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Marie-Claire Dumas (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070321544
282 pages
Gallimard (05/11/1975)
4.01/5   69 notes
Résumé :
Destinée arbitraire est un poème écrit par Robert Desnos en 1926. Destinée arbitraire évoque la ronde du temps et des générations, et plus particulièrement le vieillissement des femmes. Dans le recueil Destinée arbitraire, Robert Desnos, membre du mouvement surréaliste, reprend dans «La prairie du revenez-y» ce thème séculaire, mais le renouvelle par une versification et un rythme plus libres.
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
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Il est difficile de juger un recueil de poésie. D'ailleurs, la poésie ne se juge pas, elle se ressent. Alors, disons que je n'ai pas toujours été sensible aux mots de monsieur Desnos (1900-1945).
Mon ressenti est vraiment inégal. Certains poèmes m'ont éblouie et d'autres m'ont paru complètement hermétiques. Il est vrai que ce recueil court sur plusieurs années (1919-1944) et englobe donc quelques expériences littéraires très à la mode au moment du surréalisme par exemple, expériences d'écriture automatique ou de demi-sommeil dont les résultats sont loin de me toucher.
Mais tout cela bien sûr est affaire personnelle.
A d'autres moments, la plume de Desnos vous emporte vers le rêve, la liberté, la drôlerie, c'est frais, gai, léger. Et puis, bien sûr l'amour, le bel amour, le grand amour (pour sa femme Youki) Puis, elle devient plus grave quand elle évoque la vieillesse ou la mort, la guerre, l'engagement et peut grimper dans la colère quand elle dénonce Pétain, Hitler ou Goebbels..
 
Bref, je ferai comme d'habitude, je piocherai à droite et à gauche ce qui me plaît ici, les thèmes sont si variés et les styles si différents (rime, prose, argot). D'ailleurs, je laisse souvent dans les recueils de poésie des petits papiers de couleur sur les pages qui m'ont particulièrement plu, pour accéder plus vite aux mots-bonheur.

"Ce coeur qui haïssait la guerre" a eu une fin bien tragique puisqu'il est décédé le 8 juin 1945 au camp de Terezin, en Tchécoslovaquie.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Alors c'est ça la poésie ? Je veux dire, ça peut être ça aussi ? La Poésie ? Thank you sir.

Desnos (on prononce les deux “s” sinon on a l'air con… comme votre serviteur) est un poète surréaliste du club Breton/Aragon, autodidacte, issu d'une famille modeste, journaliste et adepte de l'écriture automatique.
ce recueil propose une anthologie non exhaustive des écrits du poète de 1919 à 1944.

Sa poésie est gorgée d'inventions et de tentatives séduisantes, s'inscrivant dans une génération en rupture avec les vers classiques, Desnos essaye une poétique protéiforme, faite de pieds inégaux, de prose fantaisiste, de défis espiègles et unissant l'argot à l'onirisme.

Paradoxalement la première partie du recueil, la jeunesse de Desnos, est plus sombre que la fin, l'occupation allemande et la déportation du poète. Si le jeune Robert semble en proie à des pensées mélancoliques, des passions cafardeuses, le Desnos des années quarante pratique la poésie comme un sport de combat, la vie coule dans ses vers, c'est un homme amoureux, dansant avec les strophes, qui résiste dans une jubilation créatrice.

Le traitement de l'amour, tout au long de cette Destinée Arbitraire, permet, en renfort du style, de singulariser davantage les vers de Desnos. Il écrit ce sentiment de façon gaie et crue, et décrit les interactions des corps d'une manière polissonne mais pas sordide.

