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Benoît Meunier (Traducteur)
EAN : 9791094936238
300 pages
Les Éditions Bleu & Jaune (09/06/2022)
4.13/5   26 notes
Résumé :
Basé sur des événements réels, ce roman à succès contient deux intrigues qui se déroulent sur deux plans spatio-temporels différents. Dans un petit village tchèque, la famille de Mira, âgée de neuf ans, succombe à une épidémie de typhus dans les années 1950. Elle se retrouve avec son étrange tante Hana, avec qui Mira passe toute son enfance et son adolescence. Plus tard, elle découvre des faits cachés sur le passé de Hana et l'histoire tragique de sa propre famille,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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La désobéissance et l'insolence, suivies d'une punition de dessert va sauver la vie de Mira, dont la famille sera décimée en 1954 par une épidémie de typhus dans la ville tchèque de Mezirici. Un incident banal au départ s'avérera très grave par la suite, changeant le cours de la vie de la petite fille de neuf ans…. Ainsi débute cette histoire intéressante inspirée de la réalité, où le personnage du titre du roman Hana, la tante de la petite qui la recueillera, est une femme étrange, solitaire et muette, aux pieds enlisés dans le vase d'un passé douloureux , dans le contexte terrible de la Deuxième guerre mondiale et de l'Holocauste….. Ce passé délivrera les clefs des énigmes des destins des deux femmes, qui finiront par se croiser.
La pudeur, l'ingénuité et l'intelligence de la petite Mira nous happe dès les premières pages. Malgré le drame, son courage et sa maturité précoce lui permettront d'affronter la vie de front, comme l'avait fait sa tante, beaucoup moins chanceuse, revenante du camp d'Auschwitz. Son nom Mira , qui signifie, dit-on, « paisible, aimable et miraculeuse », elle nous l'interprète avec humour, “Paisible, je ne le suis certainement pas; pour ce qui est d'être aimable, je m'y emploie; quant aux miracles, c'est bien simple: ils m'accompagnent depuis ma naissance. Mon arrivée dans ce monde fut un miracle, c'est par miracle que j'ai survécu à l'épidémie de typhus de ma ville, et d'autres miracles m'aideront certainement à accomplir mes rêves “.
Une très belle rencontre pour moi cette écrivaine tchèque qui raconte d'une langue simple mais éloquente , l'homme dans toute sa complexité, les faces de sa personnalité kaléidoscopique changeant selon les circonstances et ses difficultés.
Acclamée dans son pays et découverte grâce à ma curiosité pour les parutions des petites maisons d'édition, qui souvent dénichent de vrais joyaux littéraires à travers le monde, un livre aux nombreux prix littéraires dans son pays, traduit en quatorze langues, à ne pas passer à côté. Autrice déjà de cinq livres, c'est son premier roman traduit en français.

“…l'obscurité était épaisse, les réverbères étaient éteints et les fenêtres calfeutrées à cause des risques de bombardements, de sorte qu'elle ne voyait rien , et même si elle tendait l'oreille, le grondement de la rivière et ses propres sanglots couvraient les pas lourds et traînants et les soupirs de ceux qui allaient à la rencontre de l'éternité . »
( le départ pour Terezin)
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« … mes parents me donnèrent le nom de Mira, ce qui signifie, dit-on,
« paisible, aimable et miraculeuse ». Paisible, je ne le suis certainement pas ; pour ce qui est d'être aimable, je m'y emploie ; quant aux miracles, c'est bien simple : ils m'accompagnent depuis ma naissance. Mon arrivée dans ce monde fut un miracle… »

Si on devait résumer de façon réductrice ce très beau roman d'Alena Mornštajnová, on pourrait dire qu'il s'agit de l'histoire d'une petite orpheline, Mira, qui est adoptée par une tante très étrange, et que cela se déroule dans l'entre-deux-guerres en Tchécoslovaquie…
Mais ce roman s'ouvre par un événement tragique qui s'est réellement produit et que l'auteure a tiré de l'oubli parce qu'il avait touché aussi sa propre famille : une grande épidémie de fièvre typhoïde en 1954, qui s'était produite dans sa ville natale à Valašské Meziřiči, en Moravie, à cause de la pollution de l'eau d'un puits.
La 1re de couv. du livre, illustrée par un petit chou à la crème recouvert de glaçage, désigne le responsable de la diffusion du mal.

