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Marie Chabin (Traducteur)
EAN : 9782330186470
Gaïa (07/02/2024)
4.3/5   196 notes
Résumé :
La biologiste Inti Flynn mène un programme de réintroduction des loups dans les Highlands écossais, où la
présence de l’animal doit permettre de restaurer un écosystème en crise. La jeune femme est rapidement confrontée à l’hostilité des locaux, qui continuent de percevoir le prédateur comme un nuisible et n’hésiteront pas à faire feu pour protéger leur bétail. Quand Inti découvre le cadavre mutilé d’un éleveur, quelques jours après avoir relâché les première... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (40) Voir plus Ajouter une critique
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sur 196 notes
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Attention, ceci est un coup de coeur, que je dois à mes chères libraires préférées, pour évoquer un sublime roman.
Je pleure encore la beauté du monde, déjà le titre est une invitation. La magnifique illustration sur la première de couverture, l'est aussi. Mais cela ne suffit pas. Alors ouvrons le livre et laissons-nous être emporté dans la canopée des pages.
Nous faisons la connaissance avec Inti Flynn, une jeune biologiste, arrivée en Écosse pour diriger une équipe de scientifiques chargés de conduire un programme de réinsertion du loup dans les Highlands écossais. Elle vit avec sa soeur jumelle Aggie, devenue muette. Plus tard, on le saura pourquoi et comment.
Elles forment toutes deux un duo émouvant.
Inti a la particularité d'être affectée d'un syndrome de « synesthésie visuo-tactile » qui lui fait ressentir dans sa chair toutes les sensations vécues par ceux qu'elle observe, animaux inclus. Peut-être surtout les animaux d'ailleurs... Cela nous vaut dès l'incipit la puissance d'une scène sidérante :
« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas du ventre. »
C'est ainsi qu'encore enfant et voyant son père dépecer un lapin sous ses yeux, Inti comprend cette anormalité et l'accueille comme un don autant qu'une malédiction, cette scène  lui infligeant, sans le savoir, la même souffrance physique que l'animal.
La synesthésie visuo-tactile qui touche la jeune biologiste sera alors pour elle l'anomalie bienveillante, cette différence capable de jeter des ponts vers la souffrance animale.
Forcément, les efforts d'Inti pour réensauvager la nature meurtrie se heurtent rapidement à l'hostilité des locaux, notamment des éleveurs inquiets pour leur sécurité et celle de leur bétail.
Mais l'introduction du loup était nécessaire à l'équilibre de l'écosystème, aujourd'hui menacé par la multiplication des herbivores qui réduisent la végétation. Alors, face aux incompréhensions, l'enjeu de cette bataille entre court et long terme devient aussi la toile de fond de ce roman. C'est la lutte d'un territoire sauvage qui se bat pour sa survie contre un monde totalement domestiqué et exploité par l'homme.
Bientôt un drame va survenir...
De l'Australie à l'Écosse en passant par la Colombie Britannique et l'Alaska, Charlotte McConaghy nous invite à un voyage entre nature writing et thriller. C'est une subtile oscillation entre drame intimiste, poème naturaliste et thriller écologique.
L'écriture est incroyablement belle, les personnages sont saisissants de vérité, profondément touchants, même ceux qui pourraient nous irriter le poil.
Ici, le territoire des Highlands écossais joue un rôle central, les forêts en souffrance aussi et les loups qui y trouvent refuge.
Une sensation vorace m'a englouti dans ce roman addictif. J'ai été happé dans la nasse du récit où est venu s'entremêler à ma lecture le hurlement poignant d'une louve qui appelle son compagnon disparu, bientôt imitée par toute la meute.
Ce livre nous parle de femmes, de soeurs, de loups, de prédateurs, de blessures indélébiles et peut-être surtout ce livre nous parle d'amour.
Usant des codes du thriller pour dénoncer les hommes qui malmènent la nature et les femmes, ce roman addictif peut aussi se lire comme un polar écoféministe assumé.
Je pleure encore la beauté du monde est un magnifique roman de violences, d'amour et de rédemption qui m'a traversé de part en part. Moi aussi j'ai envie de pleurer la beauté du monde après cette lecture.
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Je ne vais pas hurler avec les loups, puisque je me retrouve un peut toute seule à faire ma ronchon sur ce livre, je vais donc pousser un petit solo ! Ahouuuuu ! Ahouuuuuu !
Voilà qui me fait du bien (peut-être un peu moins à vos oreilles) !
Incursion au pays des loups … en terre écossaise.
Oui, cette association ne vient pas immédiatement à l'esprit. Pourtant, un véritable programme de réintroduction des loups avait été initié en 2021 dans le pays (probablement interrompu par le covid).
Dans le roman de Charlotte McConaghy, Inti Flynn, responsable du Cairngorms Wolf Project, s'installe ainsi dans les Highlands avec cet objectif. Avec son équipe, elle va oeuvrer à la réintroduction de plusieurs meutes de loups, mais elle va se heurter à la réticence de la population paysanne locale et aux éleveurs de moutons.
J'ai apprécié les descriptions du travail d'Inti qui doit sans cesse composer entre intervention humaine et un certain laisser faire pour préserver le côté sauvage des loups.
Tout cet aspect du roman, cette fable écologiste est réussi et m'a vraiment beaucoup plu.
Mais, il y a un mais, l'autrice a voulu accoler à cette histoire beaucoup trop d'autres sujets à mon sens, et qui trop embrasse mal étreint… Ainsi viennent se mêler les violences faites aux femmes, des meurtres, une histoire d'amour, des flashbacks… et là ça part un peu trop dans tous les sens.
Le bouquet final m'a semblé un grand feu d'artifice de n'importe quoi et mon plaisir de lecture est retombé comme un soufflé à la lecture des multiples invraisemblances…
Dommage, Charlotte McConaghy aurait pu s'en tenir à son premier sujet qui se suffisait amplement à lui-même.
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« On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux, de la gorge jusqu'au bas ventre. »

