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EAN : 9782021501827
368 pages
Seuil (05/04/2024)
3.73/5   13 notes
Résumé :
Claire Devon est réveillée une nuit par un bruit étrange, sourd et continu. Ni son mari ni sa fille ne l’entendent et plus les jours passent, plus Claire éprouve des symptômes désagréables : saignements de nez, migraines, insomnies. Après avoir consulté tous les médecins possibles, elle trouve enfin une oreille attentive en la personne de Kyle, l’un de ses étudiants qui, lui aussi, entend ce son. C’est le début d’une spirale infernale pour Claire et tout son entoura... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Comment réagiriez-vous si votre vie était perturbée par un bourdonnement continuel ?
Comment une chose aussi bénigne, aussi inoffensive, a pu mettre des vies sens dessus dessous ?
Moi qui souffre d'acouphènes, je compatis. Mais j'ai l'avantage de savoir l'origine contrairement à Claire, l'héroïne du roman de Jordan Tannahill « Infrason ».
Cette professeure de littérature dans un lycée coule une existence paisible, dans sa résidence pavillonnaire, auprès de ses amours Paul, son mari et Ashley, leur fille adolescente.
Un soir, au coucher, Claire entend « le Bourdonnement », elle fait le tour de la maison pour en trouver la source. Elle interroge les autres membres de sa famille, mais il semble qu'elle soit la seule à entendre ce bruit.
Elle sort dans le quartier, sans plus trouver la cause. Et plus elle se concentre, plus il s'intensifie. Et ce bruit ne la quittera plus, provoquant insomnies, migraines, saignements de nez, l'étonnement et l'incompréhension de ses proches.
De plus en plus minée par cette nuisance, elle se confie à ses élèves pour savoir si d'autres personnes perçoivent ce son. Dans un premier temps, c'est une réponse négative unanime. Mais un jour à la fin d'un cours l'un deux, Kyle, jeune homme solitaire, sensible, aux dispositions intellectuelles supérieures, lui confie entendre, également, le bourdonnement et aussi la mère d'un de ses camarades. Bientôt Claire et Kyle se retrouvent le soir pour sillonner en voiture la région à la recherche de la source d'émission et leur complicité, mal perçue, provoque le renvoi de Claire du lycée.
Bientôt, un petit groupe des victimes se forme et une réunion est prévue à l'initiative d'un géophysicien à la retraite, le docteur Howard Bard et sa jeune compagne Jo, professeur de Yoga. Ils donnent une explication naturelle au phénomène : la Résonance de Schumann et déclarent pouvoir en tirer bénéfice par la concentration et la synchronisation mutuelle et arriver à une sensation proche de l'orgasme.
Seulement, ces réunions, de plus en plus fréquentes, inquiètent les proches des participants. Et le passé sulfureux du Docteur ne prône pas en sa faveur. Les membres de ce groupe ne sont-ils pas manipulés ? Participent-ils de leur plein gré à ses rassemblements ?
Ce roman est une fine analyse du comportement humain en général et du traitement de l'information. Il nous interpelle sur la fragilité des rapports, l'égoïsme, les aprioris. Mais aussi sur l'intransigeance, le cloisonnement de la pensée, l'embrigadement, l'endoctrinement, mais également sur des fléaux très actuel, la désinformation et les théories du complot.
Bâti comme un simili thriller, ce livre nous garde en haleine jusqu'à son terme. Nous n'en sortons pas indemnes et nous donne envie d'en savoir plus sur le sujet, entre nuisances d'origine naturelle tel la Résonance de Schumann (ondes électromagnétiques de très basses fréquences appartenant au champ électromagnétique de la Terre, elles se propagent dans la cavité formée par la surface de la terre et l'ionosphère, c'est pour cette raison que l'on parle de résonance. Les éclairs sont sa principale source). le champ magnétique fait partie des choses discrètes entrant en interaction avec la vie humaine, exerçant une influence réelle sur nos comportements. Par exemple, il est avéré que les spationautes, lors de leur voyage dans l'espace souffrant de certains symptômes tels que maux de tête et malaises appelés « mal de l'espace ». Mais parait-il, les résonances géomagnétiques peuvent favoriser une santé optimale par certaines pratiques, contempler la nature et s'y promener, respirer à plein poumon, mais aussi pratiquer la méditation de pleine conscience et de la gratitude et de la bienveillance aimante (c'est ce que le petit groupe dans le roman cherche à réaliser et qui le discréditera auprès de l'opinion). Mais ces nuisances peuvent, bien souvent, provenir de causes matérielles telles les éoliennes, lignes à haute tension ou autres bruits industriels et les témoignages sur internet sont nombreux de groupes de personnes souffrant de mal-être et de malaises dues à ces pollutions sonores.
On pourrait dire beaucoup plus sur le sujet, n'hésitez pas à vous procurer ce roman pour vous faire votre idée.
Sincères remerciements aux Éditons du Seuil pour cette lecture.
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« In my experience there is no such thing as common sense. [D'après mon expérience, le bon sens n'existe pas.] » ● Claire Devon, la narratrice, est professeure au lycée. Elle vit avec son mari Paul et sa fille Ashley, lycéenne qui fréquente le même établissement que sa mère. Un soir, elle croit entendre une sorte de très léger bourdonnement continu ; elle en parle à Paul, qui, lui, n'entend rien. Ce bruit étrange l'empêche de dormir et semble être la cause de symptômes physiques chez elle : saignements de nez et migraines. Elle essaie sans succès d'en localiser la source. Elle a l'occasion d'en parler à un de ses élèves, Kyle. Elle ignore encore que ce bourdonnement va bouleverser sa vie entière. « The thing I still struggle to wrap my head around is how did something so small, so innocuous precipitate the complete unravelling of my life. [Ce que j'ai encore du mal à comprendre, c'est comment une chose si petite, si inoffensive, a pu précipiter le démantèlement complet de ma vie.] » ● Après un début un peu poussif, ce roman ne peut plus se lâcher. L'enchaînement des événements est incroyablement bien mené, et je ne m'attendais pas du tout à ces développements en totale disproportion avec leur source. ● le roman fait réfléchir sur les théories du complot, les sectes, la fragilité de la vie, Dieu… L'ensemble des thématiques qu'il embrasse est vraiment très riche et pose beaucoup de questions, tout en étant très nuancé. ● Les personnages sont tous intéressants, à commencer par Claire, une femme qui au début du récit est bien dans sa tête et dans sa vie, rationnelle, équilibrée, et qui va remettre en cause tout ce qu'elle pense simplement à cause de ce son qu'elle est une des seules à entendre. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, comme Damian le trumpiste, ou encore Howard le scientifique déchu. ● le style est efficace et plaisant ; je l'ai lu en anglais et ai regretté l'absence de toute ponctuation signalant les dialogues, source de confusion. ● C'est un roman vraiment atypique et passionnant que je conseille vivement !
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Il arrive subrepticement, s'installe insidieusement, devient omniprésent, trouve sa place et s'y accroche. de bruit de fond, il se transforme en un passager clandestin de moins en moins furtif. Il devient ubiquité, prenant la tête, nimbant le cerveau d'un halo sonore qui l'obnubile, entravant peu à peu les facultés mentales, obscurcissant l'esprit. Les pensées se focalisent sur lui, mettant en arrière-plan les autres sons, grippant la machine à penser. La capacité de concentration se dégrade, des douleurs apparaissent, réelles ou fantômes. Aucun répit, aucun temps mort, aucune plage de repos. L'esprit doit trouver une échappatoire, tentant de masquer, d'atténuer ce qui est là, juste le temps de quelques minutes, de quelques secondes. Pour ne pas devenir fou.

