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EAN : 9782070342525
400 pages
Gallimard (01/02/2007)
3.61/5   210 notes
Résumé :
Au début des années soixante, dans la forêt qui entoure une petite ville de Bavière faussement paisible, a lieu un drame effroyable que le secret et le silence recouvrent bien vite. Paul Marleau est un adolescent français qui séjourne en Allemagne chez un correspondant. Il fait la connaissance de Clara, fille d'un ancien médecin de la Wehrmacht. Enfants de la paix, ils comprennent que des «fêlures de guerre» se propagent dans la douceur apparente de leur époque. Gue... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (30) Voir plus Ajouter une critique
3,61

sur 210 notes
Le rire de l'ogre est assurément un roman où rien n'est simple et lumineux ; tout est inquiétant, sombre, voire terrifiant à l'image de cet ogre pas encore affamé qui surprend deux jeunes enfants égarés s'aventurant dans la forêt, et qui fait résonner son rire plein de cruauté tout au long de ce roman …oui, c'est un conte fantastique qui sert de bobine de fil qu'il faut tirer pour dérouler un récit énigmatique.

Au début des années soixante, Paul Marleau, jeune garçon timide et introverti, passe l'été dans un village allemand qui garde enfoui dans sa mémoire un drame terrible lequel va hanter durablement et implicitement la conscience du garçon et de Clara, rencontrée dans ce village bavarois. Ce drame évoque la résurgence des horreurs de la guerre ou comment le massacre d'enfants juifs commis par la Wechrmacht va pénétrer l'esprit et la chair d'un de ses officiers revenu à la vie normale mais qui ne connaîtra pourtant la paix qu'en égorgeant ses propres enfants dans la forêt noire surplombant la vallée de Kehlstein, à la manière d'un ogre affamé.
Bien qu'épargnés par la guerre, Paul et Clara se découvrent inaptes au bonheur une fois adultes, comme si leur âme était imprégnée des mêmes blessures secrètes provoquées par cette guerre qu'ils n'ont connue, comme s'ils étaient eux-mêmes broyés par une guerre invisible.
Unis par un lien puissant et énigmatique, ils vont chacun de leur côté tenter de comprendre tout au long de leur vie ce mystère de l'horreur humaine. Devenus sculpteur et photographe de guerre, ils n'auront d'autres outils que la gradine et l'appareil photo pour exprimer leur vision de la monstruosité dont est capable l'homme.

Avec ce roman, Pierre Péju explore les effets du passé, ces traumatismes qui peuvent se cristalliser même sur ceux qui sont étrangers aux tourments du chaos. La mémoire se révèle alors vivace tellement elle est étouffante, violente tellement elle est sombre, et ce d'autant plus qu'elle affecte des adolescents. A l'âge où le cerveau est perméable à tout ce qui l'entoure, les fantômes du passé ne pouvaient que s'accaparer ces esprits fragiles.
Indubitablement, c'est un passé chevillé au corps qui ne laisse pas indemne ses héros que nous raconte l'auteur.
Toutefois, dans cette ambiance obscure l'écriture de P. Péju apparaît paradoxalement lumineuse et même romantique tant il maîtrise la description des ressorts psychologiques de ses personnages. Il pose un regard clairvoyant, pénétrant sur les évènements et les émotions qui agitent Paul, avec une finesse d'esprit qui sied à un philosophe. Jamais d'excès de sensibilité, mais une écriture raffinée qui parvient à rendre visible ce qui relève de l'imperceptible…une prose qui éclaire une trame constellée d'énigmes et de mystères qui ne font qu'intensifier l'atmosphère inquiétante.

Cependant, la césure du roman entre l'adolescence et l'âge adulte de Paul m'a laissée perplexe. Cette césure révèle deux univers différents qui m'ont laissé suggérer qu'il y avait peut être deux romans tant la tonalité est dissemblable. La première partie déborde de tristesse, de brume et même de malaise.... avec un index particulièrement appuyé sur une inquiétude trop mystérieuse, l'atmosphère est parfois pesante. La narration s'en trouve affectée. le désespoir apparaît démesuré et les coeurs en ruine tant l'auteur s'attache à marquer le drame au burin…Heureusement la seconde partie n'obéit pas aux mêmes codes. Peut être parce qu'avec le temps, Paul a pu accéder à une certaine sérénité et qu'il n'est plus l'adolescent ombrageux au regard grave et intransigeant.
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C’est l’histoire de la vie de Paul, un sculpteur français. Au début du livre, nous sommes en 1963, presque vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un jeune garçon français, Paul, passe quelque temps dans un village en Allemagne. Bien que le village ait échappé à la destruction de la guerre, on y trouve quand même les conséquences de la guerre parmi les habitants. Paul est un garçon morose et sensible qui a perdu son père quand il avait 12 ans. Son père, un héros de la résistance française, a été assassiné. On n’a jamais pu résoudre ce meurtre. Pendant son séjour en Allemagne, Paul rencontre une jeune fille allemande, Clara. Elle fait une grande impression sur lui. Clara est une fille énigmatique qui pour une quelconque raison intrigue Paul. Après être revenu chez lui en Paris, Paul rencontrera Clara de temps en temps pendant le reste de sa vie.

