Il y avait fort longtemps que je n'avais pas lu un thriller digne de ce nom, englobant les éléments clés d'une enquête policière sombre et réussie. le titre
Les Héritiers des Ténèbres ainsi que la mystérieuse couverture donnent le ton de l'histoire, laissant présager un récit macabre, obscure, à faire se dresser les poils de frisson.
Dans un petit village du nom de Porstlive, bien tranquille en apparence, isolé entre des bosquets infinis et des paysages arides et touffus, la quiétude de ce hameau perdu est brisée par la disparition instantanée et inopinée de plusieurs femmes à partir d'un même lieu : le supermarché du village. le jeune shérif White, ayant pris sa fonction il y a peu de temps suite au décès de son père, se voit confier l'affaire, celle qui deviendra la plus cruelle de sa carrière. Qui kidnappe ses femmes, et pour quel motif ? Où sont-elles retenues prisonnières ? Pourquoi leur infliger de telles tortures (nues, humiliées, torturées, isolées et privées de nourritures...) ? C'est ce que le shérif, accompagné de hauts fonctionnaires comme le lieutenant Carver, Broline ou Cyfrown vont tenter de mettre à jour.
Dès la première page, le lecteur est plongé dans le feu de l'action, découvrant avec horreur les âpres destins des jeunes femmes kidnappées. Ce même lecteur, spectateur innocent et inefficace, est omniscient dans l'histoire : rien ne lui échappe, tout lui est dévoilé. Des atrocités que subissent les femmes, à la recherche vaine des inspecteurs, l'histoire est mise à nue devant lui. C'est là qu'intervient le génie de
Damien Leban qui fait planer dès les premières lignes, le mystère des coupables.
Comme tout bon thriller qui se respecte, le récit est entièrement plongé dans la nuit noire, sans trace quelconque de lumière. le lieu semble isolé et coupé du monde, ce qui rajoute un semblant de peur, de panique et d'effroi dans l'atmosphère déjà lourde et chargée d'angoisse.
Damien Leban joue avec nos nerfs durant le fil de notre lecteur, n'hésitant pas à nous enfoncer dans de fausses pistes, pour augmenter le suspens et l'attrait pour son intrigue.
Mais l'intrigue en elle-même, bien que captivante, manque parfois de concordance. Arrivé à la moitié du livre, le lecteur peine à se repérer et à suivre les événements que présente la plume de l'auteur. L'histoire est compréhensible, mais les dénouements le sont beaucoup moins. Les mobiles criminels, les motivations des crimes, les agissements... ne sont pas assez convaincants et réalistes pour s'imprégner pleinement dans le fil du récit. On dirait même que l'auteur n'arrive plus à se convaincre lui-même de ce qu'il raconte, et délaisse totalement la bonne compréhension de l'histoire au détriment de l'action première. le dénouement final est totalement inattendu, au bord de l'incompréhension et du surréalisme. On se demande quand même un instant si l'auteur est sérieux, s'il ne se fout pas de nous... Ce qui prouve son originalité et son sens de la créativité. L'histoire est somme toute banale, mais l'atmosphère lourde, pesante qui entoure l'enquête donne un train singulier au récit.
Outre ces petits inconvénients, les personnages restent attachants, notamment le shérif White, particulièrement au coeur du roman. Les actions se multiplient et se chevauchent, ne laissant aucun temps mort dans la narration, les rebondissements sont nombreux, mais souvent peu percutants.
J'ai quand même passé un bon moment de lecture en compagnie des personnages, à trembler avec eux, à ressentir la souffrance des femmes ou l'adrénaline des enquêteurs. Bien qu'il ne restera pas gravé indéfiniment dans mon esprit, j'ai pu me libérer un temps soit peu du quotidien pour me retrouver plongée au coeur d'une enquête complexe et ambiguë.
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