Jordan Tannahill décrit la descente aux enfers de Claire Devon, une femme qui semblait pourtant avoir les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Jusqu'à ce qu'elle perçoive un Infrason, qu'elle est seule à entendre dans son entourage. Personne ne la croit. Cette présence à peine perceptible au départ, devient vite une obsession et va lui faire perdre patience, perdre le Nord, perdre les pédales. Et détruire sa vie.

C'est elle qui raconte son calvaire et sa chute dans les limbes, à côtoyer la folie. Une écriture à la première personne, un livre dans le livre, pour raconter l'enchaînement des événements pour se retrouver en première page de tous les médias, jusqu'à se retrouver transformée en mème partagé à l'infini sur internet.

C'est l'histoire d'une chute, d'une manipulation et d'un emballement, vécus de l'intérieur. Un seul point de vue, donc sujet à caution, mais Claire fait tout pour qu'on la croie sur parole.

Elle se présente comme une femme solide, à la vie établie, terre à terre, loin de toute croyance, athée. Vue ainsi, on peine à croire qu'elle puisse être facilement influencée. Jusqu'à ce son, jusqu'à ce qu'elle rencontre d'autres personnes qui disent l'entendre pareillement. C'est le salut qu'elle voit devant elle, à trouver des oreilles attentives à ce bruit et ses répercussions physiques, personnelles et sociétales.

Ce roman, sous forme de témoignage, n'est pas le récit de cet Infrason. Ce groupe de personnes va chercher la cause, une personne en particulier va en proposer une hypothèse « scientifique », mais c'est bien de la vie brisée de Claire dont il s'agit. Et en toile de fond des sujets puissants : la manipulation de masse, mais aussi l'enfièvrement des médias et des autorités. Chaque camp perçoit l'autre comme déviant.

A cause inconnue, pensée corrompue. L'occasion pour l'écrivain de décrire une accumulation de circonstances qui vont faire dérailler la situation et les personnes. En développant de nombreux concepts, de la théorie du complot à l'enfermement sectaire, en passant par les débordements médiatiques. Un grain de sable, un simple son, peut gripper l'ensemble du système.

Quand on est assourdi, difficile d'entendre l'autre. Difficile d'écouter ceux qui perçoivent différemment de nous.

