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EAN : 9782492835117
160 pages
Éditions du Yéti (05/07/2023)
3.75/5   8 notes
Résumé :
« Pour avoir interrogé un jour ma mère sur le choix de mon prénom, j'ai eu pour seule réponse la précision suivante : "Kalthoum a perdu un fils qui s'appelait Brahim et tu as hérité de son prénom" »

Installé en France au début des années soixante-dix, Brahim Siraj-Dine nous livre des récits où il ne s'agit pas de retrouver ses racines, mais de laisser s'exprimer les liens indéfectibles à la culture première. Le présent y convoque le passé, le passé co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Né à Casablanca et établi en France depuis le début des années soixante-dix, Brahim Siraj-Dine, aujourd'hui septuagénaire, a passé au Maroc le premier quart de sa vie, celui si intense de l'enfance et de l'adolescence, et le reste de l'autre côté de la Méditerranée. Il rassemble ici, en autant de bribes et facettes composant au final le paysage de sa culture première en même temps que le très agréable recueil de nouvelles d'un conteur né, souvenirs et anecdotes de sa vie et de ses séjours au Maroc.


Parti depuis un demi-siècle, l'auteur a beau revenir régulièrement dans le pays de sa jeunesse, force lui est de constater qu'il y est devenu ce qu'il appelle un « marocolon », en tous les cas, un Marocain d'un autre temps, surpris notamment par la disparition des marques et des objets qui lui étaient familiers et sont restés ses petites madeleines de Proust, le Maroc n'étant bien sûr pas resté figé sur son arrêt sur image à lui, au moment de son départ. Etonnement donc, nostalgie parfois, lucidité toujours, accompagnent le regard de l'écrivain sur sa part culturelle, aujourd'hui tout autant qu'hier, indissolublement marocaine.


En quelques pages chaque fois, rarement plus, la narration égrène faits et situations vécus comme marquants ou significatifs et construisant une expérience et un témoignage que l'on s'imaginerait aisément écouter jusqu'au bout de la nuit, suspendu aux lèvres de ce conteur si captivant dans son irrésistible authenticité. D'objets usuels en situations ordinaires – chez le coiffeur, dans un café, sur la plage parmi les joueurs de football, dans la rue à se faire cirer les chaussures… –, d'anecdotes en histoires plus longues, drôles ou terribles, toujours vraies – recherche de la tombe oubliée de l'écrivain Driss Chraïbi, idiot du village au formidable instinct musical, persécutions militaires et policières… –, ce sont ainsi mille détails du quotidien passé et présent, de l'enfance à la circoncision, du mariage aux obsèques, qui, comme l'on feuillèterait un album d'images vivantes auxquelles l'on tient profondément, nous invitent à une plongée hautement affective dans la culture marocaine.


