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4,2

sur 558 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'avais vu le film de Clint Eastwood issu du livre il y a une vingtaine d'années. J'ai voulu lire le livre afin de sentir s'il y avait quelque chose de plus que le cinéaste n'aurait pu retranscrire. Puis, sitôt ma lecture achevée, j'ai revu le film, car les souvenirs sont parfois capricieux et modifient ce qu'avait été notre perception.

Somme toute, je considère à présent que le film est, dans sa catégorie, mieux réussi que le livre, dans sa catégorie, en ayant pourtant puisé l'essentiel de lui. Selon moi, la différence a trait à l'esthétique : le film, via les images très soignées (cadrages, lumières, etc.), son rythme doux, apaisant (sauf dans les moments intenses), atteint un haut degré de raffinement esthétique, proche du lyrisme.

Le livre, quant à lui, prend délibérément le parti du minimalisme, c'est-à-dire, pas de recherche esthétique particulière autre que l'efficacité narrative et le scénario de l'histoire. La structure narrative du récit me semble très bien conduite mais je n'ai relevé aucun lyrisme dans les formules, aucune beauté particulière dans l'expression qui aurait concouru à générer une esthétique romanesque particulière.

Robert Waller a juste cherché à être simple et efficace, et il est simple et efficace : il a fait le job mais sans ce supplément d'âme qui fait qu'une écriture ne peut être portée à l'écran. Ce supplément d'âme, en littérature, cela s'appelle le style, or, dans sa catégorie, le film a, lui, du style, d'où sa supériorité d'après moi.

En ce qui concerne les différences dans le scénario, en revanche, je trouve que les choix effectués dans le film n'apportent strictement rien (rôle plus important des enfants de Francesca, création de personnages absents du roman, scènes de dispute entre Robert Kincaid et Francesca, remise du médaillon par Francesca, etc.). Tout ceci était franchement plus subtil dans le livre.

Donc, vous l'aurez compris, l'oeuvre de Robert Waller vaut, selon moi, principalement pour son scénario, simple, efficace, particulièrement bien construit. le rôle de la narration y est déterminant (avec différents narrateurs tous très discrets mais sacrément bien amenés, parfois c'est une lettre de Francesca ou de Robert Kincaid, parfois c'est un témoignage, parfois c'est l'auteur qui écrit « je » en tant qu'auteur, bref, toute une panoplie de fins artifices pour nous faire adhérer à son histoire). Les deux personnages principaux, bien que finalement assez rapidement esquissés, sont très crédibles. Et leur histoire d'amour, si elle possède une certaine forme de magie, cela tient au fait qu'elle n'a pas eu le temps de s'éroder naturellement comme toutes d'ordinaire s'érodent. En ce sens, la magie de la relation est elle aussi rendue crédible alors que sans cela, elle aurait été mièvre.

Sans vouloir trop en dévoiler pour ceux qui n'auraient ni vu ni lu cette histoire, sachez seulement qu'elle se déroule principalement sur quatre jours, dans un état rural des États-Unis en 1965. Une fermière de 45 ans, Francesca Johnson, voit débarquer chez elle un photographe du National Geographic, arrivant de l'autre bout du pays et venu spécialement pour un reportage sur les ponts couverts du Comté de Madison (le titre original rappelle davantage les titres du National Geographic : The Bridges of Madison County).

La famille de Francesca (mari et enfants) sont partis pour la semaine à un concours agricole situé loin de chez eux. Entre la fermière et le photographe venu demander où se situait le pont, une attirance mutuelle s'établit mais qui n'est pas sans poser quelques problèmes… Je m'en voudrais d'en dire davantage mais me permets d'insister sur le fait que ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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La vie est une vielle salope qu'il disait mon vieux… et ta mère fait partie de ma vie… le pauvre ne s'en est jamais remis, fou d'amour mais certainement trop con pour ne pas tout foirer, la vie use les gens, et l'amour tue les passions…

J'ai un pote à moi, anonyme parmi les nombreux trouducs qui peuplent de notre chère et tendre planète bleue, qui est venu me rendre visite il y a quelques mois pour me raconter son histoire triste à en crever toutes les larmes de son corps, d'une banalité tellement affligeante, qu'il ne ressemblait plus qu'à une petite fille paumée, toujours la goutte à l’œil, nostalgique d'un romantisme corrompu par ses illusions de princesse qui l'ont bercés durant toutes ses années, éduqué dans une fidélité éternelle érigée par les hommes imbus de leur personne…

