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EAN : 9782070411702
169 pages
Gallimard (12/01/2000)
4.05/5   236 notes
Résumé :
« Ce n'est pas un journal que je tiens, c'est un feu que j'allume dans le noir. Ce n'est pas un feu que j'allume dans le noir, c'est un animal que je nourris. Ce n'est pas un animal que je nourris, c'est le sang que j'écoute à mes tempes, comme il bat - un volet ensauvagé contre le mur d'une petite maison. »
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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"La vie, je la trouve dans ce qui m'interrompt, me coupe, me blesse , me contredit. La vie, c'est celle qui parle quand on lui a défendu de parler, bousculant prévisions et pensées, délivrant de la morne accoutumance de soi à soi"

Cette phrase me semble assez bien résumer l'essence de ce livre au titre très énigmatique.
En effet, pourquoi au radiateur ?
Dans ce roman, sous forme d'un journal, courant de Pâques 1996 à Pâques 1997, Christian Bobin nous parle surtout d'un deuil. Il a visiblement perdu une compagne chère peu avant l'écriture de ce roman.
On sent que l'auteur s'accroche à la vie pour surmonter cette épreuve. Des points d'orgue dans son esprit, avec lesquels il a toujours vécu, ainsi il nous parle de la beauté, de la beauté du monde. Et, pourquoi pas, déjà, la ressentir dès le matin, dans la contemplation de fleurs coupées qu'il achète chaque semaine. Il leur impute de très belles phrases et de très belles pensées.
Pour le reste, cette suite de jours s'accompagne de cafés, de cigarettes, de visites des enfants de cette femme décédée.
Malgré une indéniable poésie dans son écriture, je dois dire avec regret que je me suis ennuyée. Ses longues assertions sur l'amour ne m'ont pas convaincue. Il y a un quelque chose d'indefinissable qui ne prend pas, ne me touche pas.
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"Alors, pourquoi, parfois, une ombre, une lourdeur, une mélancolie ? Eh bien c'est qu'il me manque parfois le don de recevoir. C'est un vrai don, un don absolu."


Difficile de parler de ce livre alors que son auteur, lui-même, hésite à parler de ses écrits de peur de les "affaiblir" - "Venez affaiblir vos livres en en bavardant avec nous." Comme il écrit le percevoir lui-même dans l'invitation qui lui est faite un jour -, hésite de crainte de les affadir...


C'est, d'une certaine façon, un éloge de l'innocence au sens fort de terme, les yeux désormais dessillés, le regard désormais centré sur les invisibles fragilités du monde, sur ce qui fait enfin silence dans les vies tourmentées et pleines de bruit de chacun.

Est-ce un encouragement à se recroqueviller dans ce qui, seul, devrait signifier l'importance, le furtif de nos vies que nous ne voulons plus, ne serait-ce, qu'apercevoir ?

Est-ce une invitation à se ressourcer dans le discret et l'effacé de nos existences?

Oui, sans doute, ou du moins l'ai-je reçu ainsi ce livre quand l'écrivain nous parle du brin d'herbe ou des fleurs en bouquet qu'il ne cesse de contempler comme une compagnie éphémère et fragile. Comme des présences qui "communiquent" par attitudes au lieu de mots prononcés, par des postures au lieu de phrases et d'avis, ne cessant de se laisser deviner, saisir , au lieu de marteler opinions et sentiments...

Un petit livre-journal qui, en plus, pose un regard sur l'absence, une émotion partagée bien éloignée des chagrins avilissants et destructeurs, plutôt un regard qui glisse vers ce qui perpétue une présence sans contours, sous l'habit d'autres évidences quand l'écrivain évoque le deuil récent et sa vie désormais autre.

Les mots sont parfois révolte, parfois admiration devant l'indéfiniment petit, devant l'invisible banalité dont on vêt ce qui devrait toujours être vécu comme les joies des rencontres quotidiennes, humaines et encore davantage animales et végétales !

C'est aussi un éloge de la solitude pour celui qui ainsi écoute et entend davantage les messages d'une vie en simplicité mais si riche de sensations et de scintillements de lumière.



C'est pour celui qui lit, une rencontre d'un écrivain sincère et sans dissimulation, certains seront sensibles à ses mots, d'autres resteront en retrait.
"Un livre, un vrai livre, ce n'est pas quelqu'un qui nous parle, c'est quelqu'un qui nous entend, qui sait nous entendre."

Alors reste à découvrir ce qui sera entendu ou pas pour chacun, reste à ouvrir les yeux sur le presque invisible, l'infinitésimal...


