Ce recueil a été édité dans et pour la collection anglaise "Poet-to-Poet": un poète fait une sélection de textes d'un autre poète afin de lui rendre hommage. Ici, c'est
Ted Hughes, célèbre surtout outre-manche, qui a opéré cette sélection.
Ted Hughes n'est autre que le mari de
Sylvia Plath, dont il s'était séparé peu de temps avant qu'elle ne se suicide.
Les poèmes sélectionnés sont tirés 4 recueils de la poêtesse, dont la plupart ont été édités à titre posthume. Pour qui connaît la vie de
Sylvia Plath, notamment ses dépressions et ses tentatives de suicides qu'elle décrit dans
la Cloche de Détresse, le contenu de beaucoup de ses poèmes ne sera pas une surprise... Mais, d'un style délicat et, je dirais, parfois sournois, elle nous entraîne dans des profondeurs à la noirceur sans appel, quand on s'attend d'abord à autre chose.
Il faut parfois un moment avant de comprendre qu'elle parle d'hôpital, thème récurrent ici, ou pour qu'on parvienne à la conclusion de ses poèmes, le vide, le silence, le manque de consistance des couleurs et de tout ce qui l'entoure.
Jeune mariée, elle a quelques temps arrêté sa carrière d'écrivain pour laisser la place à son mari, s'occuper de leur maison et de leurs enfants. On retrouve ces thèmes dans ces poèmes, récupérés ensuite par les féministes de cette époque. Je n'entrerai pas dans ce débat, je dirai seulement qu'ici, ces poèmes - choisis à tort par
Ted Hughes pourrait-on dire alors? - sont justement les plus légers et les plus tendres.
La nature, les fleurs, y prennent une large place. Un bouquet de tulipes la tourmente de son lit d'hôpital, vivantes, respirant son oxygène. Les coquelicots flamboient comme des gouttes de sang. Cette nature annonce à la fois l'énergie et le renouvellement de la vie ainsi que sa propre mort, qu'elle désire et semble mépriser tout à la fois. Elle est imposante, mystérieuse, effrayante, semble interagir avec le monde des humains et les menacer dans sa beauté.
Je ne sais pas à quel point la connaissance de sa vie a pu m'influencer dans l'appréciation de ses poèmes, même s'ils ne me semblent pas tous égaux, et ce ne sont pas les plus connus qui m'ont plu, mais j'ai aimé cette manière toute personnelle d'appréhender le monde qui l'entoure.
(lu dans le cadre du challenge Poésie)