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Frédéric Roger-Cornaz (Traducteur)
EAN : 9782228896047
249 pages
Payot et Rivages (31/05/2002)
4.06/5   65 notes
Résumé :
Publié pour la première fois en 1915, ce beau roman de Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature, a pour cadre le Bengale du début du XXe siècle où sévissent de graves troubles.
Récit à trois voix qui se croisent et se répondent, histoire d'amour centrée sur un bouleversant portrait de femme, ce livre, où se heurtent la tradition et la modernité, est aujourd'hui encore étonnamment moderne, au point d'avoir inspiré au grand cinéaste indien Satyajit Ray ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Un emballage simple qui cache à l'intérieur un vrai bijou.
Ce titre parlant qui évoque l'intérieur et l' extérieur fut pour moi une belle découverte.
Et pourtant j'ai failli l'abandonner au début de ma lecture.
La cause ?
Des incohérences dans la construction narrative du récit de l'un des personnages. Il s'agit de la page 7 en numérique.( j'ignore si ce problème existe dans sa version papier.)
En tout cas je ne regrette pas les quelques retours en arrière, car je me suis rendue compte que c'était une erreur isolée.

L'histoire racontée dans ce roman se passe dans le Bengale du début du XX siècle. Rabindranath Tagore nous fait découvrir l'Inde tourmentée par des mouvements politiques.

Au sein d'une famille aisée trois personnes qui se connaissent bien, se confient sur leur parcours en commun et expriment leur point de vue.
Un récit à trois voix et trois personnages bien aboutis.

Bimala : une femme soumise qui se précipite vers l'émancipation et de quelle manière !
Le récit de Bimala nous permet d'apprendre sur la vie qui mènent les jeunes épouses dans la maison de leur mari.

'L'esprit des femmes est si petit, si tordu'- cette phrase prononcée par une femme intelligente comme Bimala, m'a agacée et démontre la naïveté de ses débuts.

Nikhil : un homme sage , noble et gentil qui a des idées modernes. Ce personnage que j'ai apprécié , je l'aurais voulu un peu moins effacé. Je pense que l'hospitalité et la gentillesse a ses propres limites.

Sandip : un homme cynique et sans scrupules. Oserais je dire que je me suis amusé au début avec son jeu de séduction? Et oui, c'est la vérité .
( pour le reste c'est une autre histoire)

Et que dire de la prose ? Riche et poétique, elle se savoure à chaque instant, que ce soit avec les réflexions de Binala ou les mots sages de Nikhil et même avec les propos creux de Sandip.

‘J'étais mieux faite pour donner que pour recevoir ‘, cette phrase interpellante exprimée au début de l'histoire sonne tellement juste à la fin de ce roman philosophique.

A découvrir.

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Bimala et Nikhil sont mari et femme depuis neuf ans déjà. Leur union est le fruit d'un arrangement entre leurs deux familles, mais les époux s'entendent bien.
Nikhil participe au mouvement « Swadeshi » et reçoit, chez lui, l'un de ses amis, qui est aussi l'un des leaders du mouvement nationaliste en question, Sandip Babu. Cet homme aux idées bien arrêtées se sent attiré par Bimala. Et l'attirance est réciproque… Nikhil remarque bien vite ce qu'il se passe entre sa femme et son ami mais ne dit rien.


« The Home and the World » (ou « La Maison et le Monde ») a été publié pour la première fois en 1916. Etonnant d'apprendre cela lorsqu'on découvre ce récit plein de modernité.
Avant de commencer ma chronique sur ce beau roman, j'aimerais vous parler du mouvement « Swadeshi », dont il est beaucoup question dans le récit de Tagore.
Le Swadeshi est l'un des nombreux mouvements non-violents par lesquels la population indienne a réagi à l'occupation anglaise. le Bengale, où est situé l'action de la Maison et le Monde, était devenu, dès 1900, l'un des centres névralgiques du nationalisme indien. Afin de lutter contre cette tendance, le vice-roi d'Inde, Lord Curzon, a proposé la division de cette région en deux parties. La raison officielle invoqué par Curzon, était purement administrative ; mais les nationalistes indiens ont rapidement compris que l'objectif réel était d'affaiblir leur mouvement.
Pamphlets, réunions publiques et boycott des produits britanniques furent alors organisés par les leaders du mouvement nationaliste.
Voilà pour le contexte politique.

