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EAN : 9782812625589
432 pages
Editions du Rouergue (06/03/2024)
4/5   15 notes
Résumé :
Catherine Gauthier est une ancienne flic. Après une bavure, elle a dû quitter la police et mène des enquêtes pour un avocat, Pierson. C'est le temps du carnaval, à Chalons-sur-Saône, et voilà qu'une adolescente est découverte, assassinée, dans la Saône. Un crime qui rappelle plusieurs assassinats restés impunis. Tandis que Catherine et Pierson entreprennent de convaincre les familles de faire rouvrir les enquêtes en sommeil, Jean-Pierre Renaud, commissaire de la bri... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La théorie des ondes de Pascale Chouffot est une importante découverte littéraire. Foisonnant, dans un style dense et recherché, le roman met sur le devant de la scène une héroïne attachante, qui après son départ de la police ferroviaire est devenue enquêtrice pour Maître Pierson, une pointure du barreau chalonnais.


A la suite d'un accident, Catherine ne ressent plus la douleur, qui est justement – à mon avis – le thème central de l'intrigue, qu'elle irrigue comme la Saône omniprésente, jusque dans ses recoins les plus sombres et inavouables. L'intention de Pascale Chouffot est d'ailleurs affichée dans son exergue emprunté à Henri de Lubac : « Toute souffrance est unique et toute souffrance est commune. Il faut me redire la seconde vérité quand je souffre et la première quand je vois souffrir les autres ». Voilà qui est clair.


A Chalons, le carnaval bat son plein, autorisant tous les excès et dérives. Au milieu de cette « liesse populaire », Catherine éprouve davantage d'effroi que de dégoût.
Le carnaval, manne financière pour le tourisme et le commerce peu regardants, représente pour elle l'aboutissement de longs mois de frustration, de désespoir, de misère autorisés à se défouler une fois l'an dans une joie avinée et sans entrave dans une ville transformée en guinguette à ciel ouvert, où règnent en hordes décomplexées les ivrognes obscènes, poivrots paillards, bambocheurs, noceurs, luxurieux, partouzeurs et pourquoi pas... meurtriers... A Dunkerque, comme à Bayonne ou Chalons... Les faits donnent raison à Catherine lorsque le cadavre d'une jeune fille suppliciée est retrouvé sur les bords de la Saône, créant un électrochoc peu burlesque dans la population. Car la morte n'est pas la première, de nombreuses autres sont devenues au fil du temps des enquêtes irrésolues, des cold cases pour les bilingues.


Depuis des années, les policiers sont restés sans coupables, les avocats sans plaidoiries, les familles sans réponses à leurs souffrances... Catherine, n'éprouvant plus la douleur endosse celle des victimes, s'enchaîne à leurs tourments et par tous les moyens tente de rendre justice aux martyres. Quel grand et beau roman aux multiples et riches ramifications : des protagonistes nombreux et intéressants ; une fine analyse sociologique du carnaval ainsi que des conséquences sur la région de la désindustrialisation avec la fermeture de Kodak, restée célèbre pour le discours cynique de son P.-D.G lors de la destruction de l'usine américaine : « What a nice day for revolution ». En France aussi l'usine a été liquidée. Son implosion a entraîné l'explosion de vies, après des plans de restructuration, doux euphémisme pour dire licenciements, déclassement, chômage, misère.


Mais la romancière ne se contente pas de ce regard contemporain. Elle gratte aussi – à la manière de Didier Daeninckxs – les écrouelles de l'Histoire sous lesquelles grouillent des secrets d'Etat peu reluisants, comme par exemple l'abandon de son obligation de prise en charge des enfants de l'Assistance publique, transférés dans des discrets établissements privés où seul compte le profit. Déjà, fin XIXème et début XXème, l'Etat savait comment faire des économies en s'attaquant aux plus vulnérables et pauvres. Et ainsi naquirent les Colonies d'enfants du Morvan, un détail de l'Histoire. Merci à Pascale Chouffot pour ses phénoménaux travaux de documentation, intégrés avec talent dans un roman noir passionnant et très agréable à lire. J'attends avec impatience la suite des enquêtes de Catherine.
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Chalon-sur Saône est en proie au monstre Carnaval. Mais un autre monstre a sévi laissant au bord de la rivière le cadavre d'une très jeune fille. Une découverte qui réveille de bien tragiques souvenirs car plusieurs assassinats de jeunes filles sont restés inexpliqués.
Catherine Gauthier, ancienne flic devenue assistante d'un avocat entêté, Pierson,va mener l'enquête et tous deux vont tenter de faire rouvrir ces "cold cases".
Pascale Chouffot choisit une héroïne atypique (elle ne ressent plus la douleur) mais laisse la part belle à l'humanité de ses personnages. Remontant le temps, elle évoque d'autres monstres, d'autres ogres qui prennent des formes différentes (PDG soucieux de rentabilité mais pas d'humanité, par exemple) et nous fait découvrir la situation des "colons du Morvan", orphelins ayant subi les pires horreurs avant que justice leur soit rendue en 1911. Un roman haletant que j'ai dévoré en deux jours.
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Voici un roman foisonnant, difficile à résumer avec la multiplicité de ses thèmes et de ses personnages. La quatrième de couverture évoque une succession de meurtres de jeunes filles au cours des années à Chalon-sur-Saône… Mais l'autrice n'a pas écrit une banale histoire de meurtres en série. Sont évoqués, pêle-mêle, la fermeture des usines et ses conséquences, les colonies d'enfants indigents au début du XXème siècle en Bourgogne avec leurs lots de maltraitance, l'amour et la pugnacité des mères, les erreurs judiciaires…