Le lecteur sera ravi de retrouver tout au long du recueil l'esprit mutin de Robert Desnos, la vitalité de ses vers ainsi que la variété de ses inspirations.
Pour le plaisir infini de voir ce magicien des mots, leur niant toute signification pour mieux les armer d'un sens nouveau.
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J'aime Desnos, ses grosses lunettes de myope, son regard mi-farceur , mi-rêveur, ses expériences d'écriture "ensommeillée" , son humour de grand gosse, ses images habitées, ses poèmes en liberté et ses poèmes d'amour, souvent les mêmes d'ailleurs. Destinée arbitraire est un beau recueil qu'on ouvre et qu'on relit souvent. Quand on a besoin de rêver, de rire, ou d'aimer.
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Ne le note pas encore, vient de le parcourir.

Nul besoin d'avoir la prétention de noter un tel livre ?
Juste , dire qu'au vu de certains poèmes il me semble, que cela va me plaire.

Recueil de poèmes correspondant à trois tranches chronologiques distinctes :
- Poèmes de 1919 - 1926
- Textes écrits entre 1930 - 1939
- Années 1943 - 1944.

Du plus délié au plus élaboré, du plus délirant au plus lucide : c'est peut-être entre ces deux limites que s'est jouée l'errance poétique de Desnos, sans que son étoile se fixe, sinon en une "destinée arbitraire".

Les données de ce manuscrit de 214 pages ont été respectées.

Ce que le manuscrit transmet, c'est la naissance de la parole, dans son élan et sa respiration : c'est cela qui a été conservé.
Vers leitmotiv de l'Art poétique :
" Je suis le vers témoin du souffle de mon maître".

p. 215 à 258
Vie de Robert Desnos 1900 - 1945,
puis quelques notes sur les dernières pages.

Tout est dit, ou presque,
Ne reste qu'à respirer entre deux enchantements !
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J'éprouve un attachement très particulier pour Robert Desnos et son oeuvre poétique, un attachement assez indéfinissable, très singulier.
"Destinée arbitraire" regroupe des textes édités à petit tirage, aujourd'hui épuisés mais aussi des poèmes inédits publiés dans des revues à différentes périodes de la vie de Desnos.

Dans la variété des textes rassemblés ici, j'ai retrouvé cette part belle, généreuse et fraternelle de l'écriture du poète. Une poésie enchantée, insolite, toujours engagée, une écriture marquée par la culture populaire, qui sait s'affranchir des genres, un style qui déplace les lignes, expérimente les possibles pour faire naître un imaginaire vif et débordant.

Dans la poésie de Robert Desnos, c'est comme si le rêve, l'imaginaire étaient les conditions de la réalité, une réalité toujours en mouvement, toujours à (ré)inventer, une réalité dans laquelle le poète doit trouver les conditions de sa liberté.
La légèreté n'empêche cependant pas la gravité, l'inquiétude. L'évocation dans plusieurs de ses textes de la montée du fascisme, de la Guerre d'Espagne, de l'Occupation et de la Résistance ("Ce coeur qui haïssait la guerre") révèle un homme en prise totale avec son temps.

" Pierre à pierre et pied à pied
Et coeur à coeur et tête à tête
les beaux jours sont passés

Fil à fil et feuille à feuille
Et un à un et seul à seul
Les jours sont beaux et ne passent pas

Grain à grain corps à corps
et côte à côte et main à main
Bien malin qui gagnera la bataille

Pierre à grain et seule à un
Et main à coeur et tête à coeur
L'amour est vaste comme le monde " *

L'homme était fidèle à lui-même, entier dans son écriture, dans ses engagements, dans sa manière de penser, d'être présent au monde. C'est ce qui rend sa poésie si attachante, si précieuse encore aujourd'hui.

(*) Pierre à pierre, extrait de " Youki 1930 poésie ".
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
L'oiseau du Colorado
Mange du miel et des gâteaux
Du chocolat et des mandarines
Des dragées des nougatines
Des framboises des roudoudous
De la glace et du caramel mou.

L'oiseau du Colorado
Boit du champagne et du sirop
Suc de fraise et lait d'autruche
Jus d'ananas glacé en cruche
Sang de pêche et navet
Whisky menthe et café.