Le vieux avait raison quand il disait que la vie était une salope, en tout égoïste que nous sommes, il y a toujours pire quelque part pour que tu restes fixer sur ton nombril à pleurer ta pathétique vie qui te pousse à croire que tu es seul au monde à en chier autant…

Mon pote a rencontré sa nana très jeune, trop jeune, trop immature, pour vivre une intense et passion dévorante qui t'orgasmerait jour et nuit dans une belle chambre d'hôtel, rendez-vous secret, interdit par la morale chrétienne , l'infidélité déchaine les passions, s'enivre des interdits, alors quand l'amour "s'emmêle" avec le désir éphémère de vivre sa vie sans les contraintes d'une routine mal baisée, d'une vie sclérosée, parfaite comme dans un "couple de fée" mais avec quinze piges dans la gueule, on cède à nos pulsions animales de jouir de nouveau avec érotisme et sensualité…

Alors il a déprimé pendant des mois, dans le déni volontaire, laissant cette belle brune aux cheveux ondulés, céder à écarter les cuisses pour un autre que lui… dans la joie et l'euphorie...

Pourtant ces deux là avaient appris à s'aimer durant toutes ces années, avec tendresse, amour conjugale, rire, fusionnels à en souffrir... mais les belles histoires ne sont pas immuables, les choses changent, évoluent, en bien ou en mal, et malgré tout l'amour, le temps, les contraintes usent nos désirs et attisent nos fantasmes…

On pourrait tous vivre milles histoires d'amour, belles, moins belles, il suffit d'une rencontre, de quelques affinités et puis ça arrive, enivré dans un déchainement de sentiments devenus une obsession, on se laisse vire ce que l'on a à vivre sans imaginer les conséquences, mensonges après mensonges, on s'enlise jusqu'aux aveux déchirants qui vous brisent l'amour propre, cette blessure narcissique qui vous cogne en pleine gueule, vous laissant un genou à terre, pleurant vos vieux rêves romantiques d'un passé révolu…

- Il n'y a aucun sens à donner à tout ça tu sais ? qu'il m'a dit
- Bah faut dire qu'elle est sacrément bonne aussi ta nana
- Ça me pendait à la bite ces conneries, mais baiser avec un autre branleur que moi, ça m'a foutu un coup dans la gueule, les imaginer s'amouracher dans la luxure, putain j'en chie
- du coup tu as fait quoi ?
- Je me suis remis à la branlette tiens, qu'est ce que tu veux que je philosophe sur l'amour, ça te tombe sur la gueule comme la giclée d'une branlette espagnole ces conneries .

Pas d'engueulades, pas de claques dans la gueule, ni de putes ou de salopes, juste de la tristesse, victime de la vie de couple, il n'y a rien à pardonner, il n'y a rien à regretter, on fait ce que l'on à faire dans la souffrance de l'un et l'euphorie du moment pour l'autre, peu importe les dommages collatéraux... parce que c'est bon d'aimer, c'est beau de s'épanouir dans les bras de quelqu'un qui vous obsède, de se libérer du poids du quotidien malgré les risques engendrés, l'orgasme en vaut le coup de bite, il n'y a pas de sens à chercher, des raisons on peut en trouver des millions, le résultat reste douloureux pour l'un ou l'autre, et même peut-être les deux… alors on fait quoi ?

Et bien on s'élève de toute sa maturité, de son vécu, de son expérience, on pardonne sans oublier, on comprend, on respecte cette brève histoire qui n'est pas la nôtre, la tristesse des uns et des autres, et on tente de se reconstruire à deux, ou seul, sans toutes ces promesses bidons d'une fidélité jusqu'à la mort, il faut saisir les opportunités, tenter, se chercher, donner un putain de sens à sa vie qui défile, avec le temps les seins vous tombent et les bites "s'affessent", et des fois l'amour ne suffit pas à satisfaire une belle histoire pleine de routine, il faut savoir aimer et s'abandonner sans regret, assumer ses choix pleinement dans l'insouciance du présent qui se conjugue trop vite au passé, à peine né et déjà enterré… La culpabilité est catholique et le libre arbitre est athée, chacun ses drames, ses envies, ses sentiments, rien n'est acquis ou invariable, on vit comme on peut, et ce qui doit arriver arrivera…

Une belle histoire pleine d'amour, la souffrance aussi grande soit-elle pour le uns fait souvent le bonheur des autres, la vie est une vieille salope indomptable qu'il faut savoir accepter, avec ses bons et ses mauvais côtés toujours en se regardant le nombril, parce que des fois on se sent bien seul malgré tout...