Je vous promets, que cette première phrase m'a percuté en plein coeur. Rapidement j'ai compris qu'Inti Flynn, souffrait d'une affection neurologique. La synesthésie visuo-tactile. Son cerveau recrée les expériences sensorielles des créatures vivantes, de tous les êtres humains et parfois même des animaux. « Quand je vois, je ressens, et pendant quelques instants, je suis les autres, eux et moi ne faisons qu'un et leur douleur ou leur plaisir est le mien. » Ce jour-là son père leur apprenait à dépouiller un lapin.

Durant seize ans, Aggie et Inti, passaient tous les ans deux mois chez leur père, dans sa forêt. C'était leur vrai maison, l'endroit où elles se sentaient chez elles. Des paysages qui donnaient du sens à la vie d'Inti, enfant elle croyait que les arbres de cette forêt étaient leur famille. Vancouver, un long voyage de chez leur père, ancien-bûcheron-changé-en-homme-des-bois-naturaliste, jusqu'à Sydney, là où vivait leur mère, inspectrice de la brigade criminelle,dure à cuire et citadine invétérée.

Après des années d'étude, Inti, devenue biologiste ainsi que trois de ses compagnons, spécialistes des loups, sont en charge du programme de leur réintroduction. Ils essaient d'expliquer à la population, que trois enclos abritant quatorze loups qui viennent de Colombie Britannique ont été installés à l'intérieur du parc national des Cairngorms et qu'à la fin de l'hiver, ces loups quitteront leurs enclos pour vivre en liberté dans les Highlands écossais. Ils sont là à titre expérimentale, dans le cadre d'un programme de re naturalisation qui participera plus globalement à freiner le réchauffement climatique.

Allez faire comprendre ça à des habitants qui ont d'immenses troupeaux de moutons en liberté, les locaux craignent aussi pour leur sécurité. Depuis plusieurs siècles, les loups ont disparu, traqué par les hommes, ils ont été supprimés jusqu'au dernier. de revoir ces fauves, ne ravit personne. Des tensions très fortes vont diviser ce coin si tranquille.

Quand Inti, découvrira le corps atrocement mutilé d'un éleveur quelques jours après avoir relâché les premiers loups dans la forêt, elle comprend que les coupables seront vite désignés. Sans réfléchir, elle fait disparaître le cadavre. Mais si les loups n'ont rien à voir avec tout ça, quel monstre rôde donc dans les forêts ?