C’est un livre difficile à critiquer. J’ai aimé le style de l’écriture, les descriptions de la nature, du village allemand, les habitants, toutes ces descriptions sont belles et parfois poétiques. Les thèmes sont aussi intéressants : les conséquences psychologiques de la guerre pour les survivants en général, mais, peut-être, aussi les effets d’une perte d’un parent pour le caractère et pour la vie affective d’un enfant.
Or, je trouve le livre un peu déséquilibré. Le début et le premier tiers du livre sont excellents ; l’ambiance méchante de la nature, les émotions de Paul, elles sont vraiment crédibles. En effet, cette première partie du livre aurait été une très belle nouvelle, je le donnerais cinq étoiles. Cependant, la deuxième partie du livre ne m'a pas plu. C’est la partie sur la vie de Paul après son retour d’Allemagne à Paris jusqu’à son mort en 2037. Il y a quelques rencontres avec Clara et nous découvrons finalement le secret de l’assassinat de son père. Malheureusement, l’histoire ne devient pas vraiment captivante. Les plus importants personnages de sa vie, sa mère, Clara, son épouse Jeanne, elles restent plates, ils sont des figurants sans vrai intérêt. Il y a des événements intéressants, Paul assiste même à « la révolution » de 1968 à Paris, mais l’histoire reste superficielle.

Le livre n’est pas mauvais. La première partie est vraiment promettant, mais la suite est décevante et manque de profondeur et les personnages et les sentiments manquent de la couleur. Le livre a gagné le Prix du roman Fnac en 2005.

Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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1- le style est surprenant : j'ai mis un peu de temps à rentrer dans le livre mais peu à peu, la beauté des mots, le charme éthéré des phrases, la musicalité des émotions, la peinture des lieux m'ont séduite.
2- l'histoire qui "décrit" toute une vie, celle de Paul de son adolescence à sa mort, entrecoupée de ses rencontres, notamment celles, existentielles, de Clara et de Jeanne, est elle aussi surprenante. Certaines de ses "quêtes" resteront à jamais mystérieuses (l'origine du drame de la forêt de Bavière) tandis que d'autres trouveront leur résolution (la mort de son père). Mais elles le poursuivront toute sa vie, l'habiteront jusqu'à lui faire perdre la raison, jusqu'à gouverner sa vie.

ou comment un "évènement" de son enfance, qui n'est absolument pas "traumatique" dans les faits, peut laisser sa trace, s'insinuer de façon durable et profonde dans le paysage futur d'un être.

je ne connaissais pas l'auteur, mais j'ai très envie de le découvrir!
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La guerre est finie, oui, mais le mal, lui, est toujours présent. Après l'horreur, les peuples sont pressés de passer à autre chose, les "trente glorieuses", et à passer sous silence ou à oublier ce passé. Mais comment vivre ou survivre avec ces traumatismes si intimes? Si certains brillent par leur facilité à exister, à jouir, en toute insouciance, d'autres sont marqués à jamais par ce mal. Les personnages principaux de ce roman, deux adolescents, un Français et une Allemande, sont enserrés par leurs angoisses. Ils passeront leurs vies à se chercher, à purger cette douleur. Pour d'autres, la résilience, la culpabilité, la folie, le suicide...

L'auteur utilise le registre du conte avec talent. Un seul regret : les deux parties peuvent sembler inégales.
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Mais quel roman ! Je pense qu'il est d'une richesse sans fin, Péju a trouvé son fil et ses fils et pourrait tirer dessus encore et encore. Mais, comme le sculpteur et sa sculpture qui n'advient qu'en enlevant les couches, qu'en ôtant un superflu pour ne laisser apparaître que la forme et l'idée voulues, Péju a probablement beaucoup élagué dans tout ce qu'il a écrit pour se limiter à moins de 400 pages, me laissant persuadé qu'il a dû en écrire 2000.
C'est là où j'aurais bien aimé avoir été là lors de la conception, lors des discussions avec l'éditeur, avec les primo-lecteurs de Péju, et avoir été dans la tête de l'auteur.
De l'amour, ombre et lumière, de la guerre et de la mort, de la violence et de la cruauté, de l'art à en pleuvoir, des contrastes permanents, une écriture qui pour moi est sans faille, infaillible et pourtant pas tout à fait conventionnelle... Un découpage temporel qui me semble un peu (trop) cinématographique... (Ce livre ferait un brillant film, à l'aide d'un brillant réalisateur.)
Je ne sais pas quoi dire de plus, parce qu'en fait, tout est bien, tout est troublant, tout est beau, tout est affreux... Comme les contes qui sont de sublimes horreurs, on peut entendre l'ogre rire et rire de l'ogre. (Tiens, ce livre n'a aucun humour, et en général ça me dérange profondément, mais ce n'est pas le cas ici.)
Ce livre est le fruit d'un grand travail à coup sûr, et bien sûr jamais l'auteur ne sera suffisamment payé pour ce travail. Qui pourtant montre cette humanité du 20e siècle et tout début du 21e comme elle est. Décadente, simplissime, heureuse, désastreuse, machiavélique, pure, dégueulasse, noire, chienne, lointaine, disparue.
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critiques presse (4)
Pierre Péju revient avec un recueil de nouvelles. Un essai déguisé où se mêlent trois récits qui se font écho et propulse le lecteur dans une réflexion sur la littérature, l'identité, l'art et la mort.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
ActuaBD
13 décembre 2018
D'après un roman de Péju, récit d'amour et de deuil où les personnages n'arrivent pas à faire des choix. Un ton intime au plus près des sensibilités humaines.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
02 octobre 2018
Un album plaisant, à l'étroit dans ses cent-vingt pages.
Lire la critique sur le site : BDGest
BoDoi
24 septembre 2018
Le Rire de l’ogre est une expérience de lecture enrichissante, profonde et originale. Et qui donne immanquablement envie de lire aussi le roman de Pierre Péju.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Prologue