Du coup je l'ai serré bien fort dans mes bras mon pote, pour qu'il pleure cette belle histoire dont il n'est plus le héros…

A plus les copains…
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Il est difficile de dissocier ce roman de son adaptation cinématographique, tellement cette dernière est largement plus connue que le livre.
Difficile de ne pas avoir en tête la merveilleuse Meryl Streep lorsqu'on se plonge dans ce roman.
En lisant ce livre pour la première fois, j'ai eu envie de regarder à nouveau ce film que j'affectionne particulièrement. Meryl Streep, c' est Francesca. Francesca, c'est Meryl Streep. Ce rôle lui va à merveille. Mère et épouse d'une quarantaine d'années vivant dans une ferme dans l'Iowa, tombant amoureuse de l'énigmatique et charismatique Robert Kincaid, Francesca porte en elle toutes les promesses, tous les rêves d'un amour insensé, mais sans jamais cesser d'être cette femme pilier sur laquelle s'appuie son époux, terre à terre et ses deux enfants déjà bien grands.
C'est un personnage bouleversant, un amour bouleversant..

C'est une histoire d'amour triste et poignante.
Quand j'ai vu le film pour la première fois, j'ai amèrement regretté le choix de Francesca. J'ai pleuré à cause de ce choix.
Aujourd'hui, je pleure encore mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Je réalise à quel point il ne pouvait en être autrement.



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Encore un coup de poing livresque que je n'ai pas vu venir, m'attendant naïvement à une gentille bluette campagnarde.
Un soir d'Août 1965, Robert Kincaid se perd sur une route de l'Iowa et demande son chemin à Francesca Johnson, une fermière. Kincaid est un photographe qui fait un reportage sur les ponts couverts du comté de Madison, et Francesca est une épouse et mère dont la famille participe à une foire agricole dans l'Etat voisin. Et ils tombent amoureux, parce que c'était inévitable, parce qu'il ne pouvait pas en être autrement.

Que voilà un roman dense et douloureux ! En 150 pages, et sans s'embarrasser de chichis, d'un ton un peu sec, Robert James Waller raconte une passion amoureuse entre deux êtres ayant déjà vécu et que tout oppose. Kincaid a des airs de chaman, écolo avant l'heure, poète "mais" viril, passant pour un hippy avec ses cheveux dans le cou et ses sandales -mal vu par les ploucs locaux. Francesca est la ménagère-type de l'imagerie américaine, dévouée à sa famille, respectueuse des us et coutumes du voisinage, mais amputée de sa part de liberté que Kincaid lui offre sur un plateau. Un affreux dilemme se présente alors à elle : rester avec cette famille aimée mais pesante, qui l'ancre dans la terre, ou suivre cet homme aux semelles de vent et, à ses côtés, se réaliser et s'épanouir enfin ?
J'ai été très touchée par ce portrait de femme torturée, même si je n'ai pas ressenti de réelle sympathie pour les deux personnages -mais je pense que le propos de l'auteur est de nous faire davantage aimer le "nous" qu'ils forment, plutôt que ce qu'ils sont individuellement. Et ça, c'est bouleversant. J'ai rarement été émue à ce point par une histoire d'amour -quand les larmes jaillissent sans prévenir au détour d'une simple phrase.
Cependant, quelques lourdeurs narratives ont quelque peu gâché mon plaisir : j'ai trouvé maladroit le procédé qui consiste à raconter cette histoire sous forme d'enquête, menée par l'auteur et les enfants de Francesca ; quel intérêt ?

Je n'ai pas vu le film éponyme, et en regardant la bande-annonce après ma lecture, je m'en suis réjouie, car il me paraît moins intense et profond que ce récit incroyablement fort. Alors, que vous l'ayez vu ou pas, n'hésitez pas à (re-)découvrir cette histoire universelle qui parle forcément à chacun d'entre nous.
Attention à votre coeur, quand même.
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Ah, la moiteur de l'été dans l'Iowa! Ah, la rencontre fiévreuse de Francesca et Robert, ou de Meryl Streep et Clint Eastwood, si vous préférez, le film reflétant si fidèlement le roman...Un vertige d'émotions, une valse de promesses et de désillusions... Voilà ce que cette belle passion m'a insufflé...

