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Maurice Couturier (Traducteur)Yvonne Couturier (Traducteur)
EAN : 9782869304666
432 pages
Payot et Rivages (08/01/2006)
3.96/5   1097 notes
Résumé :
Où sont les campus d'antan où des professeurs de lettres besogneux erraient comme des âmes en peine entre les salles de cours, la bibliothèque et la salle des professeurs, l'intelligence en jachère, le cœur en sommeil ?

Le jumbo-jet, les médias ont changé tout cela, arrachant les universitaires d'aujourd'hui à leur solitude, les amenant à communiquer avec de lointains collèges à l'autre bout du monde. L'ère du campus global est arrivée et ses liturgie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (62) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 1097 notes
Dans ce roman, comme dans le milieu des universitaires, des tas de personnages se croisent, se toisent, s'admirent ou se méprisent.
Qu'ils soient professeurs titulaires, stagiaires, possesseurs d'une chaire ou simples assistants, tous ont en commun l'amour des mots, mais l'ambition n'étant jamais bien loin, cet amour des belles lettres ne les rend pas toujours heureux ni sympathiques d'ailleurs.

L'auteur nous entraîne dans des conférences obscures, des congrès miteux, au sein d'un univers d'érudits plus ou moins imbus de leur personne.
Entre comédie et dérision, nous arpentons des amphithéâtres, des salles de cours désertées pendant les congés scolaires, des cantines transformées pour quelques jours en bar à sherry, des dortoirs métamorphosés en chambres d'hôtel pour des invités prestigieux, et tout ça, avec un sourire amusé au coin des lèvres car David Lodge manie l'ironie avec brio.
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Roman après roman, David Lodge devient un classique des lettres anglaises, qu'il marque par son humour noir, et ses textes originaux. Un tout petit monde est un de ses plus connus, et le plus réussi. Il y dénonce d'une manière extrêmement fine les dérives du monde universitaire, en montrant ses « habitants » passant de congrès en congrès, plus ou moins miteux, plus ou moins courus, plus ou moins intéressants. Si le début est un peu désarçonnant puisqu'on suit plusieurs personnages en parallèle, petit à petit Lodge nous met à l'aise en nous faisant voir les liens plus ou moins extravagants et tortueux qui existent entre eux.

L'ère du campus global était déjà arrivée en 1984, date d'écriture du roman, et ce que j'en sais aujourd'hui montre que cela n'est pas tellement différent aujourd'hui. Les universitaires courent de congrès en congrès qu'ils sont les seuls à comprendre, et se détachent de plus en plus du monde réel, ce qui rend leurs études et leurs déplacements totalement obscurs pour le grand public. « [Après plusieurs années], il était possible d'arriver au grade de professeur et de ne rien avoir à faire d'autre qu'être absent en permanence grâce à un congé sabbatique ou à une bourse quelconque. »

Difficile de vous en dire vraiment plus sur ce roman atypique. Une seule chose de sûre : je ne verrai plus jamais les universitaires comme avant … Si vous voulez rire intelligemment, n'hésitez plus !

« Freud définissait la société primitive comme une tribu où les fils tuent le père lorsqu'il vieillit et devient impuissant, et lui prennent aussi ses femmes. Eh bien, dans la société académique moderne, ils vous prennent vos bourses de recherche. Et vos femmes aussi, bien sûr. »
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Que se passe-t-il ?
Je ne partage pas l'enthousiasme d'Umberto Eco (loin s'en faut) et pourtant..
Pourtant, j'ai apprécié pleinement chaque minute passée dans ce "roman de campus"

Lodge nourrit sa trilogie, ayant pour cadre le monde universitaire, de sa propre expérience doctorale et séduit son lectorat d'une façon un peu mystérieuse.
Car j'ai beau le voir arriver, de très loin ; ne pas même sourire, parfois à ce qui se voudrait (peut-être) désopilant ; j'en redemande quand même

C'est drôle, oui, mais de toutes les manières possibles.
Un peu "étrange", donc ; complètement là où on l'attend (très anglais) mais surprenant dans son approche ( très anglais 2×)