Un ogre vivait dans une contrée ravagée par la guerre. Comme cette guerre avait jeté tout le monde sur les routes et que des bandes de petits orphelins erraient dans les plaines et dans les forêts, il suffisait à l'ogre de marcher un moment au hasard, entre les batailles, les assauts et les pillages, pour trouver de délicieux enfants à dévorer. Ces gosses perdus, sans famille ni demeure, étaient particulièrement succulents.
La guerre était partout. Elle durait depuis si longtemps qu'on avait oublié ses causes. Il n'y avait jamais de victoire totale ni de défaite décisive. On se battait. On s'exterminait. Les loups faisaient le reste. Tuer était devenu une façon de vivre.
D'abord , les pères et les fils s'étaient transformés en guerriers sanguinaires. Peu à peu, la cruauté des femmes et des enfants avait égalé celle des hommes. Malheur à qui se heurtait à une bande d'enfants en armes ou tombait entre les mains de veuves et d'orphelines !

(Folio, 2007)
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La renarde
(Trièves, été, 1987)

Etrange réclusion à mi-chemin. On est en pleine possession de ses forces, mais on se trouve brutalement mis à l'écart de la jeunesse, à laquelle plus jamais on n'aura accès, et encore loin de la vieillesse. et, dans cette solitude insoupçonnable, on se voit contraint de participer avec entrain aux choses de ce monde, condamné au sérieux et à l'efficacité, embarqué avec des femmes et des enfants pour la survie.

(Folio, 2007, p. 324)
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Quand je me souviens de notre vie passée, dans cette maison, dans cette vallée, dans cette ombre profonde du mont Aiguille, j'entends surtout les voix enfantines de Camille et d'Eugène.Ils sont à présent partis faire des études, loin de chez nous, et ne reviennent que rarement.Je me dis que je n'ai pas su m'émerveiller à temps, ni suffisamment, de la présence d'enfants dans ma vie, d'enfants tout chauds, remuants, bavards et enjoués.Je n'ai pas su goûter assez intensément les bons moments du retour de l'école.Entendre leurs questions et leurs rires, à table, dans le jardin, en promenade.Enrichir mon regard de leur regard sur les choses.

( Folio, 2007, p.361 )
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La renarde
(Trièves, été, 1987)

le travail de la pierre a cet avantage qu'il m'a mis très tôt en relation avec le "sans-âge", l'Immémorial. C'est pourquoi mes réussites minuscules n'ont guère d'importance. L'inquiétude persiste. L'incertitude.

(Folio, 2007, p.324)
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La dernière bataille
( Vercors, été 2037)

Avec le temps, c'est un peu comme si rien n'avait eu lieu.Les jeux, les contes, les moments simples et lumineux.
En ce qui me concerne, l'impression tardive de n'avoir pas été capable de m'abandonner au bonheur quand il était là. Un peu comme quelqu'un qui ne parviendrait à aimer les fleurs, la pluie blanche des pétales à la fin du printemps, que dans un paysage couvert de neige, sous un ciel de plomb.

( Folio, 2007, p.376)
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Videos de Pierre Péju (12) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Péju
La marâtre effraie dans les contes de fées, car très souvent, elle est une sorcière. La sorcière marâtre, c'est la femme qui vieillit, qui paraît plus autoritaire et moins soumise. N'est-elle pas avant tout une femme malheureuse dans un monde où vieillir est mal perçu ?
Dans le troisième et dernier épisode de la série "Ce que cachent les sorcières", issu de l'émission "Avec philosophie", Géraldine Muhlmann reçoit : Guillemine Chaudoye, psychologue clinicienne et professeure en psychopathologie clinique psychanalytique à l'université Paris Nanterre. Pierre Péju, philosophe et romancier.
Vignette de la miniature : Getty
#philosophie #sorcière #histoire
Pour écouter la série : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/avec-philosophie/les-sorcieres-dans-l-histoire-realite-ou-realite-fantasmatique-9409949 _________________________ Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
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