Souviens-toi, Franscesca,
Ces jours fous de vertige
de frissons dans la chaleur de l'été
Notre danse de fièvre
Au soir des sortilèges
Ton visage ébloui
Au bord du pont couvert
Tous ces mots échappés, sincères
L'espoir de réinventer nos vies...
Il s'est cogné à la réalité
Tu as rejoint le sage quotidien
Mes yeux n'ont plus vibré des tiens
Les voyages d'oubli
Les photos d'ailleurs
Rien n'a pu t'effacer
Francesca, ma douceur
Je t'emporte à jamais
Dans les plis de mon coeur.

J'ai lu la suite " Retour à Madison", je n'aurais pas dû, la magie était perdue et on ne parle presque pas de Francesca... Reste cette magie, intemporelle!

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Le roman est bref. Mais l'histoire d'amour est à la fois courte, intense... et éternelle.

Le style m'a semblé un peu fade. Mais l'intrigue est piquante, relevée, unique dans ses ingrédients... et très belle.

De là provient peut-être une légère insatisfaction : j'aurais attendu une plume plus enlevée, plus enthousiaste, pour porter à ébullition l'émotion des amants, pour être totalement à l'unisson de leurs passions et états d'ame. L'écriture parait ici assez « froide », factuelle (volontairement, certainement), alors même qu'elle s'attache à nous décrire aussi bien la chaleur torride du climat que les violentes ardeurs des protagonistes !

Reste un beau point de vue sur l'Iowa rural des années 60 avec ses fermes, sa poussière, ses soleils, sa solitude, ses rivières et ses ponts (qui constituent d'ailleurs le titre original du roman, signant l'importance du cadre).

Et surtout s'impose à nous, nous frappant de plein fouet, dans toute sa rudesse, dans toute sa dureté, sa cruauté : un choix.
Le choix. Celui de toute une vie : opter entre la passion et l'amour familial.
Une décision qui touche autant à l'unique qu'à l'universel. Un dilemne que la littérature a certes décliné sous de multiples formes... mais pas encore sous celle de Francesca et Robert !

Un livre qu'on lira sans doute différemment selon notre avancée dans notre propre parcours de vie ?
Il peut laisser une impression vaguement douloureuse, devant notre impuissance à concilier l'inconciliable, et à prendre - voire même, surtout, à définir ! - une « bonne » décision.
Un beau roman, une belle histoire !
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Ne pas lire ce livre pendant le quart d'heure lecture, au cas où les larmes vous viendraient aux yeux. Je ne parle pas tant de la partie "passion", ces quelques jours qu'ils ont passé ensemble, je pense plutôt à l'avant et à l'après - l'avant, ce moment qui nous préparent au récit, et l'après, quand la vie quotidienne reprend le dessus, quand des rituels sont mis en place pour se souvenir, quand certaines actions ne sont pas vraiment comprises par les proches, même si ceux-ci, justement, ont autre chose à faire qu'être proches. 
Francesca est une femme qui, au départ, n'a pas un destin ordinaire, elle a quitté l'Italie pour les Etats-Unis, suivant un beau G.I. qui lui promettait... quoi ? Une vie bien tranquille au fin fond de l'Iowa ? Peut-être pas. Alors oui, là-bas, les gens sont gentils, ils se préoccupent de toi, mais ils sont aussi très bavards, et ne se préoccupent pas tellement de la culture, pour ne pas dire pas du tout. Francesca en souffre-t-elle ? Oui, un peu, malgré tout. Comme elle ne peut pas vraiment avouer qu'elle ne comprend pas les goûts et les choix de son mari et de ses enfants. 
Aussi la rencontre avec Robert Kincaid, écrivain-reporter est-elle ... hors du temps, de son temps, de ce quotidien. Alors oui, la fin est connue, mais pouvait-il en être autrement ? Je ne le pense pas. 
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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J'ai retrouvé Robert Kincaid et Francesca Johnson dans ce roman qui fut adapté au cinéma avec Meryl Streep et Clint Eastwood et qui est devenu ce que j'appelle un de mes films "doudou"...

Très curieuse de découvrir ce qu'il en était du roman original, allais-je être autant émue, autant transportée par cette histoire de rencontre de deux êtres, de cet amour bref, intense et éternel.... Et bien je ne suis pas déçue (mais je le suis rarement par les oeuvres originelles et j'ai autant aimé si ce n'est plus que le film (et ce n'est pas peu dire). Je développe.....

