Aux interrogations sur la légitimité de sa démarche que se posent
Beata Umubyeyi Mairesse dans les toutes premières pages, il est indispensable de lui répondre en premier lieu : OUI, votre parole compte et vaut autant que tous les témoignages de victimes de génocide.
Le travail de mémoire est mouvant, en perpétuelle construction et chaque nouvel apport permet d'enrichir la compréhension de l'Histoire.
L'autrice est une rescapée du génocide commis contre les tutsis au Rwanda en 1994. Elle doit sa survie au sang froid extraordinaire dont elle a fait preuve en face des fois assassins venus chez sa mère pour les exécuter, et grâce à un convoi humanitaire organisé par l'organisation humanitaire suisse Terre des Hommes.
Dans son livre,
Beata Umubyeyi Mairesse retrace sa quête. Durant des années, elle va rechercher des photos, un reportage dans lequel elle apparaîtrait avec sa mère, des traces matériels de sa fuite du Rwanda. Des journalistes étaient présents durant
le convoi humanitaire, de nombreux autres enfants. Elle a besoin de comprendre comment tout s'est organisé, pourquoi elle a été sauvé.
Entre souvenirs personnels et témoignages de tiers, agrémentés par des échanges avec d'autres rescapés, l'autrice retrace pour nous la haine, la peur, la trahison et le courage.
Si j'ai trouvé le témoignage intéressant et la partie sur l'analyse du traitement du génocide par les médias occidentaux très riche, je regrette l'ensemble un peu brouillon. L'autrice se répète, elle revient plusieurs fois sur des mêmes faits. Cette construction ressemble aux recherches qu'elle a mené durant des années : ressasser les souvenirs, les analyser des dizaines de fois avancer puis trépigner d'impatience jusqu'à la prochaine information susceptible de l'amener à ce fameux documentaire de la BBC.