En fait, Lodge s'amuse tellement lui-même qu'il est invariable qu'à un moment ou un autre, il vous entraîne..
Je ris franchement lorsque le danseur l'emporte sur le théoricien moqueur ; plutôt que dans une connivence intellectuelle, pour le trait comique en lui-même (la révélation subite ou plus simplement, le décalage)

Je ris, je ris... Bon, 2 x très exactement et 2x très différentes.
Et voilà que ça redevient sexuel !
Je n'y peux rien si, chez l'auteur, c'est une sorte de métaphore filée : l'amour..l'humour..le sexe...la littérature
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Les colloques internationaux de littérature anglaise moderne forment un tout petit monde. Quand un sujet devient très spécialisé, que la réunion soit organisée à Londres, à New York, à Tokyo ou à Athènes, ce sont toujours les mêmes têtes que l'on croise, et qui disent toujours les mêmes choses. Et qui dit cercle clos dit guerres d'ego et guerres de clan, coups de poignard dans le dos et flagorneries éhontées dans le but d'obtenir la meilleure chaire, népotisme pour placer ses poulains, ainsi que romances et infidélités.

L'introduction d'Umberto Eco résume parfaitement le livre : que vous connaissez le monde universitaire ou non, à la fin du roman, vous avez l'impression d'avoir toujours vécu dedans. Tout semblera familier : les mille et une mesquineries que l'on peut se faire entre collègues, les petites vexations éternellement rabâchées, la riche héritière qui se proclame marxiste, le professeur qui voit des symboles phalliques partout, celui qui a eu une seule bonne idée au début de sa carrière et la met à toutes les sauces depuis, …

La première partie du roman m'a particulièrement plu : un colloque est organisé au fin fond de l'Angleterre. Censé redorer le blason de l'université organisatrice, rien ne se passe comme prévu : la nourriture est mauvaise, les invités logent dans les chambres d'étudiants désertées pour les vacances d'été, les activités proposées se révèlent toutes plus minables les unes que les autres… Au vu de tous ces désagréments, personne ne viendra même à se poser la question de la qualité des conférences.

La suite est plus monotone : après la découverte de ce premier colloque raté, on passe à des intrigues un peu plus travaillées avec les mêmes protagonistes, mais qui n'apportent plus vraiment grand-chose de neuf au propos du livre. Seul le personnage de Persse, jeune professeur novice dans ce milieu et découvrant tout avec des yeux innocents, m'a sauvé de la lassitude avant la fin du roman.

Un bon moment de lecture quand même, mais un brin trop long à mon goût.
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Nous assistons à l'extraordinaire chassé-croisé de professeurs d'universités à travers le monde ; de Rummidge à New-York, en passant par Ankara, Milan, Amsterdam, Jérusalem, Tokyo...
David Lodge dépeint avec une férocité pleine d'humour les tribulations d'une tribu universitaire - les spécialistes en critique littéraire - dont les spéculations intellectuelles hermétiques sont prétextes à des congrès internationaux où ils se retrouvent régulièrement mélant allègrement ambitions professionnelles, visites touristiques, loisirs et rencontres sexuelles. Entre deux aéroports, deux décalages horaires, deux conférences, ils se retrouvent, se perdent à nouveau, mais malgré les milliers de kilomètres ne sont jamais bien loin les uns des autres. le plus jeune d'entre eux, un Irlandais encore puceau, poursuit de colloque en colloque une belle et mytérieuse jeune fille au double visage qui sans cesse lui échappe.
Cette formidable épopée au rythme très soutenu va se terminer en apothéose par un coup de théâtre final digne des meilleures comédies classiques...
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critiques presse (1)
Telerama
18 janvier 2012
Mais Un tout petit monde est avant tout un livre culte, comme l'écrit Umberto Eco dans sa préface, d'un humour infini, admirablement construit et d'une acidité réjouissante.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
La chambre de Fulvia était un octogone douillettement moquetté dont les murs et le plafond étaient recouverts de miroirs rosés qui multipliaient chaque geste comme un kaléidoscope . Toute une ribambelle de Fulvia émergèrent , nues comme La Vénus de Botticelli, de l'écume blanche des robes tombées par terre et convergèrent vers lui avec leurs cent bras tendus. Toute une équipe de footballeurs , sosies de Morris Zapp, se déshabillèrent avec un empressement gauche et se retrouvèrent en caleçons, et leurs grosses pattes velues s'agrippèrent à des enfilades de fesses en forme de pêches qui se perdaient à l'infini.
"Ca vous plait ? " murmura Fulvia, tandis qu'ils se caressaient et se débattaient sur les draps cramoisis de l'énorme lit circulaire.
"Stupéfiant ! Dit Morris. On a l'impression d'assister à une orgie, sur une chorégraphie de Busby Berkeley.