C'est l'hiver, et Mira va à la rivière gelée pour chevaucher des blocs de glace, bien que ses parents lui aient interdit d'y aller jouer… Et pour punition, elle sera privée de dessert… Tout le monde va manger ces petits choux à la crème sauf elle…
Mira, alors âgée de 9 ans, va perdre toute sa famille et va se croire seule au monde.
Ce ne sera qu'après un certain temps qu'elle découvrira que sa tante Hana, qui a également contracté la maladie et passe pour morte, a finalement survécu dans un hôpital éloigné et revient à la vie après une longue et douloureuse convalescence.

Sa tante Hana est une femme très étrange, pour laquelle Mira éprouve d'abord de la répulsion, parce qu'elle est mutique, semble mentalement toujours absente, déteste qu'on la touche, ne sourit jamais, et parce que son apparence physique est déplorable, étant donné qu'elle est très maigre, a la bouche édentée, s'habille toujours en noir et que ses cheveux sont complètement blancs alors qu'elle est encore assez jeune…
Mais Mira finit par se faire à l'idée que cette tante est son unique possibilité, son unique espoir dans la vie. Et la tante et la petite nièce vont commencer à vivre ensemble…
C'est alors que Mira va petit à petit découvrir le passé d'Hana et les méandres de l'histoire tragique de sa famille juive…

Qu'on ne s'y trompe pas, ce roman n'est pas un livre sur l'Holocauste. C'est plutôt l'histoire de trois générations d'une famille juive, représentée par trois personnages féminins : Elsa, Hana, et Mira, respectivement la mère, la fille et la petite-fille. Dans cette histoire qui commence dans l'entre-deux-guerres, on suit les relations compliquées entre les membres de la famille et leur entourage, leurs amours, leurs croyances, leurs espoirs et aussi leurs déceptions, leurs malheurs, leurs trahisons et leurs fautes, commises dans les moments décisifs de leur vie.

Hana est de ces êtres malheureux qui apportent le malheur à eux-mêmes et à leurs proches. Presque toutes les décisions qu'elle prend dans les moments cruciaux de sa vie, tournent au désastre.
En fait, ce que Hana prend pour sa faute, ce qu'elle se reproche, n'a jamais été fait avec une mauvaise intention… Elle ne pouvait pas prévoir la façon dont ses décisions changeraient son destin…

Sans trop en dire et pour permettre à chacun de découvrir lui-même ce roman, on peut révéler peut-être au moins qu'au début, la vie de Hana est pleine de promesses. Adolescente, elle est belle, croit au bonheur, à l'amour et à la fidélité, et elle ne se rend même pas compte qu'elle est juive. Mais ses espoirs fragiles sont balayés par les secousses de la grande Histoire, la guerre et la haine raciale.

« S'il y a quelque chose qui teste l'authenticité de la vie humaine, c'est la souffrance. Et s'il y a bien quelque chose qui dévalorise la vie, c'est bien la souffrance que l'on inflige aux autres… »
Alena Mornštajnová nous montre de manière très authentique comment la vie des Juifs en Tchécoslovaquie avait changé en quelques années.

L'histoire de la vie de la triste héroïne de ce roman fait surgir de nombreuses questions : dans quelle mesure sommes-nous responsables des vicissitudes de nos vies ? Avons-nous le droit de juger les autres, alors qu'on ne sait jamais ce qui a formé un homme, pourquoi il est tel qu'il est, pourquoi il dit ce qu'il dit, quelles sont ses expériences ?
« Ne juge pas ton prochain avant de te trouver à sa place » dit le proverbe !

Cette histoire, qui est basée sur des événements réels, est décrite par Alena Mornštajnová sur un rythme palpitant et avec un grand sens du drame, et en tant que lecteur, on a l'impression de regarder un film fascinant. D'ailleurs, le réalisateur Milan Cizler qui prépare un film basé sur ce roman, a dit à Alena Mornštajnová qu'il était facile pour lui d'écrire le scénario du film parce qu'en lisant son livre, il voyait des images !
Une pièce de théâtre a aussi été adaptée de ce roman, et est jouée par le Théâtre National de Brno -capitale de la Moravie- depuis juin 2019.