Une nouvelle publication très attachante des éditions du Yéti, tant l'on se prend d'intérêt et de sympathie pour ce narrateur touchant de simplicité et de sincérité, qui sait si bien raconter les histoires et partager sereinement sa part d'âme marocaine.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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BISMILLAH, Brahim Siraj-Dine***
nouvelles marocaines, Editions du Yéti 2023
lecture en octobre 2023
« chacun sa route chacun son chemin » les paroles de Grammont Ray ouvrent les 19 courtes histoires ou nouvelles, dans lesquelles le narrateur retrouve son Maroc de naissance et se laisse envahir par une profonde nostalgie et des réflexions sociales et historiques qu'ils confie au lecteur, comme un partage d'émotions, des retrouvailles émouvantes, des souvenirs gravés pour la vie, entre choc et sages sourires. La recherche d'un passé précieux pour certains, oublié par d'autres et renvoyé au rayon des démodés.
Dieu, présence forte, redoutée ou remerciée par la plupart des croyants, se voit aussi, à son grand étonnement, juste accepté pour une bonne entente, un ami, éventuellement un conseiller, ou une référence de longue date.
Un autre dieu, sans majuscules, est l'humour, subtile et tolérant, il connaît la place qu'il mérite et surtout son pouvoir que rien et personne ne peut lui enlever.
Convoquer le passé pour avoir de ses nouvelles, regarder le présent tout neuf et surprenant pour quelqu'un qui s'en est détaché depuis longtemps, sont des moments où l'émotion arrive brutalement et naturellement, bouleverse, touche infiniment, surtout quand elle est racontée dans les termes les plus simples qui soient. La pauvreté, une réalité qui fait encore très mal, peut devenir riche, un jour béni, l'espace d'un court moment, par une simple harira, un potage offert gracieusement.
Chaque jour est une pérégrination surprise dans un monde connu dans l'enfance et devenu, des années après, les surprises d'une vie qui change, et pas toujours pour le mieux.
Pans de vie, rendez-vous avec des souvenirs que le passage du temps a effacés, des changements, quelques fantasmes de jeunesse, clins d'oeil souriants à des bribes d'une existence.
Réflexions graves, même amères, faites sans révolte, avec le naturel d'une philosophie disant que ce qui a été ne peut plus être changé.
Les nouvelles sont des moments de vie, des ressentis, des souvenirs, des réflexions mûries pendant de longues années, quelques voiles qui se lèvent pour laisser émerger des éclats légèrement enbrumés par le temps, pour panser quelques cicatrices encore douloureuses et sourire à des moments vécus il y a longtemps mais qui répondent à ce sourire.
Un pays, ses hommes et ses femmes, une histoire nationale, des histoires de chacun à petite échelle, intimes, presque oubliées, des traditions et coutumes, des croyances avec ou sans la présence d'un dieu mais avec la chaleur de la mémoire et de quelques rencontres d'une simplicité déconcertante.
Un monde qui disparaît de la vue et, par voie de conséquence, de la mémoire dont le travail sélectif garde seulement la brillance et le bruit.
Le passé est au présent, le passé évoqué par la mémoire qui le rafraîchit le temps court d'une histoire, le passé revient comme événement de l'instant, des « scènes de respiration, de liberté, mosaïques de solitudes, tentatives de sortir de l'enfermement »p.45, ou, peut-être, comme symbole d'un système « voué à un moment ou à un autre à se vider progressivement ou même parfois brutalement de son sens. »p.92
Un grand merci à Pierrick Tillet des Éditions du Yéti qui m'a offert le plaisir de vivre quelques moments précieux partagés par l'auteur Brahim Siraj-Dine.
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Les Editions du Yeti proposent ici un recueil de nouvelles qui sont l'oeuvre de l'écrivain franco-marocain Brahim Siraj-Dine. « Bismillah Nouvelles marocaines » nous plonge dans un voyage sensoriel, mémoriel, véritable immersion dans le Maroc cher au coeur de l'auteur. Des images qui s'inscrivent dans l'imaginaire, tantôt légères notamment sur ces fameuses allumettes présentes sur la couverture, qui ne manquent pas de faire sourire. On retrouve aussi les cireurs de chaussures et l'atmosphère de Marrakech. Mais il y a un versant aussi plus sociétal voir politique, plus sombre dans d'autres nouvelles qui m'ont particulièrement touchées. Brahim Siraj-Dine décrit son Maroc avec une acuité certaine. Sans idéalisation mais avec un amour de son pays de coeur. A noter que « Bismillah » est une formule récitée avant nombre d'actions de la vie quotidienne et signifiant « Au nom de Dieu. » Un recueil de nouvelles offrant une variété de contextes et donc, par la même, une profusion d'éléments permettant de découvrir la société marocaine, à travers le prisme d'un franco-marocain, vivant en France depuis les années soixante-dix. le prénom de l'auteur, Brahim, est le fruit d'une histoire personnelle fort émouvante racontée par l'auteur au début de l'ouvrage. Un recueil touchant que je vous invite à découvrir.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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Chronique douce amère ces ' nouvelles marocaines ' .
L'auteur Brahim Siraj-Dine , raconte avec nostalgie certes mais aussi beaucoup d'humour des souvenirs pêle-mêle , de son enfance et adolescence au Maroc , de son exil , du déracinement qui a suivi , le fait de ne plus être vraiment un marocain au pays , un ' marocolon , comme il l'appelle .so
L'écriture est belle , poétique , les souvenirs s'égrènent doucement , ah les fameuses allumettes qui n'existent plus , même si enfin , un jour , elles réapparaissent et déçoivent un peu avec cette notice :
Allumettes papier
Fabriquées en Inde
Pour Diversam Comparal .
112 , BD Moulay Slimane
Casablanca - Maroc
Contient 40 Allumettes de Sûreté ……
La ' bissara ' de l'enfance a également disparu et pour combien de temps encore pour le cireur de chaussures , heureusement toujours présent pour le plus grand bonheur d'Heléna .
Mention spéciale pour ' les larmes des suppliciés '
Je remercie les Éditions du Yéti pour ce beau partage .
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D'une terrasse de café ou d'un restaurant, à Casablanca, la ville qui l'a vu naître il y a bien des années, il aime y revenir et se poser pour tout simplement observer.

Ce sont de véritables tableaux que le narrateur nous peint, très souvent nostalgique quand il espère retrouver la saveur du zebda Beldia, ce beurre traditionnel marocain, détrôné par le célèbre beurre président ou encore cette boîte d'allumettes Essbaa.

Voici des nouvelles rédigée sous la plume de Brahim Siraj-Dine, un "marocolon" comme il est appelé sur sa terre native qu'il a quitté il y a longtemps. Je ne peux m'empêcher de faire référence aux romans de Najib Arfaoui qui pareillement, en amour pour son pays aime le retrouver à chaque fois que cela lui est possible mais qui se sent un exilé d'où qu'il se trouve d'un côté ou de l'autre de la méditerranée.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tobor se souvient que depuis que Tune a eu accès à ce bâtiment, sa petite mosquée, sa bibliothèque, en compagnie de son père, il s’y est toujours senti serein, en paix, comme si passer du temps dans la bibliothèque était pour lui un moment privilégié et exaltant : des livres tapissant les murs du sol au plafond, la lumière douce des rayons de soleil pénétrant par les lucarnes. Le silence. La possibilité de s’installer sur les couches de tapis superposés à même le sol, ou à une petite table exhalant l’odeur du bois, pour lire des livres de théologie et surtout d’astrologie dont certains datent de plusieurs siècles. Tobor comprend bien ce plaisir immense, indescriptible qu’éprouve son frère Tune à feuilleter, déchiffrer les schémas, les matrices, lire et relire les théories, les commentaires…
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Je complète donc cette pseudo-projection statistique en y intégrant les retards et les attentes dans différents lieux ou pour différents services à la population : au hasard, les retards et les attentes d’accueil ou de traitement des demandes de la population dans une partie des administrations, des tribunaux, des hôpitaux, des transports en commun, des taxis…La conclusion est affligeante ! Des années perdues pour ceux et celles qui attendent, à cause de ceux qui prennent leur temps et exercent ainsi leur pouvoir !
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« Pour avoir interrogé un jour ma mère sur le choix de mon prénom, j'ai eu pour seule réponse la précision suivante : "Kalthoum a perdu un fils qui s'appelait Brahim et tu as hérité de son prénom" »
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