L'oiseau du Colorado
Dans un grand lit fait dodo
Puis il s'envole dans les nuages
Pour regarder les images
Et jouer un bon moment
Avec la pluie et le beau temps.
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Quand tu m'aimes, qu'à tes étreintes
Je m'abandonne avec émoi
Pour calmer mes tourments mes craintes
Mon amour parle-moi

Il faut peupler les nuits hostiles
Avec les cris de nos émois
Il faut charmer les nuits tranquilles
Mon amour parle-moi

Si tu m'aimes il faut le dire
Il faut me prouver tes émois
Il faut me prouver ton délire
Mon amour parle-moi

Même si tu dis des mensonges
Si tu simules ton émoi
Pour que le songe se prolonge
Mon amour parle-moi.
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Je voudrais aujourd’hui écrire de beaux vers
Ainsi que j’en lisais quand j’étais à l’école
Ça me mettait parfois les rêves à l’envers
Il est possible aussi que je sois un peu folle

Mais compter tous ces mots accoupler ces syllabes
Me paraît un travail fastidieux de fourmi
J’y perdrais mon latin mon chinois mon arabe
Et même le sommeil mon serviable ami

J’écrirai donc comme je parle et puis tant pis
Si quelque grammairien surgi de sa pénombre
Voulait me condamner avec hargne et dépit
Il est une autre science où je puis le confondre.
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LA BELLE QUE VOILA

quand l'âge aura flétri ces yeux et cette bouche
quand trop de souvenirs alourdiront ce coeur
quant il ne restera pour bercer sa couche
ce corps aujourd'hui beau que des spectres moqueurs

quand la poussière infecte en recouvrant les choses
vêtira d'un linceul les désirs abolis
quand l'amour plus fané qu'en un livre une rose
ne sera plus qu'un nom sous des portraits pâlis

quand il sera trop tard pour n'être plus cruelle
quand l'écho des baisers et l'écho des serments
Décroîtront comme un pas la nuit dans une ruelle
ou le sifflet d'un train vers le noir firmament

quand sur les seins pendants le ventre qui se ride
Les mains aux doigts séchés durcies par les passions
et lasses d'essuyer trop de larmes acides
Referont le bilan de leur dégradation

quand nul fard ne pourra mentir à ce visage
S'il se penche au miroir jadis trop complaisant
Pour se désaltérer comme au lac d'un mirage
Aux rêves du passé revécus au présent

La belle que voilà restera belle encore
Par la vertu d'un feu reflété constamment
aux vitres d'un château dont les salles sonores
seront hantées par ceux qui furent ses amants

La belle que voilà ainsi qu'une fontaine
Dont le flot toujours pur sur les marbres disjoints
S'écoule en entraînant d'ineffables sirènes
Pour perdre sa splendeur ne renoncera point

Rien ne disparaîtra des ciels qui se reflètent
Malgré la peau fripée et malgré les reins plats
Restera jalousée et présent à la fête
Jeune éternellement la belle que voilà

Tant de coeurs ont battu jadis à son attente
qu'une flamme est enclose en ce corps sans raison
qu'indigne de ces feux elle reste éclatante
Ainsi qu'à l'incendie survivent les tisons.
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Mourir

Pour mourir sans regret il faut être si lasse
Pour mourir sans regret des désirs oubliés
Pour mourir sans chagrin pour mourir sans pitié
Faut-il détruire aussi les mains les yeux les faces

Celles-là qui sont nées choisies parmi les races avec un cœur violent par nul amour plié avec des membres durs que rien ne peut lier
Savent chercher la mort parmi les tombes basses

Mais celles qui aimaient celles qui dans leurs bras surent garder parfois dans la froideur des draps
L'amant ou le mari jusqu'à défier les ombres

Fermeront leurs deux yeux par une nuit sans feux
Et jetant leur amour comme un dernier enjeu
Connaîtront le repos creux comme les décombres
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