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Marie Olivier (Traducteur)
EAN : 9782072943980
176 pages
Gallimard (03/03/2022)
4.12/5   21 notes
Résumé :
Averno. Petit lac volcanique à l’ouest de Naples. Chez les Anciens, il est considéré comme une entrée des Enfers, lieu de passage entre deux mondes. C’est là que Perséphone jeune fille fut enlevée par Hadès, et qu’elle quitta défi nitivement l’enfance.
Revisitant l’histoire de Perséphone et de sa mère la déesse Déméter, Louise Glück compose un recueil entremêlant brillamment plusieurs fils narratifs, où le mythe et l’ordinaire se confrontent et se confondent.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Grande figure de la poésie américaine, Prix Pulitzer en 1993 pour son recueil The Wild Iris (L'Iris sauvage), la reconnaissance de Louise Glück en France a été, de manière assez incompréhensible, très tardive et s'est faite à la faveur du Prix Nobel qui lui a été attribué en 2020. C'est de cette même année que date la première traduction et publication de son oeuvre en France.

Publié en 2006, Averno est, après L'Iris sauvage, le second recueil que je lis de Louise Glück.

Un des points d'ancrage du recueil est l'Averno (l'Averne), le nom d'un petit lac volcanique situé tout près de Naples, qui donne son titre au livre. Pour les Anciens, l'Averno représentait l'entrée des Enfers.
Autre point d'ancrage : un autre lac, celui de l'enfance auprès duquel l'auteure était autorisée par ses parents à se balader seule la nuit accompagnée de son chien.
La troisième entrée du recueil, c'est le mythe grec de Perséphone (Louise Glück était passionnée par les récits mythologiques). Enlevée par Hadès, le dieu des Enfers, emmenée dans le monde des morts, sa mère Déméter partie à sa recherche, tentera de la ramener à plusieurs reprises dans le monde des vivants.

L'Averno, le lac de l'enfance et le mythe de Perséphone vont comme des thèmes constituer la trame du recueil. Sans s'influer les uns les autres, ces leitmotivs vont se répondre comme en écho, comme des réminiscences venant justifier le présent.

Dès les premières pages, on rentre dans une atmosphère étrange, diffuse. Les poèmes apparaissent comme une déploration d'un monde détruit. Mais au fil du recueil, comme en contraste, va apparaître l'expression d'un émerveillement devant la splendeur de la terre, de la nature.

Dans l'Averno, j'ai retrouvé quelques-uns des thèmes déjà présents dans l'Iris sauvage : l'incommunicabilité, l'indicible qui complique les relations entre les êtres et leur rapport au monde. Au travers d'eux, de manière plus ou moins prononcée, Louise Glück explore les états du coeur et de l'âme, de l'amour, mais aussi de la séparation, de la disparition.

« Le moi s'achève et le monde commence.
Ils étaient de taille égale,
commensurables,
l'un étant le miroir de l'autre. »

Il y a dans la poésie de Glück l'affirmation d'une nécessité de se souvenir, de garder en soi la marque de l'existence mais aussi la répugnance que nous avons à le faire. La mémoire agit chez la poétesse américaine comme l'expression d'un traumatisme – A quoi cela sert-il de se souvenir ? A quoi cela sert-il de revenir à l'origine de l'utilité de l'existence ?

« Il est vrai qu'il n'y a pas assez de beauté dans le monde.
Il est également vrai que je n'ai pas les compétences
pour la restaurer.
La candeur n'existe pas non plus, et là, peut-être
pourrais-je être d'une certaine utilité. »


En réponse aux thèmes abordés, jamais Louise Glück n'avance de certitudes, d'opinions tranchées. Son écriture est marquée par des hésitations, des phases d'incertitude et de remise en cause. Elle fait le choix de l'ellipse, cultive un goût pour le secret qui font qu'elle ne dévoile jamais totalement son intention ou sa pensée.
Ses poèmes apparaissent comme une suite d'échos, de fragments par lesquels elle veut souligner la reprise, la modulation, la variation. Autant de choix qui confirment la persistance chez elle à ne pas se prononcer définitivement sur un thème donné.


En écho au récit mythologique, Glück utilise la sphère personnelle pour se projeter dans des questions métaphysiques et esthétiques. Dans nombre de ses poèmes apparaît la tentation de la narration, du témoignage de ce que fût son enfance.
J'apprécie la poésie de Louise Glück dans ce qu'elle révèle de part aléatoire et mouvante de la vie.
Une poésie de la réserve, sensible, qui fait naître une intimité, un rapport des plus étroits entre l'acte d'écrire et celui de lire.

« Je montai à cheval pour te retrouver : des rêves
semblables à des êtres vivants essaimaient tout autour
de moi
et la lune à ma droite
me suivait, brûlante.

Je montai à cheval pour revenir : tout changea.
Mon âme amoureuse était triste
et la lune sur ma gauche
me tirait sans espoir.

A de telles impressions infinies
nous, les poètes, nous donnons de façon absolue,
faisant, en silence, présage d'un simple événement,
jusqu'à ce que le monde reflète les besoins les plus
profonds de l'âme. »

.
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C'est un sombre lac
Mais pas forcément calme
C'est en prose
Mais à petite dose
Qui interroge, qui creuse
Jusqu'à Perséphone qui attend
De comprendre son sort
Le subit-elle ? l'a-t-elle voulu ?
La violence de la Terre
Entre en résonance
Avec celle de la mère
Qui renaît.
Tant de questions
Si peu de réponses
Des interrogations, des mythes
Beaucoup de rythme.
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Troisième recueil de poèmes que je lis de cette auteure et je suis encore sous le charme.
Je trouve que la musicalité de l'écriture est très présente encore une fois.