Quatre jours d'un amour fou, inexplicable que l'on pourrait résumer avec la citation de Montaigne : "Parce que c'était lui, parce que c'était moi"  un amour improbable entre deux êtres que rien n'aurait dû rapprocher si ce n'est la recherche d'un septième pont couvert que Robert, photographe entre autre pour le National geographic, doit fixer sur la pellicule pour son reportage et qu'il ne trouve pas.

"Et me voilà tournant autour de cette autre personne à l'intérieur de moi. Bien que je croie avoir été plus juste en disant, le jour où nous nous sommes séparés, que nous avions créé tous les deux une troisième personne, laquelle désormais m'accompagne (p34)"

A la différence du film, c'est l'auteur lui-même qui explique comment il a eu connaissance de cette histoire d'amour et j'ai trouvé que les caractères des deux personnages étaient beaucoup plus approfondis, expliquant encore plus l'attitude de chacun et en particulier pour Francesca, napolitaine de naissance mais américaine par le mariage, la quarantaine, qui s'est laissée engloutir dans son rôle de femme et de mère, ayant renoncé à être professeur de littérature :

"Les gens du comté de Madison aimaient à dire, pour lutter contre leur propre sentiment d'infériorité culturelle : "C'est un bon endroit pour élever des enfants." Et elle avait toujours envie de leur répondre : "Mais est-ce un bon endroit pour élever des adultes ?"(p74)"

où elle étouffe, où elle s'oublie et souffre d'être invisible dans le foyer, d'être passée à coté de sa vie,  de la mentalité ambiante, des regards et suspicions environnantes. Richard, la cinquantaine, lui a parcouru le monde, il s'est construit par ses voyages, ses regards, c'est un être d'une rare sensibilité sous un aspect sec, fermé et instinctivement Francesca discernera en lui ce qui lui manque tant :

"Tu avais raison. C'est ce que tu sens, tu sens le voyage. Tu es dans cette fissure où l'illusion rencontre la réalité, là-bas sur la route et la route c'est toi (p130)"

Il est le reflet d'une vie qu'elle avait espérée, il est son double, celui qui la comprend mais met également en évidence ce qu'elle cache au fond d'elle mais qu'elle n'a jamais pensé un jour révéler;

Tout les oppose : elle est mariée, vit en milieu rural,  elle est mère, lui est libre, parcourt le monde, elle est immobile dans sa vie, lui voyage, elle est fougueuse, il est silencieux mais par leurs regards, leurs gestes ils se sont trouvés, reconnus.

J'ai aimé les voir se humer, s'attirer, s'aimer, être déchirés entre amour et raison, entre passion et responsabilité, être fidèles au-delà du temps à ces quatre jours d'amour. le livre fait encore plus ressentir que dans le film, le lien qui les unissait. Les enfants jouent un rôle beaucoup plus annexe que dans l'adaptation car finalement il n'y a que deux personnes tout au long de ce récit, c'est leur histoire et celle d'un amour total et sensuel.

L'auteur, après une brève introduction et deux chapitres de présentation des protagonistes, s'attache plus au ressenti de Francesca et c'est surtout à travers elle que nous vivrons ces quatre jours qui ont bouleversé à jamais leurs vies. 

J'ai aimé la juste transcription des divers sentiments qui habitent Francesca et leur évolution, ne remettant jamais en cause son mariage même si celui-ci n'a pas correspondu à ses attentes, aux promesses faites et Richard qui accepte ses décisions, sans jugement, respectueux de ses choix. L'auteur imprègne son récit de sensualité, d'odeurs, d'images, de chaleur. Si je n'avais pas déjà vu le film X fois je n'aurai qu'une envie le voir tellement l'écriture est concise, descriptive (mais cela ne m'empêchera pas de le revoir mais en ayant en tête le roman) se contentant de relater une histoire d'amour mais en y mettant profondeur et beauté.

