobre, Laina apprend la mort de son frère Lincoln, abattu par la police de Boston. Perdue dans son deuil, elle reçoit la vidéo du meurtre. La révélation est un choc : Lincoln était un lycanthrope et c'est sur un monstre qu'a tiré le policier. Les monstres existent.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Contrairement à pas mal d'éditeurs d'imaginaire, l'Atalante est pour moi l'opposé de l'éditeur mainstream. Ils proposent toujours des titres différents, qui sortent du cadre et qui sont soigneusement choisis. J'avais ainsi eu un coup de coeur douloureux pour leur merveilleux Méduse l'an passé. C'est avec la même ambition que je me suis engagée dans Ni dieux ni monstres, leur dernière trouvaille.

Derrière ce texte à la couverture aussi belle qu'intrigante en vf, il y a un jeune auteur américain racisé qui aime aborder les questions de colonialisme, de bouleversement climatique, de communautés marginales ou encore d'oppression dans ses écrits. Cadwell Turnbull met ainsi sa plume tellement enivrante au service de propos de société actuels, qui le touchent et nous touchent par ricochets. C'est très réussi.

Dès les premières lignes, j'ai été conquise par cette ambiance très américaine du cadre et de la plume de l'auteur qui nous plonge un peu dans les travers de cette société qu'on connaît tous mais qu'il est toujours bon de rappeler. L'histoire démarre sur un meurtre inique : « un monstre » est tué par un policier. Cela ne peut faire qu'écho en nous avec toutes ces affaires où ces crimes sont restés impunis et/ou ont déclenché des émeutes et autres manifestations. Je m'attendais vraiment à ça ici alors que les événements semblaient s'emballer, mais l'auteur va être plus fin que ça et nous prendre à contre-pied.

Dans une narration étrange et entêtante qui va jouer sur les lieux, les personnages, les temporalités, il va plutôt nous plonger dans le quotidien de plusieurs « marginaux » pour vivre à leur côté avant et après ce drame des moments de bascule dans leur quotidien qui déjà n'a rien à voir avec le nôtre. Ce fut étrange, perturbant. J'ai souvent eu le sentiment de ne pas trop savoir où j'allais et quand je pensais comprendre, on m'emmenait à nouveau ailleurs. Mais au final, ça ne m'a pas gênée de ne pas comprendre car j'étais totalement prise à chaque fois par l'émotion du moment, une émotion souvent âpre et rugueuse, très terrienne et profonde ici, rappelant cette Amérique loin des clichés des grandes villes bling bling. J'étais en quelque sorte plus proche du « terroir ».

En parallèle, une certaine fascination a commencé à naître en moi pour cette écriture si proche de la littérature américaine classique que j'aime (Steinbeck, Harper Lee, Faulkner…) qui se mélangeait avec un très beau fantastique savamment distillé pour faire basculer l'histoire de quelque chose de très terre à terre et connu, à quelque chose de bien plus mystérieux et insaisissable où les surprises furent grandes. L'expérience de la surprise étant essentielle à cette lecture, je vais essayer de ne pas en dire trop, mais disons que bien que reprenant des tropes classiques de l'imaginaire, l'auteur parvient à les mêler finement et intrinsèquement avec quelque chose de bien plus ancré à notre réalité sans que cela choque mais au contraire en donnant du sens à l'ensemble, surtout dans la période complexe de tiraillement qu'il y a entre société installée et société marginale. Une révolution est en marche souterrainement car les « monstres » en ont assez de vivre cachés, à l'écart, sous le feu des balles.

