Attention !!! Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donnent rendez-vous chaque samedi à 14h00 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
Norferville de Franck Thilliez aux éditions Fleuve Noir
https://www.lagriffenoire.com/norferville.html
J'avais une maison à Los Angeles de Dany Jucaud aux éditions Stock
https://www.lagriffenoire.com/j-avais-une-maison-a-los-angeles.html
Darwin - le dernier chapitre de Michel Moatti aux éditions Hervé Chopin
https://www.lagriffenoire.com/darwin-le-dernier-chapitre.html
Retour à Whitechapel de Michel Moatti et Stéphane Durand-Souffland aux éditions 10-18
https://www.lagriffenoire.com/retour-a-whitechapel-1.html
Imaginer Calder de Géraldine Jeffroy aux éditions Arléa
https://www.lagriffenoire.com/imaginer-calder.html
Grâce à toi papa de Kobi Yamada et Natalie Russell aux éditions le lotus et l'éléphant
https://www.lagriffenoire.com/grace-a-toi-papa.html
Grâce à toi maman de Kobi Yamada et Natalie Russell aux éditions le lotus et l'éléphant
https://www.lagriffenoire.com/grace-a-toi-maman.html
Journal intime de mon coeur de Clémentine du Pontavice et Ghada Hatem-Gantzer aux éditions EDL
https://www.lagriffenoire.com/journal-intime-de-mon-coeur.html
L'Origine des larmes de Jean-Paul Dubois aux éditions de l'Olivier
https://www.lagriffenoire.com/l-origine-des-larmes.html
Marie-Antoinette de Charles-Éloi Vial aux éditions Perrin
https://www.lagriffenoire.com/marie-antoinette-9.html
Les lieux du pouvoir: Histoire secrète et intime de la politiqueDe Collectif et Sébastien le Fol aux éditions Perrin
https://www.lagriffenoire.com/les-lieux-du-pouvoir-une-histoire-secrete-et-intime-de-la-politique.html
Salazar: le dictateur énigmatique de Yves Léonard aux éditions Perrin
https://www.lagriffenoire.com/salazar-le-dictateur-enigmatique.html
L'ogre maigre de Sophie Chérer et Émilie Sandoval aux éditions Neuf Poche
https://www.lagriffenoire.com/l-ogre-maigre.html
Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com
Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv
Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n...
Vos libraires passionnés,
Gérard Collard & Jean-Edgar Casel
#editionsfleuvenoir #editionsstock #editionshervechopin #editions1018 #editionsarlea #editionslelotusetlelephant #editionsdelolivier #editionsperrin #editionsneufpoche
+ Lire la suite
Je réclame le droit à la paresse, au bonheur et à la dépression.
Bibliobs - août 2016
Telle était ma famille de l'époque, déplaisante, surannée, réactionnaire, terriblement triste. En un mot, française. Elle ressemblait à ce pays qui s'estimait heureux d'être encore en vie, ayant surmonté sa honte et sa pauvreté. Un pays maintenant assez riche pour mépriser ses paysans, en faire des ouvriers et leur construire des villes absurdes constituées d'immeubles à la laideur fonctionnelle.
CHARLES DE GAULLE (4 octobre 1958 — 28 avril 1969).
— Putain, ça pue l'ail.
— Quoi, tes doigts ?
— Non, ma bite. J'ai la bite qui pue l'ail, à mort. C'est à cause du rôti, de ce putain de rôti.
— Quel rôti ?