« La Maison et le Monde » se compose de sept chapitres, chacun d'eux étant raconté par l'un des trois personnages principaux. Cela nous permet de constater l'évolution de chacun, notamment de la jeune Bimala.

Bimala commence son récit en femme soumise à l'autorité de son mari, ce dernier se montrant pourtant particulièrement doux et respectueux. Mais pour la jeune femme, l'important est de prouver son respect à son époux par des actes tels que le lavage de pieds (nous sommes au début du XXe siècle, ne l'oublions pas). Grâce au récit de Bimala, nous découvrons aussi la vie que mènent les jeunes épouses indiennes dans la demeure familiale de leur époux. Confrontée à sa belle-soeur, une femme aigrie qui passe son temps à la critique, Bimala doit subir ces brimades en silence.

Les chapitres « racontés » par Nikhil sont également très intéressants. Cet homme qui parle peu et qui n'agit qu'après avoir bien réfléchi aux conséquences possibles de ses actes, possède pourtant une vie intérieure très riche et un sens de l'observation très aiguisé. Ainsi, le jeune homme ne se laisse-t-il pas abuser par les excuses que Sandip invente justifier ses tête-à-tête avec Bimala ; très vite, Nikhil comprend que ces deux-là sont attirés l'un par l'autre. Pourtant, il se tait et observe. Il décide d'attendre et de voir venir.

Sandip, s'il est particulièrement intelligent, m'a pourtant déplu. Je ne sais pas trop pourquoi. J'ai préféré les personnages de Nikhil et de Bimala et j'ai eu du mal à comprendre ce que cette dernière pouvait bien trouver à Sandip… J'ai trouvé ce brillant orateur hypocrite et même parfois cruel. Ses discours, bien que soignés et percutants, m'ont souvent semblé creux…Passons, ce n'est pas, selon moi, le plus important.

Loin d'être uniquement la chronique d'un amour triangulaire abrité par la demeure familiale de l'un des personnages (« La Maison » dont il est question dans le titre du roman), le récit traite aussi – et même surtout – des événements agitant l'Inde. Les trois narrateurs du roman nous parlent, chacun à leur tour, de leur vision des choses et de ce qu'il se passe, non seulement dans leur communauté, mais aussi dans l'ensemble de la nation indienne (« le Monde » du titre).

C'est d'ailleurs aussi cette participation à une action nationale qui transforme Bimala. Ses discussions avec Nikhil d'abord, avec Sandip ensuite, font d'elle une citoyenne indienne à part entière et non plus une épouse soumise.
Cette transformation de Bimala et sa volonté de participer à un mouvement nationaliste ne sont pas les seuls éléments de modernité du roman de Tagore. L'un des points essentiels se situe au niveau de la relation Sandip-Bimala et, plus particulièrement, au niveau de la réaction de Nikhil. le jeune homme se demandera s'il doit plutôt laisser partir Bimala, ou demander à Sandip de quitter leur maison. Sa conscience le torture : que faire ?

A vous de découvrir la réaction de Nikhil en même temps que le reste du roman ! C'est une lecture qui se laisse savourer et qui vaut vraiment le temps qu'on lui consacre. Et un Nobel plus que mérité pour M. Tagore.

Challenge 15 Nobel : 4/15
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Cela commence par un titre qui embrasse tout l'univers : la maison, cercle intime de la famille et borne de la personnalité de chaque être irriguée par son éducation, et le monde, la société dans laquelle on vit et à laquelle cette personnalité est irrémédiablement confrontée.

Une première voix s'élève, celle de Bimala, jeune épouse soumise et volontairement contrainte aux murs de la maison. Puis celle, douce et réfléchie, de son mari Nikhil, soucieux du développement autonome de son pays tout en étant ouvert à la modernité du monde occidental et qui se désole de ne pas parvenir à amener sa bien-aimée à l'émancipation. Enfin celle, intransigeante et brûlante de passion, de Sandip, recueilli dans la maison du couple à la faveur de son rôle de leader du mouvement nationaliste Swadeshi et derrière les mots enflammés duquel perce un opportunisme assez malsain. C'est pourtant lui qui parvient, en troublant ses sens, à faire sortir Bimala de la maison pour lui faire goûter les passions violentes du monde, expérience qui transformera profondément la jeune femme.