Ce très beau roman est écrit avec une fine introspection psychologique.
La plume d'Alena Mornštajnová est indéniablement talentueuse. C'est magnifiquement et respectueusement écrit, et on est littéralement happés par cette douloureuse histoire très forte.
Ce livre, déjà traduit en quatorze langues, a été plusieurs fois récompensé, y compris avec le Prix du livre tchèque en 2018.
On comprend aisément pourquoi l'auteure s'impose comme l'un des principaux écrivains contemporains tchèques.

« Hana » est une histoire prenante et une démonstration de détermination humaine. C'est pour moi un livre culte et un vrai coup de coeur. Je le recommande vivement et je lui accorde un évident 5/5 !
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Si vous ouvrez ce livre, vous découvrirez que la petite fille, privée du dessert appétissant de la couverture, a bien plus à nous raconter que ce que laisse supposer le résumé.
Alena Mornštajnová entre dans la tragédie à pas légers, sans le moindre pathos, bien consciente que le drame peut surgir au détour des actes les plus anodins, mais aussi par la force de l'Histoire.

Mira, la première narratrice du roman, n'aurait jamais eu l'intention de descendre la rivière sur une plaque de glace s'il n'y avait pas eu le redoux et le désir de se mesurer aux garçons. Et si elle n'avait pas désobéi à sa mère, elle aurait mangé des choux à la crème pour le dessert. Et elle aurait ainsi été contaminée par le typhus apparu dans l'eau d'un puits qui alimentait la boulangerie.
L'autrice raconte en entretien que cette épidémie s'est effectivement produite à Valašské Meziříčí, son village natal en 1954 et elle choisit de dédramatiser cet épisode tragique en donnant pour devise à une petite fille que désobéir peut vous sauver la vie. A plusieurs reprises, elle soulignera l'ironie du sort qui transforme un geste du quotidien en accident mortel, comme la blessure fatale du grand-père qui n'avait pas écouté les conseils de sa femme.

Mira va donc se retrouver orpheline, placée dans une famille dont les enfants veulent l'assassiner par jalousie, puis recueillie par sa tante Hana qui survit parce qu'elle avait déjà contracté le typhus. Pour une petite fille, Hana représente une présence desincarnée si justement exprimée.
"Du reste, je l'avais rarement entendue prononcer le moindre mot, car elle ne parlait presque jamais, elle se contentait de regarder. D'un regard étrange. Comme si elle regardait sans voir. Comme si elle était partie, mais avait oublié son corps sur sa chaise. Par moments, j'avais peur qu'elle ne s'effondre, et qu'il ne reste d'elle, par terre, qu'un tas de frusques noires. "

En effet, Hana est ce personnage énigmatique qui donne son nom au titre du roman et qui cache un lourd secret derrière sa maigreur, son mutisme, son rejet du contact physique et les tranches de pain dont elle remplit ses poches.
Pourtant, malgré le traumatisme que l'on devine, la connexion s'établit entre l'enfant et sa tante, suffisamment en tous cas pour que toutes deux organisent une vie commune.
« Nous formions un couple étrange. Une femme fatiguée affublée d'un pull-over noir et étiré, une jupe longue, des chaussures montantes et un fichu qui lui descendait jusqu'au milieu du front menait à travers la ville une petite fille de neuf ans aux cheveux hirsutes, en pleurs, et qui ne portait qu'une légère blouse à boutons et une paire de savates aux pieds. »

Dans une deuxième partie intitulée "Ceux qui m'ont précédée. 1933-1945", Mira raconte la vie de sa grand mère Elsa, la jeunesse d'Hana et de Rosa et aborde la question de la judéité de sa famille.
A l'échelle individuelle, l'autrice pose ici la délicate question de ce que peut être l'identité juive.
"Je ne pouvais pas être juive, puisque je ne savais même pas ce que ça voulait dire".