Questionnant avec force sur notre rapport à l'autre et aux normes qu'on lui impose, Ni dieux ni monstres est une lecture étrange qui se vit, se ressent mais ne se comprendre pas forcément. Elle est singulière et entêtante, inattendue et pourtant rassurante, comme un chocolat chaud réconfortant auquel on aurait ajouté un ingrédient venant perturber nos sens. J'ai aimé cette première étrange plongée dans un monde à la frontière des changements. Je n'ai pas tout compris loin de là mais je suis très curieuse de voir le chemin que l'histoire va continuer à prendre dans sa suite à paraître en octobre : We are the crisis. Encore une belle et singulière pépite trouvée par l'Atalante !
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Son frère vient d'être abattu par la police de Boston, Laina est effondrée. de plus, on vient de lui faire parvenir la vidéo du meurtre et son visionnage la laisse complètement abasourdie. Son frère était un lycanthrope et le policier qui a tiré, a en réalité tuer un monstre. Les créatures surnaturelles existent et elles souhaitent que le monde entier le sache sauf que certains ne semblent pas y tenir. Dans ce monde où deux camps s'opposent, lequel aura le dessus sur l'autre ?

Ni Dieux Ni Monstres est un roman fantastique teinté d'horrifique. Il prend cadre dans une Américaine contemporaine où le surnaturel s'est révélé brutalement à la population provocant réactions violentes, déni ou censure. Ainsi, on rencontre entre ces lignes toutes sortes de métamorphes, des mages et des oracles. Ils forment une communauté hétéroclite et divisée. Certains choisissent de se rapprocher pendant que d'autres préfèrent rester des électrons libres.

L'univers tient la route. L'auteur a pris soin d'analyser les comportements sociaux tout au long des mois qui vont suivre ce dévoilement qu'il qualifie lui-même de fracture. Ainsi, la situation va se tendre avec un retour de la chasse aux sorcières ponctuée de massacres de personnes accusées d'être des monstres. Il y a aussi une agitation de la communauté scientifique qui cherche à expliquer le phénomène, ainsi que de la sphère complotiste qui émet, sans surprise, les plus folles théories. le monde bouillonne et approche de son point de rupture. Plusieurs camps s'y affrontent avec d'un côté, les pro-monstres qui vont jusqu'à organiser des actions de soutien comme une manifestation et de l'autre côté, les anti-monstres qui cherchent à les faire taire à tous prix. L'ambiance est féroce. La tension monte crescendo jusqu'à l'explosion d'une violence létale.

Derrière Ni Dieux Ni Monstres, Cadwell Turnbull cherche d'abord à interroger la figure du monstre qui se juge non pas à la forme mais plutôt aux actes. Ainsi, la noirceur se cache derrière toutes les apparences et la cruauté n'est pas le seul apanage des personnes possédant des caractéristiques non humaines. Dans le roman de Cadwell Turnbull, nul n'est ni blanc ni noir car chacun possède sa part d'ombre poussant à commettre l'innommable. Il questionne l'humain dans ce qu'il est prêt à faire pour se faire entendre. En choisissant de mettre à l'honneur cette communauté de créatures surnaturelles, la plume de l'auteur se veut clairement engagée vis-à-vis des minorités en quête de reconnaissance et d'acceptation.

En outre, il laisse une grande place à la diversité dans son roman car on retrouve aussi bien des personnes racisées, non genrées ou des marginaux. C'est réellement très appréciable. le texte est puissant. Il explore toute la complexité de la société qui cherche à étouffer ce qui fait pourtant sa force car la richesse des civilisations repose beaucoup sur ses différences. Il pointe donc du doigt ce formatage qui a enfermé notre monde dans un carcan normatif.

Dans Ni Dieux Ni Monstres, Cadwell Turnbull met la tolérance à l'épreuve de l'individualisme et des préjugés. On se confronte donc à la froideur et à la violence de ce monde impitoyable.

L'auteur en profite d'ailleurs pour mettre en exergue certains maux qui rongent l'Amérique comme les violences policières ôtant bien des vies. Un sujet de société majeur qui dépasse largement les frontières outre-Atalantique car la triste réalité est que la violence ne peut appeler que la violence.

En lisant Ni Dieux Ni Monstres, j'ai découvert une plume incisive et enflammée qui porte un univers tourmenté que j'ai hâte de retrouver. Plus sur Fantasy à la Carte


Lien : https://fantasyalacarte.blog..
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𝙅𝙚 𝙣'𝙖𝙞 𝙟𝙖𝙢𝙖𝙞𝙨 𝙧𝙚́𝙥𝙤𝙣𝙙𝙪 𝙖̀ 𝙘𝙚𝙩𝙩𝙚 𝙦𝙪𝙚𝙨𝙩𝙞𝙤𝙣.