Je garderai au fond de moi et pour longtemps les anniversaires de Francesca, les petits objets de sa vie de tous les jours qui sont restés ses "totems", qui lui ont permis de continuer, de tenir avant d'enfin pouvoir rejoindre, enfin, celui qui l'attend.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Quatre jours en apnée hors du temps.
Quatre jours dans la vie de Francesca et Robert. Au milieu des grandes plaines agricoles de l'Iowa, Robert, photographe bourlingueur solitaire, est à la recherche des ponts couverts pour un reportage. Francesca, fermière est restée seule pendant la courte absence de sa famille. Elle le renseigne, le guide puis l'invite.
Au début des années 60, Robert se voit comme l'un des derniers cowboys, cet héros condamné par la modernité. Francesca n'est pas malheureuse, pas heureuse non plus.  Une vie faite de renoncements, de compromis, un vague ennui.
Portée par une sensualité et un érotisme installés dans le silence et la torpeur d'un été étouffant la rencontre est faite de petits riens, de retenue, de connivence aussi avant d' atteindre la plénitude portée à son acmé.
Le décor rural banal où la poésie surannée des ponts couverts à l'écart des grandes voies installe un décor intemporel.
J'ai longtemps négligé cette lecture « Best-seller à l'eau de rose adapté par le cinéma avec réussite" . Voilà ce que j'avais retenu. Je ne saurais dire si ce roman est littérairement meilleur ou pire que d' autres romans de gare.
En dépit d'un texte larmoyant trop démonstratif où trop est dit, expliqué et surligné, le charme opère. L'émotion est intacte et l'alchimie fonctionne . On vit avec Francesca. On comprend Francesca. On s'identifie à Francesca.
"Elle aurait voulu que ce moment ne s'arrête jamais. Écouter des vieilles chansons, danser, sentir son corps contre le sien, encore et toujours". 
Reste à prolonger la lecture avec les intonations jazzy de Johnny Hartman , la BO du film.
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Il y a de cela plus d'une décennie, dans ma jeunesse, j'ai vu l'adaptation de Clint Eastwood avec Meryl Streep, très beau film qui m'avait émue aux larmes ! le roman dormait depuis plusieurs années sur mon étagère quand je me suis enfin décidée à le découvrir... Robert-James Waller est un écrivain américain à succès ; ce roman s'est vendu à plus de soixante millions d'exemplaires.

En 1965, le photographe Robert Kincaid, un cinquantenaire solitaire, avide de voyages et de nature, est envoyé dans l'Iowa pour réaliser un reportage sur les ponts couverts du comté de Madison. Il s'arrête pour demander son chemin et fait ainsi la connaissance de Francesca, une femme mariée de quarante-cinq ans qui mène une vie rangée un peu terne. Issue d'une famille italienne traditionaliste, elle a abandonné son métier d'enseignante et son pays pour suivre Richard et le seconder à la ferme. C'est un mariage de raison davantage qu'un mariage d'amour. La rencontre de Francesca et Robert est très forte, mais ils ne disposent que de quatre jours pour se découvrir et s'aimer, avant le retour de la famille de Francesca.

L'auteur, Robert James Waller, présente cette histoire comme véridique. de brefs chapitres nous donnent à voir tantôt les pensées de Robert, tantôt celles de Francesca, jouant habilement d'anticipations intrigantes et de retours en arrière éloquents.

Le film est très fidèle au roman, reproduisant paroles et sentiments au mot près. Mais justement, j'attendais davantage du récit : plonger plus intimement dans la vie de chacun et surtout, au coeur de ces fameux quatre jours qui ont changé la vie de Robert et Francesca. Or, le narrateur s'attarde plus sur les prémices de leurs relations, leurs premiers échanges, que sur leur histoire d'amour. La tirade d'adieu de Francesca, longue et bien construite, ne paraît cependant pas crédible et confine un peu à la naïveté. Il me semble que le film restitue avec plus de puissance la profondeur de leurs sentiments tout en restant dans la retenue. Ceci dit, je lis peu de romances, je ne suis donc pas vraiment apte à juger.

Si la figure centrale de Robert Kincaid est fascinante, celle de Francesca reste un peu trop en retrait à mon goût. En effet, Robert se considère comme le dernier cow-boy, comme une espèce en voie de disparition dans un monde de plus en plus déshumanisé, où la machine commence à remplacer l'homme. Son art ne correspond pas non plus aux attentes du plus grand nombre, aussi doit-il accepter de temps à autre, de se conformer aux goûts du public pour survivre, tout en gardant jalousement les clichés que le magazine a refusés. Au contraire, le personnage de Francesca est peu décrit ; tout juste devine-t-on un quotidien frustrant, sans plus. Peut-être que l'auteur a justement tiré parti de son propre vécu - il est également photographe et musicien, les deux passions de Kincaid-, donnant corps au personnage tout en éclipsant Francesca.

Il n'en reste pas moins que c'est une histoire magnifique, bien qu'elle souffre de sa brièveté et de son rythme. Mais en tout cas, il m'a donné envie de retrouver l'atmosphère chaude et envoûtante de l'Iowa dans le film de Clint Eastwood !
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