Quelle langue! je résonne encore de la puissance de ce roman choral vibrant qui met en abyme drame conjugal et histoire nationale, et interroge la citoyenneté, la morale, la justice à travers un prisme de valeurs à rebours du manichéisme occidental qui révèle toute la richesse de l'Inde où "Satan est aussi dans le ciel".
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La Maison et le monde m'a surpris. Je m'attendais à… plus ? à autre chose ? Après tout, son auteur Rabindranath est récipiendaire du prix Nobel et ce roman est sont plus acclamé. Je n'ai pas détesté pour autant. le roman nous entraine dans l'Inde du début du 20e siècle, avec toutes ses traditions et ses contradictions.

Nikhil est rajah. Il vit dans son palais, drapé dans sa droiture morale, avec son épouse Bimala, très intelligente même si elle n'a pas reçu une grande éducation. D'abord soumise, sa curiosité l'amène à s'intéresser à tout, alors elle est attirée par les propos et le discours de leur invité, Sandip. Ce dernier est un des chefs de file du Swadeshi, un mouvement patriotique qui lutte pour l'indépendance de l'Inde, à commencer par le boycott des produits anglais. «Bande Mataram» est scandé alors que les troubles menacent la petite localité.

Les échanges entre ces trois personnages (et quelques autres, secondaires) font écho aux troubles dans la région. Sandip essaie de convaincre Nikhil du bien fondé de sa cause mais, alors que sa présence se prolonge, c'est son intérêt pour Bimala qui semble davantage le motiver. Et c'est alors que son cynisme paraît. Pendant tout ce temps, le rajah observe (il voit bien son épouse et son invité se rapprocher) et réfléchit mais laisse faire.

Tagore analyse finement ses personnages, leurs points de vue, jusque dans leurs retranchements émotionnels et intellectuels. Ils sont complets, complexes et consistants. Toutefois, il semble négliger toute évolution psychologique. Nikhil, Bimala et Sandip ne changent pas, ils restent les mêmes du début à la fin, faisant en sorte que le lecteur se doute rapidement comment se terminera l'histoire. Un peu dommage, selon moi.

D'un autre côté, peut-être que je lis ce roman avec mes lunettes d'Occidental. La philosophie orientale, et celle de l'Inde en particulier, est toute en subtilité et en douceur. Moins d'action, plus de réflexion. Il faut accepter l'inévitable et user de patience pour laisser se dérouler d'elle-même une intrigue…
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Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature 1913, signe avec la Maison et le Monde un roman époustouflant qui , me semble t'il peut se lire à plusieurs niveaux.

Ce roman choral met en scène 3 personnages principaux: Bimala, jeune épouse respectueuse des traditions, Nikhil son époux, riche rajah, converti à la modernité, très amoureux de son épouse et Sandip, l'ami de Nikhil, à la tête du Swadeshi, un mouvement de boycott des produits britanniques importés, premier pas vers l'indépendance de l'Inde. Très vite Bimala va être fascinée par Sandip, sous le regard impassible de son époux. Sandip n'est qu'un opportuniste, profiteur peu scrupuleux surtout avide de notoriété et de richesse.. triste personnage en vérité.
Ce roman est aussi le regard que porte Rabindranath Tagore sur ce mouvement , un regard circonspect à l'instar de celui de Nikhil. On a là un roman plus politique et engagé qu'ion ne pourrait le penser de prime abord.

