- Dieu a crée la peste et l'a rendue contagieuse. Il décide de ceux qui l'attraperont et de ceux qui survivront. Voilà pourquoi nous restons ici et tu devrais faire de même."
Il disait que Rembrandt ne peignait pas avec de la couleur, mais qu'il peignait avec la lumière.
- Voilà ce qui fascine les gens : les dragons, les cascades, les fleurs exotiques, les habitants du bout du monde. Les gens d'ici sont blasés des moulins à vent et des vaches, dis-je.
- Tu n'as peut-être pas tort...
[ Contre la peste ]
"Ail et clou de girofle ! affirme un client. Mâchez-en toute la journée pour vous protéger des vapeurs pestilentielles."
Un vieil homme explique qu'il faut recouvrir les bubons d'un cataplasme de levain, de fiente de pigeon, d'oignons, de figues, de bulbes de lys et huile de scorpion. ce produit est difficile à se procurer, il espère que l'apothicaire en aura.
Nous sommes tous voués à recevoir, tôt ou tard, notre part de malheur. La seule chose que nous pouvons espérer est qu'il se présente le plus tard possible, pour que nous puissions quand même goûter un peu au bonheur.
Je n’arrive pas à détourner les yeux du tableau sur lequel Rembrandt travaille. Sur la toile, une jeune femme me regarde. Ses yeux sont peints avec un tel réalisme qu’ils semblent me dévisager. Comment peut-on atteindre un tel degré de fidélité? C’est incroyable.
Van Rijn a semble-t-il remarqué ma fascination. Il se tourne vers moi.
« Il te plaît? »
D’abord totalement déstabilisée par cette question, je me ressaisis.
« Cette femme me donne l’impression de lire dans mon âme, de tout savoir sur moi. J’en ai des frissons. Et puis cette lumière et ces couleurs! C’est le plus beau tableau que j’aie jamais vu, monsieur. »
Un sourire se dessine sur le visage de Rembrandt.
« Tu aimes l’art? »
Vivre dans la peur, c'est vivre à moitié.
Quand on croit la comprendre, avec ses hauts et ses bas, quand on croit qu'elle ne nous surprendra plus, la vie prend parfois un tournant inattendu.
Quand elle avait un peu de temps, elle peignait avec du jus de betterave rouge sur des panneaux de bois qu'elle avait poncés. Elle pensait constamment à la peinture. Elle observait le monde comme on regarde un tableau, a-t-elle dit une fois. Le soleil qui illumine les prairies et les fossés, la ferme au milieu de la campagne, et même les bidons de lait dans la cour. Elle voyait des natures mortes partout autour d'elle. Mais elle n'avait ni temps ni matériel pour les réaliser.
"J'ai eu plusieurs maîtres. J'ai passé la première année chez l'un, puis deux chez l'autre, et encore un an chez un troisième. Ca n'a pas été facile de s'adapter, mais j'ai pu apprendre différentes techniques et développer plus facilement mon propre style.
- Un bon moyen de ne pas s'enfermer dans une seule façon de peindre..."