En fil rouge tout au long de ce recueil, on trouve le personnage de Perséphone. Je me suis donc renseignée à son sujet car je ne connaissais pas bien son histoire dans la mythologie grecque. Il s'agit de la fille de la déesse Déméter. Elle est enlevée par Hadès et devient sa femme. Elle passe une partie de l'année sous Terre, dans les Enfers (en hiver lorsqu'il n'y a pas de végétation) et une autre sur Terre.
Ce personnage permet à l'auteur d'aborder la relation mère-fille ainsi que le statut de fille, celui de mère et le passage à l'âge adulte. Avec l'enlèvement de Perséphone par celui qui deviendra son mari, Louise Glück évoque les relations entre mari et femme ainsi que l'attitude masculine vis-à-vis de la femme. La solitude et la mort sont également des thèmes récurrents de ce recueil. Des thèmes universels abordés avec simplicité et délicatesse malgré leur dureté.

Je remercie le prix Nobel de littérature et le challenge associé de m'avoir permis de découvrir cette auteure dont la poésie résonne en moi.
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Recueil de poésie de Louise Glück, prix Nobel de littérature 2020.
Recueil bilingue anglais (USA)/français traduit par Marie Olivier.

Des références mythologiques avec Perséphone, sa mère Déméter, son oncle et mari Hadès qui l'a enlevée.
Déesse des Enfers. D'où le titre du recueil, Averno, un lac volcanique à l'ouest de Naples qui serait l'une des entrées des Enfers, le passage entre les deux mondes.

La poétesse mélange mythe et réalité en traitant de sujets universels : l'enfance, la famille, l'amour, l'âme, la mort...
Je n'ai pas accroché à tous les poèmes car le sens m'a parfois échappé, mais j'ai aimé les mots de Louise Glück, d'autant plus que je suis adepte de mythologie.
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critiques presse (1)
Elle
17 octobre 2023
Comme une ode à la nature et la contemplation, Louise Glück pense une nouvelle fois en cycle, en saison et en destruction.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Quand j’étais enfant, je souffrais d’insomnie.
Pendant les nuits d’été, mes parents me permettaient de m’asseoir au bord du lac ;
je prenais le chien avec moi comme compagnon.
Ai-je dit « souffrais » ? C’est la façon qu’avaient mes parents d’expliquer
les goûts qui leur paraissaient
inexplicables : « souffrais » était toujours mieux que « préférais vivre avec le chien ».
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LES MIGRATIONS NOCTURNES



Voici le moment où l’on voit de nouveau
les baies rouges du sorbier sur la montagne
et dans le ciel sombre
la migration nocturne des oiseaux.

Cela me peine de penser
que les morts ne les verront pas –
ces choses dont on dépend,
elles disparaissent.

Que fera l’âme pour se réconforter alors ?
Je me dis que, peut-être, elle n’aura
plus besoin de ces plaisirs ;
que, peut-être, ne plus être suffit tout simplement,
aussi difficile à imaginer que cela puisse paraître.


/ traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Olivier
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C’est terrible d’être seul. Je ne veux pas dire de vivre seul — être seul, où personne ne peut t’entendre.
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«  Tout est fini dis- je.
Qu’est ce qui te fait dire ça, demanda ma sœur.
Parce que, expliquai - je , si ça ne s’est pas terminé,
Ça le sera bientôt ,
ce qui revient à la même chose.
Et si c’est le cas ,
Il n’y a aucun intérêt à commencer
ne serait - ce qu’une phrase .
Mais ce n’est pas pareil, dit ma sœur, terminer
bientôt .
Il reste une question stupide, répondit - je. »
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D'un côté, l'âme erre.
De l'autre, les êtres humains vivant dans la peur.
Entre les deux : le gouffre de la disparition.

[...]
On monte dans un train, on disparaît.
On écrit son nom sur la vitre, on disparaît.
Il y a des lieux comme ça partout,
des lieux dans lesquels on entre jeune fille,
et desquels on ne revient jamais.

_______________
On one side, the soul wanders.
On the other, human beings living in fear.
In between, the pit of disappearance.

[...]
You get on a train, you disappear.
You write your name on the window, you disappear.
There are places like this everywhere,
places you enter as a young girl,
from which you never return.
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Videos de Louise Glück (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Glück
Disparue le 13 octobre 2023, encore trop peu connue en France malgré un prix Nobel de littérature en 2020, Louise Glück poursuivait son chemin solitaire en poésie, n'appartenant à aucune école et aucune mode. Tout en retenue, son style est néanmoins de plus en plus narratif. En témoignent ces quinze recettes qui, tantôt sur le mode de la fable, tantôt sur le mode de la bribe autobiographique, racontent la fin d'une vie et les souvenirs qui remontent d'un passeport oublié à un bonsaï qu'on taille.
L'avis des critiques :
Pour Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit, la voix de Louise Glück ne se laisse pas cataloguer, à la fois très retenue et très lyrique, intimiste et réflexive. Par ailleurs, Anne Dujin évoque la présence d'un “je” poétique dispersé, avec des passages entiers qui semblent biographiques, mais dans lesquels le doute s'instille.
le documentariste et auteur Romain de Becdelièvre a beaucoup apprécié l'aspect collectif de cette poésie qui se fait et s'écoute à plusieurs, là où selon lui la poésie est souvent de l'ordre de la solitude et du solipsisme. En outre, il s'est dit touché par “l'hommage rendu à des ancêtres fantasmatiques et imaginaires” dans ce recueil.
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