Cette lecture m'a cependant semblé fastidieuse, sans doute ma méconnaissance flagrante de l'histoire indienne explique t'elle cela .
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
- Ainsi donc, je porterai ce que vous appelez, vous autres, un faux témoignage, comme ont fait tous ceux qui ont construit des empires, édifié des systèmes sociaux, fondé des organisations religieuses. Ceux qui veulent régner ne craignent pas le mensonge. Les entraves de la vérité sont réservées à ceux qui s'offrent à elle. N'avez-vous pas lu l'histoire? Ne savez-vous pas que, dans les chaudières où se préparent les grands systèmes politiques, les mensonges sont les principaux ingrédients?
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La vie n’est pas nettement définie. Elle est faite de contradictions. Nous autres hommes, poussés par nos idées, nous cherchons à lui donner une forme particulière, à la fondre dans un moule, le moule défini de la réussite.
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La nature a dans sa pharmacie des drogues soporifiques qu'elle administre secrètement quand se brisent en nous des liens vitaux : nous ne sentons pas la douleur ainsi endormie, et ce n'est qu'au réveil que nous découvrons la déchirure.
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Son amour pour moi semblait déborder d'un flot de richesse et de dévouement. Mais j'étais mieux faite pour donner que pour recevoir. Car l'amour est un vagabond et ses fleurs fleurissent plus volontiers au bord des routes poussiéreuses que dans le cristal des vases.
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Sandip se mit à rire :
-Vous avez raison, dit-il. Excellent discours pour un maître d'école. Vous dites le genre de choses qui font si bien dans les livres. Mais, dans le monde réel, j'ai reconnu que l'occupation essentielle de l'homme est justement d'entasser les matériaux extérieurs à lui-même. Les maîtres de cet art sont ceux qui font le plus de boniments pour leurs drogues mensongères, inscrivent de leurs larges plumes des chiffres faux dans leurs grands livres politiques, lancent des journaux quotidiennement farcis de fausses nouvelles, et envoient aux quatre coins des cieux des prêcheurs chargés de disséminer le mensonge, comme des mouches qui portent au loin des germes pestilentiels. Je suis l'humble disciple de ces grands hommes. Quand j'étais attaché au parti du Congrès, je n'ai jamais hésité à délayer dix pour cent de vérité dans quatre-vingt-dix pour cent de mensonge. Et maintenant, le simple fait que je n'appartiens plus à ce parti ne m'a pas fait oublier que le but de l'homme n'est pas la vérité mais le succès.
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Videos de Rabindranath Tagore (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rabindranath Tagore
Lecture de Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Stig Dagerman et concert autour des oeuvres de Théodore de Banville, Gérard de Nerval, Paul Eluard et Rabindranath Tagore.
« C'est l'angoisse de la séparation qui s'épand par tout le monde et donne naissance à des formes sans nombre dans le ciel infini. C'est ce chagrin de la séparation qui contemple en silence toute la nuit d'étoile en étoile et qui éveille une lyre parmi les chuchotantes feuilles dans la pluvieuse obscurité de juillet. C'est cette envahissante peine qui s'épaissit en amours et désirs, en souffrances et en joies dans les demeures humaines, et c'est toujours elle qui fond et ruisselle en chansons. »
L'Offrande lyrique, Rabindranath Tagore, traduit par André Gide.
Ces émotions douces et amères qui nous secouent ne sont-elles pas universelles ? Ne sont-elles pas l'essence même de notre existence ? Deleyaman, groupe franco-américain dans la veine céleste de Dead Can Dance, aborde ces questions vibrantes, parle d'art, d'amour, de beauté et de contemplation comme des réponses à nos contraintes existentielles.C'est une amicale collaboration artistique entre le groupe et Fanny Ardant qui a donné naissance à cette création. Au travers d'un texte lu, elle dialogue avec le groupe sur une musique créée par Deleyaman. Avec le son du doudouk, le groupe d'Aret Madilian interprétera les titres français de sa discographie
Fanny Ardant : voix Béatrice Valantin : voix, clavier Aret Madilian : piano, clavier, guitare, percussion Guillaume Leprevost : basse, guitare Artyom Minasyan : doudouk, plul, pku Madalina Obreja : violon Gérard Madilian : doudouk
Création en partenariat avec le Trianon Transatlantique de Sotteville lès Rouen – Scène conventionnée d'intérêt national art et création chanson francophone.
À écouter – Deleyaman, « Sentinel », 2020. Plus d'informations sur www.deleyaman.com À écouter : https://deleyaman.bandcamp.com/album/sentinel
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