Le personnage de Catherine, ex-policière qui mène des enquêtes pour un cabinet d'avocats, est original. Mais les autres personnages sont également bien dépeints et même, pour certains, attachants. L'autrice nous offre là une enquête bien différente de la production éditoriale habituelle.

En bref, c'est un roman original et passionnant dont je ne peux que recommander la lecture.
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J'ai beaucoup aimé ce roman noir, parce que, en plus d'être addictif, il est profondément humain. Catherine Gautier, une ancienne flic reconvertie en enquêtrice d'avocat, découvre que plusieurs jeunes filles ont été violées, assassinées et noyées dans la Saône. Elle décide de convaincre les familles de relancer l'enquête.
Elle travaille avec le commissaire Renaud, qui connait le doute de l'erreur judiciaire, en effet, il avait fait condamner et emprisonner trop vite un coupable idéal dans l'affaire précédente et il est de plus en plus persuadé qu'il s'est trompé.
Ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est la construction serrée qui donne vie à de très nombreux personnages, que ce soit les victimes, avec leur beauté et leur soif de vivre, les mères courages qui acceptent de revivre leur traumatisme au nom de la justice, et même les enquêteurs, flics, avocats, tous sont complexes et attachants, ont un passé qui les tourmente.
de plus, toute l'enquête se déroule pendant le carnaval de Chalon-sur- Saône, ses rituels, sa sociologie sont décrits avec une précision ethnologique. Et enfin la Saône, avec ses eaux noires, ses rives, ses ponts, ses crues, devient un personnage angoissant lui aussi.
Un des personnages se découvre une généalogie atroce. Dans sa famille, un couple a martyrisé et exploité des enfants de l'Assistance publique placés dans les instituts de Bourgogne. Les faits sont attestés, et leur procès a donné pour la première fois de l'Histoire la parole à des enfants. Ce mélange de faits divers sordides et attestés avec une intrigue de fiction fonctionne très bien.
C'est donc un roman fort et poignant sur la douleur du deuil, sur la folie et la cruauté des hommes.
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Roman très bien écrit. J'ai eu le plaisir de rencontrer l'auteure au quai du polar 2024 et je trouve très intéressant le roman qui balance entre le passé et l'enquête au présent. Un livre qu'il faut lire et relire tellement il est documenté mais je trouve qu'il est vraiment intense et passionnant.
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critiques presse (1)
Telerama
21 mai 2024
Entre Morvan et Larzac, les deux romancières fouillent la réalité sociale, et notamment le drame des enfants placés. Chacune à sa façon, elles empruntent au conte et à sa puissance métaphorique.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
« What a nice day for revolution », P.-D.G de Kodak Monde, Rochester, 1er juillet 2007, discours inaugural de la destruction de l'usine Kodak Monde de Rochester (Etats-Unis)
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" La loi de 1905 venait d'être votée. La République ne financerait plus le culte, ne laisserait plus l'Eglise seule garante de l'éducation et de la santé de ses enfants, malades et orphelins".
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… la période du carnaval fragilisait davantage encore les plus fragiles, exacerbait les désirs de vengeance, les frustrations ; la haine était autant à l'honneur que les costumes, les confettis et les paillardises bon enfant. Et on n'était que jeudi...
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« Bonjour Paul. Qu'est-ce que vous fabriquez ici ? Le clergé a décrété que le dimanche était jour de repos, et le Front populaire y a rajouté le samedi ! »
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C'est en marchant qu'on avance.
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