Cette découverte correspond à la montée au pouvoir d'Adolf Hitler, et au climat de tension qui commence à peser sur la Tchécoslovaquie. Elsa, comme d'autres avec elle, refuse de croire au danger en pensant que l'époque des pogroms est révolue. Mais progressivement, les relations entre les habitants se dégradent pour révéler un antisémitisme latent.
"Croyez-moi, personnellement, je n'ai rien contre qui que ce soit, Jaroslav. Mais il faut reconnaître que les Juifs ont toujours posé des problèmes, et ce n'est pas un hasard si ce sont eux qui gênent Hitler, justement."

De Terezin à Auschwitz, la vie d'Hana va basculer dans l'horreur.
Pour la troisième et dernière partie, Alena Mornštajnová donne justement la parole à Hana qui, tout en témoignant de son expérience des camps, exprime la force des liens du sang et l'affreux sentiment de culpabilité qu'elle doit affronter.

Si la construction du roman peut sembler périlleuse, elle fonctionne parfaitement parce que l'autrice sait ce que veulent dire ses trois héroïnes : fille, grand-mère et tante. Ces parcours de femmes sont jalonnés d'épreuves sans jamais être larmoyants. On y voit le destin à l'oeuvre, de la lâcheté, de la cruauté, de la jalousie, de la peur et des traumatismes mais aussi des personnalités fortes qui ont des souvenirs pénibles, " mais il y en a de plus en plus qui (me) donnent envie de vivre."

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A 9 ans, Mira se voit obligée de partager la vie solitaire et silencieuse de sa tante Hana. Alors qu'une épidémie de typhus fait des ravages dans leur petit village de République Tchèque, ses deux femmes, qu'aucun lien ne rassemble, vont apprendre à vivre ensemble, à trouver un sens et une place dans cette existence…

Ce roman est une pure merveille, un bijou, un concentré d'émotions. Alena Mornstajnova arrive à nous envoûter avec une histoire terrible, un énième récit sur l'horreur des ghettos et des camps de concentration, et sur la survie miraculeuse d'une âme anéantie.

C'est avec Mira que l'histoire commence. Cette enfant rebelle perd sa famille et se voit contrainte de vivre avec Hana, cette tante mystérieuse qui n'ouvre la bouche que pour manger les bouts de pain qu'elle garde dans ses poches.
Rien est épargné à cette enfant : solitude, brimades, isolement. Mais il lui en faut plus pour s'avouer vaincue. Avec patience et persévérance, Mira va réchauffer le coeur d'Hana. Elle ne connaîtra jamais son histoire, mais elle chassera les fantômes et fera disparaître le brouillard.

La chronologie du roman est parfaite. Aucun temps mort, aucune répétition, juste un fil fragile et distendu qui relie tous les personnages.
C'est une histoire que beaucoup on dû lire, entendre, voir ou même vivre… C'est une histoire de deuils, de regrets, de renoncements… C'est une histoire d'ombres, de ténèbres, de cauchemars…

Mais c'est aussi une histoire de courage, de combats, d'espoirs et de renaissance…
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Ce roman tchèque est construit sur deux époques.
En nous amenant à plonger dans le passé d'Hana, la tante bizarre de Mira, nous allons découvrir la vie et le destin tragique d'une famille de confession juive installée à Meziříčí, village de Tchécoslovaquie, avant et après la guerre.
Bien sûr, on s'interroge sur la couverture de ce livre. Un gâteau rose sur fond noir … et pourtant, c'est bien un chou à la crème qui va irrémédiablement modifier le cours de la vie de Mira 9 ans, seule rescapée de l'épidémie de tiphus qui sévit en 1950 dans la ville de Meziříčí et décime sa famille. Il ne reste qu'Hana, cette drôle de tante vêtue de noir, silencieuse et fantasque qui inquiète tout le monde et n'enthousiasme vraiment pas la petite Mira.

Dans la deuxième partie, le narrateur est Hana. Et c'est sa vie que l'on découvre. Sa jeunesse, ses amours, ses espoirs, son destin qui bascule.
J'ai beaucoup aimé la première partie. Bien sûr, j'ai très vite compris que l'énigme d'Hana et de ses troubles comportementaux allait nous amener à explorer son passé dans la deuxième partie, et le spectre d'Auschwitz a commencé à se profiler.