Je pleure encore la beauté du monde de Charlotte McConaghy, est un très beau livre sur la nature, les loups, la relation très forte et intime entre les deux soeurs. J'aurais voulu mettre tant choses, mais découvrez-le plutôt. Il est magnifique. L'autrice en parle tellement bien, on a l'impression de l'accompagner, dans ces forêts et de vivre un peu avec les loups. Bien sur ce n'est que mon simple avis.
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Et voilà ce livre terminé, avec la phrase leitmotiv qui me revient en tête : "l'infini mystère des loups".

Nous suivons à travers ce roman, à travers les paysages de l'Écosse, entre montagne et forêts, les efforts d'Inti et de son équipe pour réimplanter des loups. L'idée est de tester si la présence des loups a pour effet de dynamiser la croissance de la végétation, et de ramener de la biodiversité dans ces montagnes esseulées, ces plaines plutôt dédiées aux moutons. Il est vrai qu'auprès des éleveurs l'affaire ne sera en rien facile, encore moins acquise. Inti et ses collaborateurs sont prévenus : si un seul loup attaque le bétail, les fermiers organiseront une battue et les tueront tous.

Mais Inti n'est pas femme à s'en laisser conter, et surtout, il y a bien longtemps qu'elle a tourné le dos à sa propre espèce pour suivre l'appel de la forêt, qui résonnait pour elle, pour élever ces meutes, les suivre, les étudier et les protéger. En saurons-nous plus sur cet animal mythique ? Bien sûr, nous ne serons pas déçus, car nous apprendrons à connaître la plupart d'entre eux, à nous prendre de sympathie pour eux, ces bêtes souples et furtives qui chassent le daim. Nos nuits n'ont qu'à tendre l'oreille pour percevoir, lointain, le hurlement d'appel ou de regret. le roman s'émaille de rencontres infimes ou magiques avec la meute, surtout celle de Cendre et de ses louveteaux. Mais chut... Ne faut-il pas s'habituer à les appeler d'un numéro, pour garder la distance nécessaire ? Regardez donc ces yeux jaunes et demandez-vous si vous pouvez les oublier, vous en défaire...

Mais que peut-il arriver lorsqu'un homme est attaqué de nuit, avec des blessures horribles qui rappellent fort une certaine dentition inexorable ? C'était certes un homme mauvais, qui cognait sur sa femme, mais que faire ? Comment empêcher la contagion et protéger ce qui peut l'être encore, bêtes et humains ? Comment se battre lorsqu'on souffre au-delà du sensible de tout ce qui est fait à tous ? Lorsqu'on se débat encore avec une enfance au goût sauvage mais si douce et forte, avec les traumatismes du passé, qui ont meurtri sa soeur jumelle Aggie au-delà de la conscience ? Comment accepter d'aimer et de faire confiance ?

Inti découvrira certaines de ces réponses dans ce grand roman d'aventure au souffle poétique, à la langue puissante ; peut-être la façon d'exprimer les sensations d'autres qui deviennent les siennes est-elle un peu systématique - c'est la seule chose en quoi le texte manque parfois de subtilité, d'autant plus que le profil cognitif de la jeune femme se réveille davantage dans certaines scènes marquantes, mais ne semble pas toujours actif. C'est sans conteste une belle lecture qui vous entraîne très loin, un grand merci à @Cassiopee42 qui m'a donné envie de le lire par sa belle critique.
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La réintroduction des loups dans les territoires des Highlands en Écosse est une hypothèse tout à fait plausible , sauf que, comme dans de nombreux pays les loups ont été exterminés dans les siècles précédents et que les terres ont été envahies ( et ravagées ) par les moutons et que les éleveurs n'ont pas envie que cela change ...

Une jeune scientifique , Indy Flynn et son équipe débarquent avec une douzaine de loups, espérant que ces loups vont créer des meutes , chasser les chevreuils et autres bêtes sauvages et , ainsi , redonner vie à la végétation

Mais comme la population locale n'est pas vraiment associée au programme, les choses ne se passent pas aisément et le premier tir sur un loup arrive vite au grand désarroi de Indy et de ses collègues.
Les hostilités sont lancées .