(lecture faite et avis rédigé en Mars 2023)
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Où il est beaucoup question de beauté, d'amour, de lumière, de Dieu et de la mort.
Où la « plus que vive », Ghislaine, hante toujours l'âme inapaisée de l'auteur.
Et là, à l'épicentre du livre, cet autoportrait en moins de cent lignes : un autoportrait tout en joie, en espoir, en satisfaction. Et finalement ce paragraphe jure. Il ne déçoit pas.... mais jure, niché dans ce long poème, cette mélopée infinie et continue.
L'égrenage inconséquent des jours comme balises des strophes.
Si l'écriture de Bobin peut facilement m'entraîner vers des zones profondes ou aériennes de mon âme, elle me demande une attention soutenue. J'ai souvent peur d'en perdre un éclat par négligence.
La subtilité de ses textes vient sur le long en lisant patiemment ses mots posés, incongrus, et qui, de temps en temps, titillent une zone sensible de notre esprit.
C'est comme observer le paysage qui défile devant le pare-brise et soudain être ébloui par l'harmonie, à un instant précis, sous une lumière précise et qui file si on ne la garde pas en soi par cette attention soutenue.
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Ce livre se représente sous la forme d'un journal intime dans lequel le narrateur s'adresse en particulier à une femme qu'il a aimé et continue d'aimer bien qu'elle soit maintenant morte. Ce journal s'étend sur presque une année, du 6 avril 1996 au 21 mars 1997 et le narrateur, bien que parlant constamment de la mort dans son livre, ne fait en réalité que parler de la Vie et surtout du plus puissant et surtout du plus beau des sentiments qui existent, à savoir l'Amour.

Dans les premières pages de son "journal", le narrateur parle de son amour pour les fleurs qui, bien qu'elles soient périssables, sont destinées à renaître un jour. Ce n'est qu'au cours des chapitres suivants que le lecteur découvre, par bribes, qui était la femme à laquelle il s'adresse, que cette dernière a eu trois enfants dont il n'est pas le père mais avec lesquels il est toujours très lié.
Dans la plus grande partie de cet ouvrage, le narrateur s'adresse donc à cette femme, comme si elle était toujours en vie, lui donnant des nouvelles de ses enfants ou encore de ses parents.

L'auteur, fortement engagé dans la croyance en Dieu, essaie de nous communiquer ce message d'espoir mais sans nous obliger à y croire nous-mêmes. Il le dit d'ailleurs à peu près en ces termes : transposez l'image de Dieu par celle de l'Amour et vous verrez que cela revient au même.
Un livre magnifique sur l'Amour, la Vie, la Mort et surtout l'Espoir !
A découvrir !
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"Il peut paraître étrange de faire entrer chaque semaine, deux bouquets de fleurs dans un endroit où l'on vit seul. C'est pourtant un geste dont je ne peux plus me passer. Il est apparu dans la foulée de ta mort, et c'est peut-être une façon d'ouvrir dans le noir une quinzaine de fenêtres, autant que de fleurs, par où du clair arrive."

À la mort de sa compagne, Christian Bobin, douloureusement affecté, traverse une période sombre, durant laquelle il écrit le journal intime que voici.

Dans la première partie du livre, l'auteur poétise sur des fleurs qu'il achète régulièrement. C'est peut-être tout ce qui le rattache encore de son amie morte. Elles sont comme une trace féminine dans son quotidien. Je pourrais lire des pages de Christian Bobin qui me parle de fleurs. Je fonds.

Les souvenirs de sa compagne lui reviennent en mémoire. À l'évidence, sa solitude et son manque lui pèsent. Il les comble grâce à des élans de poésie dédiés aux tulipes, aux roses, aux iris, aux "je-ne-sais-quoi", nom emprunté provisoirement à des fleurs qu'il rebaptise, ...

Puis, un déclic se fait en lui, et s'amorce une remontée de ses énergies. Ses écrits passent du coeur et des sentiments jusqu'à l'esprit qui se tourne vers la société. Son raisonnement se teinte de noirceur et d'amertume. Bobin mène aussi un combat sans concession.

Lire Christian Bobin est toujours porteur de richesses. J'en retire des enseignements, sur tout et sur rien. Ses écrits dans un style simple se distinguent par une sensibilité poétique qui me touche. Son extrême humilité et son côté "Saint François d'Assises", au plus près de l'éphémère de la nature me fascinent. Un pissenlit au bord de la route, une note de musique ou l'écoulement du radiateur... ce n'est rien, mais pour Bobin, c'est beaucoup, et il sait embellir tout cela. Quel bonheur, quelle respiration, et quelle pause dans le quotidien.
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Citations et extraits (213) Voir plus Ajouter une citation
Faire sans cesse l’effort de penser à qui est devant toi,

lui porter une attention réelle, soutenue,

ne pas oublier une seconde que celui ou celle avec qui tu parles vient d’ailleurs,

que ses goûts, ses pensées et ses gestes ont été façonnés par une longue histoire,

peuplée de beaucoup de choses et de personnes que tu ne connaîtras jamais.