En ce moment, les récits littéraires se référant à cette période de la deuxième guerre mondiale, au nazisme et à la shoah sont nombreux. Ca dit quelque chose de notre époque, dont les options politiques inquiétantes sont étrangement comparables.
L'angle de ce récit est original et sa lecture m'a appris beaucoup de choses sur la façon dont le nazisme s'est imposé aux Tchèques. On y retrouve les thématiques de l'antisémitisme latent, de la lâcheté, de la cruauté et de l'opportunisme des humains. Mais on y découvre aussi, par-delà l'incommensurable souffrance des déportés survivants, la puissance de l'amour.
Malgré quelques défauts de traduction, la plume est alerte et la lecture captivante.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La nuit, le grenier était tout à fait différent du jour. Heureusement, nous étions en juin, le soleil se couchait tard et les nuits étaient chaudes, mais j’aimerais ne jamais revivre la terreur qui me saisissait à chaque bruit, chaque craquement. La lumière de la Lune passait par les lucarnes, les objets projetaient des ombres sinistres et le vieux bois poussait des grincements. Si je ne m’enfuis pas, c’est uniquement parce que j’avais peur de traverser tout le grenier, de descendre l’escalier et de franchir l’appartement et la boutique vides. Je préférai me pelotonner sur le lit de fer sans faire un mouvement, pour qu’il ne grince pas et n'attire pas l’attention des monstres dissimulés dans la pénombre. La peur m’empêcha tout à fait de m’endormir. A l’aube, je sortis de la maison comme une flèche et partis en courant à travers les rues désertes dans le petit matin.
J’espérai vaguement que tante Hana n’aurait pas remarqué mon absence. Mon propre comportement me paraissait soudain puéril et stupide.
Tante Hana ne dormait pas. Elle n’avait même pas enfilé sa chemise de nuit. Elle était assise à la table de la cuisine, et, même si elle ne dit pas un mot,
je sus qu’elle m’avait attendue. Et qu’elle avait eu peur pour moi.
Je m’agenouillai devant elle, prit dans mes bras sa taille fine et j’éclatai en sanglots.
-Pardon. Je t’en prie, pardonne-moi.
Je posai mon front sur ses maigres jambes habillées d’une jupe noire, pleurant et tremblant de tout mon corps. Ma tante ne répondit rien.
Elle leva la main et me caressa la tête.
Moi qui savais bien à quel point elle avait horreur du contact physique, je compris qu’il s’agissait du plus haut signe d’attachement qu’elle était capable de me donner. Et, ce matin-là, le lendemain du jour de mes treize ans, je compris qu’il y avait tout de même quelqu’un pour m’aimer.
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Mais depuis quand le fait que les gens soient gentils, ou méchants avait-il la moindre importance ? Y avait-il encore quelqu’un pour croire que la vie était juste ?
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Hana alla chercher dans la petite bibliothèque de la chambre qu’elle partageait avec Rosa le gros volumes de Tolstoï dont l’humanité n’avait guère tiré de leçons, car les gens qui lisent les classiques sont suffisamment intelligents pour comprendre l’absurdité de la guerre sans qu’on ait besoin de leur décrire sa cruauté, tandis que ceux qui auraient besoin d’en apprendre un peu plus ne lisent jamais ce genre de livre trop sage.
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Ils m’ont conseillé d’oublier parce qu’ils ne voulaient pas entendre ce que je pourrais raconter. Mais leur peur était inutile. Je ne pouvais pas oublier. Mes souvenirs sont tatoués dans ma tête comme le numéro sur mon avant-bras. Mais les raconter, ça, je ne pourrais pas.
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Tante Hana était bien le seul adulte que je n'avais jamais entendu prononcer le mot "défendu". Du reste, je l'avais rarement entendue prononcer le moindre mot, car elle ne parlait presque jamais, elle se contentait de regarder. D'un regard étrange. Comme si elle regardait sans voir. Comme si elle était partie, mais avait oublié son corps sur sa chaise. Par moments, j'avais peur qu'elle ne s'effondre, et qu'il ne reste d'elle, par terre, qu'un tas de fresques noires.
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