Après la nouvelle que son frère Lincoln a été abattu par la police, Laina tombe sur une vidéo des faits. Elle découvre alors que son frère était un loup garou. À partir de ce moment, il n'est plus possible d'ignorer la vérité : les monstres existent.

Si le pitch du roman est assez accrocheur, il est aussi très partiel, ce qui peut rendre la découverte de ce roman assez déstabilisante. Je suis moi-même passé par une phase d'incertitude pendant ma lecture tant j'ai été surpris par la narration d'une part, et par le déroulé de l'histoire d'autre part.

Un des éléments un peu déroutant est le nombre important de personnages dont on suit le point de vue. Bien sûr c'est aussi ce qui donne de la densité au récit et à l'intrigue mais ça ne facilite par forcément l'immersion puisqu'il faut un peu de temps pour identifier qui est qui et être à l'aise dans l'histoire.

Le deuxième point, et c'est sûrement le plus important, c'est qu'il faut faire preuve d'un peu de lâcher prise pour aborder cette lecture. Il faut accepter de ne pas toujours comprendre où l'auteur veut nous emmener et lui faire confiance. Je ne vous cache pas qu'il reste des doutes et de l'incompréhension même à la fin du tome, mais d'une manière bien plus intrigante que frustrante.

D'une manière générale, c'est avant tout un roman qui parle de minorités (il y a énormément de représentation dans le roman), de préjugés, de lutte pour l'égalité mais aussi d'adelphité d'une certaine manière.

Il y a par contre un petit truc qui m'a embêté pendant toute ma lecture : l'utilisation du mot « monstre ». D'une manière générale, c'est un mot connoté très négativement et ça ne m'aurait pas forcément choqué plus que ça dans le contexte. Ce qui m'a surpris ici c'est que le mot semble justement utilisé sans réel jugement de valeur. J'ai trouvé ça un peu « perturbant » d'un point de vue sémantique. Je pars peut-être un peu loin mais je me dis que c'est peut-être une façon pour l'auteur de nous rappeler que les mots ont finalement le sens qu'on veut bien leur donner, et que c'est à nous d'apprendre à nous détacher de certains mots, de certaines étiquettes, pour nous libérer de leurs connotations limitantes.

Quoi qu'il en soit, je vous recommande cette lecture si vous aimez les romans un brin atypiques, à la narration qui peut sembler un peu chaotique mais qui est surtout très addictive. Pour ma part, c'est un grand oui et j'ai hâte de découvrir la suite de cette histoire.
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critiques presse (1)
Syfantasy
17 avril 2024
Le roman est un véritable bijou quand il aborde les émotions. Les mots posés par Cadwell Turnbull lorsqu’il parle de deuil, de remords ou de traumatismes sont d’une justesse et d’une profondeur incroyables. Les sentiments sont mis à nu de façon crue, humaine.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Harry a trop l'esprit scientifique pour s'avouer la solidité du lien entre l'intérêt qu'il porte aux motifs émergents et sa fascination pour les sociétés secrètes. Il n'aime pas utiliser les abeilles comme métaphore. Il déteste l'idée que ses obsessions ne sont pas purement intellectuelles. Mais aucune obsession n'est jamais purement intellectuelle.
À la vérité, il existe une physique de la paranoïa ; c'est intangible, la paranoïa, mais avec le temps ça prend corps, ça prend masse. Les sociétés secrètes sont les conséquences de la paranoïa et non ses causes. Quelqu'un d'autre sait ce qui se passe, se dit-on. Pourquoi pas moi ? Les théories complotistes, elles aussi, sont une conséquence : elles naissent lorsqu'on perçoit la chaleur. Impossible de dire combien d'évènements majeurs ont été précipités par cette cause spectrale qu'est la paranoïa, mais ils sont certainement très nombreux.
Tout ce qui est palpable peut se voir manipulé. Un devient dix, devient cent. Et, bientôt, le monde entier bat des ailes.
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