Cette uchronie nous emmène en Angleterre en pleine Seconde Guerre Mondiale. Bien décidé à contrer la volonté de
Churchill, Hitler entame une guerre d'usure en planifiant de nombreux raids aériens sur Londres, menés à la fois par des avions de combat et des dragons, ces derniers ayant un potentiel destructeur hors de contrôle. Pour veiller aux intérêts de la nation, le lieutenant de Kent initie son jeune fils de seize ans, Edward, au pilotage, au grand désarroi de son épouse qui redoute le pire. Témoins des tensions dans leur couple, Alexandra et le cadet Michael se protègent comme ils le peuvent des mauvaises nouvelles constamment transmises par la radio. Une succession d'événements dramatiques pousse leur mère à les envoyer en sécurité aux États-Unis, mais l'embargo maritime mis en place par les forces allemandes aura raison de leurs efforts, et Alexandra et Michael se retrouveront malgré eux au coeur des conflits.
Les illustrations de VAX nous transportent aisément dans cette Angleterre à la fois si semblable et si différente de celle que les livres d'Histoire nous enseignent. Ses efforts de réalisme portent leurs fruits ; ils nous livrent des portraits détaillés et des décors soignés, où les détails pullulent. Les dragons sont tout simplement magnifiques et il nous est facile de distinguer les différentes espèces au premier coup d'oeil, leurs spécificités étant renforcées par le travail de
Vincent POWELL sur les couleurs. Les jeux d'ombres et de lumières, les textures, les effets pyrotechniques, la mer, les nuages, l'expressivité des personnages et des créatures, tout a été pensé pour faire de cette lecture un formidable spectacle.
Côté scénario, certains points restent encore un peu dans le flou, comme l'origine du lien entre dragons et humains. Pourquoi choisir telle personne et non une autre ? Comment se décident-ils ? En sont-ils seulement capables ou le phénomène est-il régi par une force qui les dépasse ? Pourquoi contribuer ainsi à une guerre qui à priori ne les concerne en rien ?
Nicolas JARRY et
David COURTOIS nous offrent toutefois un récit clair, aux dialogues travaillés, le tout enrôlé dans une intrigue palpitante, dans cette relecture aux accents fantasy d'un conflit qui a marqué à jamais l'humanité. Sans que cela ne soit mis en avant par une déferlante de dates et de retranscriptions historiques, le travail de documentation sous-jacent est évident.
En grande amatrice de dragons depuis l'adolescence, me lancer dans cette aventure relevait de l'évidence et je n'ai pas été déçue du voyage. Une épopée aux saveurs de la saga « Téméraire » de
Naomi NOVIK, qui avait quant à elle privilégié la période des conquêtes napoléoniennes pour introduire ces créatures imaginaires dans notre Histoire. Ce premier tome est rythmé, mêlant action et réflexions autour de l'effort de guerre et des sacrifices auxquels il faut parfois consentir pour en ressortir victorieux. Si j'aurais apprécié de lire davantage d'anecdotes sur le passé d'Alexandra afin de mieux pouvoir la cerner au présent, ses dilemmes m'ont tout de même paru légitimes, tant vis-à-vis de son départ du domaine familial que de sa réticence à demander de l'aide à un animal aussi terrifiant que le dragon qui la piste depuis des mois et des mois. Bien que secondaire, le personnage de Taggart, le vieil écossais gardien du phare, est de loin mon préféré. Son côté bourru, à la fois écorché et chaleureux, m'a séduite et touchée. J'ai grandement apprécié d'en apprendre plus sur les événements qui l'ont amené à vivre aussi isolé du reste du monde.
Ce premier tome est sans conteste une très belle découverte, qui me pousse d'ores et déjà à m'intéresser aux dates de parutions des prochains volumes !
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