C'est facile de suggérer le "bon choix" lorsque ce n'est pas à soi de le faire.
Le souvenir de ma mère a envahi mon esprit, telle une vague fracassée sur la rive.
Nietzsche avait raison lorsqu’il disait qu’à force de plonger trop longtemps notre regard dans l’abîme, c’est l’abîme qui entre en nous. Ces abîmes silencieux ont capturé une part de moi ce jour-là. Un petit morceau de mon être qui s’est perdu tout au fond de l’océan, comme le corps de ma mère englouti à jamais. Ma fascination surpassait ma terreur. Je venais de découvrir qu’un autre monde gisait sous mes pieds ; un univers impitoyable
L'appel de l'eau chantera toujours pour moi.
Un jour, peut-être, je finirai par lui céder.
Un jour, peut-être, je plongerai.
La mort n'est rien d'autre qu'une immense négation. Une absence de tout.
Je contemplais l'étendue sans fin de l'océan, et j'y décelais un monde caché loin du regard des hommes, loin des étoiles et de la lumière du soleil, un monde remplis de mystères formidables et d'abysses sans fond qui ne demandaient qu'à être découverts, explorés, rêvés. Un monde plein de possibilités. Plus que la surface ne m'en offrirait jamais.
Ma mère était différente, parce que là où les autres mères voyaient l'avenir, elle voyait la mort
Toutes ensemble, les îles de l'archipel forment des sommets émergés d'une immense chaîne volcanique longue de mille kilomètres, dont les racines se perdent dans les entrailles de la fosse.
L’homme ne dit pas un mot de plus. Il saisit le garçon par les épaules et fracasse sa tête contre le mur de béton. En temps normal, un coup d’une telle violence suffirait à assommer n’importe qui. Mais l’adolescent a la malchance de rester conscient. Alors, l’homme abat son poing sur lui, encore et encore, jusqu’à ce qu’il s’effondre face contre terre, le visage en charpie.
Quelque chose s'est accroché à moi ce jour-là. Une horreur du vide, un vertige de l'esprit. La plupart des enfants craignent les démons endormis sous leur lit. Moi, je craignais le monde endormi sous la surface. Cette eau grise et glaciale, ce relief torturé de crevasses, d'à-pics et de pitons rocheux, abandonnés là, brisés tels les restes d'une cité colossale ...