"Il peut paraître étrange de faire entrer chaque semaine, deux bouquets de fleurs dans un endroit où l'on vit seul. C'est pourtant un geste dont je ne peux plus me passer. Il est apparu dans la foulée de ta mort, et c'est peut-être une façon d'ouvrir dans le noir une quinzaine de fenêtres, autant que de fleurs, par où du clair arrive."
À la mort de sa compagne,
Christian Bobin, douloureusement affecté, traverse une période sombre, durant laquelle il écrit le journal intime que voici.
Dans la première partie du livre, l'auteur poétise sur des fleurs qu'il achète régulièrement. C'est peut-être tout ce qui le rattache encore de son amie morte. Elles sont comme une trace féminine dans son quotidien. Je pourrais lire des pages de
Christian Bobin qui me parle de fleurs. Je fonds.
Les souvenirs de sa compagne lui reviennent en mémoire. À l'évidence, sa solitude et son manque lui pèsent. Il les comble grâce à des élans de poésie dédiés aux tulipes, aux roses, aux iris, aux "je-ne-sais-quoi", nom emprunté provisoirement à des fleurs qu'il rebaptise, ...
Puis, un déclic se fait en lui, et s'amorce une remontée de ses énergies. Ses écrits passent du coeur et des sentiments jusqu'à l'esprit qui se tourne vers la société. Son raisonnement se teinte de noirceur et d'amertume. Bobin mène aussi un combat sans concession.
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Christian Bobin est toujours porteur de richesses. J'en retire des enseignements, sur tout et sur rien. Ses écrits dans un style simple se distinguent par une sensibilité poétique qui me touche. Son extrême humilité et son côté "Saint François d'Assises", au plus près de l'éphémère de la nature me fascinent. Un pissenlit au bord de la route, une note de musique ou l'écoulement du radiateur... ce n'est rien, mais pour Bobin, c'est beaucoup, et il sait embellir tout cela. Quel bonheur, quelle respiration, et quelle pause dans le quotidien.