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Nous sommes en juin, et la saison des colloques bat son plein. À Oxford et Rummidge, il va sans dire, les étudiants sont encore assis à leurs pupitres dans les salles d'examen, tels des prisonniers que l'on a mis aux fers, mais leurs professeurs, quant à eux, peuvent s'échapper pour quelques jours avant de s'atteler à la correction des copies d'examens ; en Amérique du Nord, en revanche, le second semestre de l'année universitaire est déjà terminé, les copies sont déjà corrigées, les diplômes distribués et les professeurs, enfin libres, peuvent profiter de leurs bourses de voyage et partir vers l'est ou l'ouest, ou aller au gré de leur fantaisie. Vrrrrrouuuummm!

Tout le monde universitaire semble être en transhumance. La moitié des passages sur les vols atlantiques en ce moment sont des professeurs d'université. Leurs bagages sont plus lourds que la moyenne, lesté qu'ils sont de livres et de papier – volumineux aussi, car ils doivent prévoir des tenues habillées aussi bien que des vêtements de sport, ce qu'il faut pour assister à des conférences ou pour aller à la plage, ou encore au British Museum, ou au Schloss, ou au Duomo, ou au Folk Village. Car si cette ronde des colloques est aussi fascinante, c'est parce qu'elle permet de convertir le travail en jeu, de combiner tourisme et activité professionnelle, et tout cela aux frais de la princesse. Grattez une communication et vous verrez le monde ! Je suis Jane Austen – Donnez-moi des ailes ! Ou Shakespeare, ou T. S. Eliot, ou Hazlitt. Tous vous donnent droit à un petit tour de manège, à un petit tour en jumbo-jet. Vrrrrrouuuummm!
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Ce texte fait partie d'un livre que Désirée essaie d'écrire depuis plus de quatre ans, un livre qui doit combiner réalité et éléments romanesques - fiction, critique, confessions et spéculations : un livre intitulé tout simplement "Men". Chaque partie porte en exergue un proverbe ou un aphorisme bien connu sur les femmes dans lequel le mot clé a été remplacé par "homme" ou "hommes". Elle a déjà écrit : "Fragilité, ton nom est homme", "Furieux comme un homme délaissé" et "Les hommes vicieux vous harcèlent. Les hommes vertueux vous ennuient. C'est la seule différence entre eux." En ce moment, elle est en train d'écrire sur la célèbre formule, évidemment inversée, où Freud avait clamé son embarras : "Que désire l'homme ?" La réponse, selon Désirée, est "Tout - et encore un peu".
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Il promenait son nez partout sur son corps, captant des odeurs de rivage, de flaques entre les rochers ; la peau à l'intérieur de ses cuisses était aussi tendre que la chair d'un champignon qu'on vient de peler ; elle avait un goût de fraîcheur et de sel, comme un mollusque qui sort de l'eau. "Ah, gémissait-elle, c'est divin."
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Sous une autre latitude, mais pratiquement à la même longitude, Akira Sakazaki, assis en tailleur dans sa cabine moquettée en plein ciel, corrige des devoirs - des exercices de grammaire anglaise faits par ses étudiants de première année à l'université. [...]
"Small beer", dit Akira à haute voix ; ce travail est en effet de l'amusette pour le traducteur de Ronald Frobisher qui sourit de toutes ses dents. "Small beer" est une expression anglaise dont il n'a appris le sens que ce matin en lisant une des lettres du romancier.
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