Et là, David Rochas, quatorze ans, élève de 4e A au lycée Pierre-de-Fermat me raconta comment depuis près d'une année il s'enfilait jusqu'à la garde tous les rôtis de bœuf que Mme Rochas, sa mère, faisait préparer et larder, deux fois par semaine, par M. Pierre Aymar, chef de comptoir à la Boucherie Centrale. David m'expliquait tout cela d'une voix tranquille et posée, un peu à la façon d'un cuisinier qui vous livrerait les rudiments de l'une de ses préparations. « D'abord je le sors du frigo une ou deux heures avant pour qu'il soit à une température normale, tu vois. Ensuite, je prends un couteau assez large et je fais une entaille, bien au milieu du rôti, pile au centre. Pas trop large non plus, juste comme il faut. Ensuite, je met le tablier, je baisse mon froc et la partie peut commencer. Sauf que souvent, ma putain de mère, elle fourre le rôti avec de l'ail. Alors quand je tombe sur une gousse et que je m'y frotte dessus, j'ai la bite qui pue pendant deux jours. Quoi, qu'est-ce que tu as ? C'est l'ail qui te dégoûte ? On dirait que tu viens de voir le diable. »
Ce que je venais de voir était bien plus impressionnant : mon meilleur ami, demi de mêlée et futur capitaine de l'équipe de rugby, debout dans la cuisine, un couteau à la main, la queue affamée et ardente, besognant le rôti familial taillé avec expertise dans les meilleurs morceaux d'un bœuf, servi le soir même accompagné de haricots verts et de pommes dauphine. Je connaissais bien ce plat. Je l'avais à plusieurs reprises partagé avec les Rochas.
— Tu baises le rôti de ta mère ?
J'ai toujours été athée et la religion, quelle qu'elle soit, n'est pas pour moi un concept négociable. Partout, j'avais vu la vermine de la croyance et de la foi grignoter les humains, les rendre fous, les humilier, les rabaisser, les ramener au statut d'animaux de ménagerie. L'idée de Dieu était la pire des choses que l'homme eût jamais inventées. Je la jugeais inutile, déplacée, vaine et indigne d'une espèce que l'instinct et l'évolution avaient fait se dresser sur ses pattes arrière mais qui, face à l'effroi du trou, n'avait pas longtemps résisté à la tentation de se remettre à genoux. De s'inventer un maître, un dresseur, un gourou, un comptable. Pour lui confier les intérêts de sa vie et la gestion de son trépas, son âme et son au-delà.
FRANÇOIS MITTERRAND (I) (21 mai 1981 — 7 mai 1988)
Le temps libre que je cultive hors de l’écriture m’est précieux : quand je ne fais rien, je sais que mon cerveau scanne le moindre détail avec attention. Disposer de temps permet d’être attentif, de réfléchir aux choses essentielles de la vie, et le temps à perdre dans ces cas-là nous enrichit de manière considérable. Ne rien faire, c’est réparer, gagner une autonomie intellectuelle, manuelle, etc. C’est une forme d’indépendance de l’usage du monde, une arme fatale, qui change le rapport aux autres.
Le Monde - 3 février 2017
La détention allonge les jours, distend les nuits, étire les heures, donne au temps une consistance pâteuse, vaguement écœurante.
"Tu vois, cette tristesse-là, je ne suis pas capable de t'expliquer d'où elle vient. Des fois, je ne pense à rien, je regarde des crayons posés sur une table, ou un téléphone qui ne sonne pas, ou une voiture qui passe, enfin je surveille d'un oeil des choses qui ne veulent rien dire. Et tout d'un coup, tu vois, je ne sais pas pourquoi, mais ça vient, je me sens devenir triste."
"Il ne faut jamais se tromper de vie. Il n'existe pas de marche arrière".
Le bonheur, c’est d’être auprès de quelqu’un à qui l’on tient, dans un endroit où l’on est bien, dont on n’a pas envie de partir. Trouver sa place sur cette terre et y rester en vie. Être présent, simplement. Offrir du réconfort et savoir que l’on peut en espérer. Aimer l’autre pour sa chaleur, son corps, son odeur. Et, bon dieu, ne pas voir le jour se lever en se disant qu’on voudrait être ailleurs.
La mort de Vincent nous a amputés d'une partie de nos vies et d'un certain nombre de sentiments essentiels. Elle a profondément modifié le visage de ma mère au point de lui donner en quelques mois les traits d'une inconnue. Dans le même temps, son corps s'est décharné, creusé, comme aspiré par un grand vide intérieur. La disparition de Vincent a aussi paralysé tous ses gestes de tendresse. Jusque là si affectueuse, ma mère s'est transformée en une sorte de marâtre indifférente et distante. Mon père, autrefois si disert, si enjoué, s'est muré dans la tristesse, le silence, et nos repas, jadis exubérants, ont ressemblé à des dîners de gisants. Oui, après 1958, le bonheur nous quitta, ensemble et séparément, et, à table, nous laissâmes aux speakers de la télévision le soin de meubler notre deuil.