Lorsqu'Indy découvre le corps d'un éleveur, , elle prend , pour protéger les loups ,la mauvaise décision ouvrant la porte à un engrenage de violence, de suspicion et d'incompréhension.

Indy est venue en Écosse avec sa soeur jumelle, Aggie , espérant que cette vie en pleine nature guérira Aggie du profond traumatisme qui l'a transformée en un être absent , ne communiquant avec Indy que par le langage des signes qu'elles avaient inventé quand elles étaient enfants et qu'elles vivaient quelques mois par an dans la cabane de leur père au Canada.

La relation entre les jumelles est fusionnelle et jusqu'à l'accident d'Aggie il était difficile de savoir qui protégeait qui ; maintenant Indy veut guérir sa soeur.

Indy , elle, est atteinte d'une synesthésie visio-tactile, une altération sensorielle rare : elle ressent les douleurs et les émotions des autres , humains ou animaux , ce qui la rend particulièrement vulnérable mais elle a réussi à force de côtoyer la violence à se créer une carapace .
Seulement cela la rend solitaire, suspicieuse envers les autres avec une agressivité qu'elle a parfois du mal à contrôler car l'autre sujet lié également à l'état d'Aggie est la violence des hommes envers les femmes qu'elle a décidé de dénoncer.

Une belle histoire par son coté humain avec en particulier les forts liens entre soeurs et les pouvoirs de l'amour et en même temps , le constat toujours d'actualité sur la difficile cohabitation entre la nature sauvage et certains hommes forts de leur prérogative et de leurs coutumes qu'ils brandissent comme un bouclier contre tout changement comme le réensauvagement pourtant essentiel .


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critiques presse (2)
LeMonde
18 mars 2024
L'écrivaine australienne déploie son intrigue policière dans les forêts en souffrance des Highlands, en Ecosse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
20 février 2024
En reliant domination des hommes sur les femmes et des humains sur la nature, McConaghy fait de son roman un polar écoféministe assumé, dont le personnage principal soigne ses blessures personnelles dans sa fusion avec la nature […].
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (57) Voir plus Ajouter une citation
- Pourquoi les loups ? demande Duncan. Pourquoi ce choix de vie ?
- Quand on parle de préservation, de sauver cette planète, il faut commencer par les prédateurs. Parce tant qu'on ne les aura pas sauvés eux, on n'aura aucune chance de sauver le reste.
Commenter  J’apprécie          30
Des questions commencèrent à me tourmenter : agissons-nous vraiment pour leur bien ? N'étions-nous pas trop interventionnistes ? On essayait de les sauver, d'accord, mais il nous arrivait aussi de les tuer. Nous arpentions le monde de nos pas lourds, piétinant tout sur notre passage, trop humains, pas assez créatures.
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Je donnerais tout pour que ces bêtes n'ai pas peur de moi. Ça me rend infiniment triste. D'un autre côté, ne nous voilons pas la face : c'est précisément cette peur qui les protège de nous.
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Je l'aime de tous les atomes de mon être et peut-être, dans un monde plus enfoui que celui que nous connaissons, dans un endroit plus beau invisible à nos yeux, m'aime-t-elle en retour. Elle nous a sauvés, il y a longtemps. Et l'on ne pourra pas dire qu'un loup ne recèle aucun mystère.

Page 363.
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Tandis que nous nous rapprochons en décrivant de petits cercles, il lève la tête et nous aperçoit. Nous volons suffisamment bas pour voir distinctement sa belle tête, ses yeux dorés. Il est plus paisible que lorsqu'il était enfermé, libre dans son environnement naturel.

Page 97.
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Videos de Charlotte McConaghy (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charlotte McConaghy
"La première phrase, « On avait huit ans le jour où papa m'a coupée en deux de la gorge jusqu'au bas du ventre. », c'est une phrase qui m'a percuté tout de suite quand j'ai ouvert le roman, et c'est ça qui m'a donné envie de le lire, instantanément. Je n'ai pas pu le lâcher après, j'étais lancé." – Nicolas, libraire au Bateau Livre (Lille), présente son coup de coeur pour le roman de Charlotte McConaghy, *Je pleure encore la beauté du monde*
En savoir plus sur le roman : https://gaia-editions.com/livre/je-pleure-encore-la-beaute-du-monde/
#litterature #roman
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