Te rappeler sans cesse que celui ou celle que tu regardes ne te doit rien.

Cet exercice te conduit à la plus grande jouissance qui soit :

aimer celui ou celle qui est devant toi, l’aimer d’être ce qu’il ou elle est : une énigme,

et non pas d’être ce que tu crois, ce que tu crains, ce que tu espères,

ce que tu attends, ce que tu cherches, ce que tu veux.
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Je suis rentré chez moi, je me suis allongé sur le lit. Ma mort semblait aussi accablée que moi par la chaleur. Quelques minutes ont passé. Je me suis levé, j’ai préparé un café et j’ai ouvert un livre de poèmes. De la lumière sortait du livre. Je crois que c’est à cet instant-là que ma mort s’en est allée de l’appartement en traversant la porte, sans faire de bruit.
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Ces gens qui font la roue à la télévision, experts en économie ou animateurs de variétés, accomplissent la même besogne. On leur a confié le soin de nourrir l'imaginaire et la pensée d'un peuple. Ils le font maigrir et l'insultent. On devrait leur montrer leurs émissions telles qu'elles sont reçues dans les maisons de retraite, les hôpitaux et les prisons. La plus pertinente manière de connaître une société, c'est de la regarder à partir de ces lieux où l'humain est en voie d'oubli, et d'orienter ainsi sa pensée : du bas vers le haut. On verrait alors ce qui est faux, mort, irréel, et on serait ébloui par les nombreux miracles restants -- images d'animaux, d'arbres, de visages, paroles qui échappent et ravissent. Car il en va des sociétés comme des individus : le réel est toujours du côté du réfractaire, du fugitif, du résistant, de tout ce qu'on cherche à calmer, ordonner faire taire et qui revient quand même, et qui revient encore , et qui revient sans cesse -- incorrigible. L'écriture est de ce côté- là. Tout ce qui s'entête à vivre est de ce coté-là.
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Il y a des instants où j'aime chacun de ceux qui ont part à ma vie , même ceux dont les désirs me sont étrangers ou hostiles . L 'envie me vient alors de prendre le téléphone , d'appeler les uns les autres , sans exception , et de leur dire : " Je t'aime dans ton entièreté , dans tout ce qui en toi ne me ressemble pas , je t'aime tel que tu vas , vivant , vivante ." Et si je ne le fais pas , c'est uniquement par crainte de finir à l'hôpital psychiatrique , totalement fou et totalement radieux .
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Mon Dieu, pourquoi avez-vous inventé la mort, pourquoi avez-vous laissé venir une telle chose, elle est si douce la vie sur terre, il faudra que votre paradis soit éblouissant pour que le manque de cette vie terrestre ne s'y fasse pas sentir..
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Vidéo de Christian Bobin
Avec Catherine Cusset, Lydie Salvayre, Grégory le Floch & Jakuta Alikavazovic Animé par Olivia Gesbert, rédactrice en chef de la NRF
Quatre critiques de la Nouvelle Revue Française, la prestigieuse revue littéraire de Gallimard, discutent ensemble de livres récemment parus. Libres de les avoir aimés ou pas aimés, ces écrivains, que vous connaissez à travers leurs livres, se retrouvent sur la scène de la Maison de la Poésie pour partager avec vous une expérience de lecteurs, leurs enthousiasmes ou leurs réserves, mais aussi un point de vue sur la littérature d'aujourd'hui. Comment un livre rencontre-t-il son époque ? Dans quelle histoire littéraire s'inscrit-il ? Cette lecture les a-t-elle transformés ? Ont-ils été touchés, convaincus par le style et les partis pris esthétiques de l'auteur ? Et vous ?
Au cours de cette soirée il devrait être question de Triste tigre de Neige Sinno (P.O.L.) ; American Mother de Colum McCann (Belfond), le murmure de Christian Bobin (Gallimard) ; le banquet des Empouses de Olga Tokarczuk (Noir sur Blanc).
À lire – Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard, 2021. Lydie Salvayre, Depuis toujours nous aimons les dimanches, le Seuil, 2024. Grégory le Floch, Éloge de la plage, Payot et Rivages, 2023. Jakuta Alikavazovic, Comme un ciel en nous, Coll. « Ma nuit au musée », Stock 2021.
Lumière par Valérie Allouche Son par Adrien Vicherat Direction technique par Guillaume Parra Captation par Claire Jarlan
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