L'auteur, avec une plume alerte, parfois un brin caustique, développe principalement la psychologie autour de cette catastrophe humaine en cascade. Une quête de sens dans une société qui le perd, à comprendre pourquoi l'un des cinq sens s'en trouve altéré.

Le roman est assez inclassable, entre témoignage et thriller psychologique, avec un soin particulier apporté aux ressentis de Claire. En décrivant parfaitement, à travers ses yeux, comment perdre le contrôle de la situation.

La grande force du livre tient à la finesse de l'analyse du contexte comme de la psychologie des personnages, durant 350 pages qui s'écoulent rapidement et résonnent durablement.

Infrason est un livre atypique, qui sort du lot, où Jordan Tannahill susurre son récit à travers les pensées de son personnage principal. Un récit assourdissant, sacrément bien mené.

A noter que c'est l'une des dernières traductions du regretté Fabrice Pointeau, qui a produit comme toujours un travail d'orfèvre.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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Qu'est-il arrivé à Claire?
Elle a une vie parfaite, d'ailleurs elle nous le dit. Elle est mariée avec un homme qu'elle aime, elle a une fille qu'elle aime "plus que tout", elle est professeur d'anglais au collège local, elle aime son métier, elle a une belle maison dans un quartier résidentiel, tout va bien.
Mais... elle nous dit aussi ce n'était pas la vie qu'elle imaginait, qu'elle était une intellectuelle, qu'elle a rencontré son mari très jeune, qu'il était très beau, qu'il n'était qu'un gars de la campagne, qu'elle e est tombée amoureuse, s'est trouvée enceinte, qu'ils se sont mariés, que son mari a créé son entreprise, qu'il a gagné de l'argent, qu'ils ont acheté une belle maison dans une banlieue (au sens américain du terme). Et justement Claire ne se serait jamais vue en banlieusarde, et sans doute pas avec le métier qui va avec, et peut-être pas vraiment avec le mari qui va avec, bien sûr elle a sa fille qu'elle aime plus que tout, elle nous le répète peut-être un peu trop, et elle l'aime certainement, mais ne cherche -t-elle pas à se convaincre qu'elle justifie tout ? Et puis sa fille va bientôt partir à l'université
Alors? Alors disons les choses crûment : Claire souffre d'une crise de la quarantaine assez classique qui va l'amener au bord du gouffre.
Et tout d'un coup elle entend un bourdonnement qui lui devient vite insupportable. L'ennui c'est qu'elle est pratiquement seule à l'entendre
Et puis elle noue une relation avec un de ses élèves qui devient de plus en plus étroite. Elle nous dit que ce n'est pas une relation amoureuse. Et puis elle dira qu'elle l' aime. Mais ce n'est pas sexuel. Est -ce bien sûr ?
En tout cas elle perd son travail. Et là tout se détraque. Elle part en vrille. Elle s'éloigne de sa famille qui s'éloigne aussi d'elle. Elle rencontre d'autres personnes qui entendent aussi le bourdonnement . Et bien sûr ils se regroupent.
Au début c'est un groupe de soutie ou de parole
Puis cela devient autre chose. Une secte, une famille ? L'un d'entre eux a une théorie qui expliquee les bourdonnements. veloppent des croyances de plus en plus bizarres
Ils ont des expériences mystiques, qui vont jusqu'à la transe.
Mais les histoires de secte finissent mal en général
Alors Claire sombre dans la dépression. Puis..
Alors quel est-il arrivé à Claire ? J'ai une explication simple, peut-être trop, que certains trouveront réductrice.
Elle est simple et banale
Des circonstances extérieures ont fait que sa crise de la quarantaine a débouché sur un burn out puis une plongée dans l'irrationnel. Puis l'événement qui a mis fin à l'expérience sectaire a provoqué chez elle une dépression qui elle -meme a débouché sur un mieux
Et le bourdonnement alors ? Ah oui, le bourdonnement. L' auteur nous en fournit une exploitation.
Mais en est -elle convaincue ? Et Claire, donc.
Le livre est très bien écrit, et l'intrigue très habile
Un regret: par la voix de Claire, l'auteur adhère un peu trop pour mon goût à certaines idées et emploie des expressions à la limite du wokisme.
Mais j' exagère peut être
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Tout semble aller le mieux pour Claire, professeur de littérature, qui partage son temps entre sa job au lycée et sa vie de famille, en banlieue pavillonnaire. Pourtant, la sage trajectoire qu'emprunte sa vie bien rangée dévie radicalement le jour où elle se met à entendre un bourdonnement, acouphène entêtant qui ne passe pas. Ce bourdonnement l'empêche de dormir, l'épuise, l'isole : ni son mari, ni sa fille, ni ses collègues ne le perçoivent, la croyant au bord du burn-out. Entre migraines, saignements de nez et diagnostics négatifs, Claire décroche et quand un de ses élèves lui avoue également l'entendre, c'est la libération : elle n'est pas seule, elle n'est pas folle. C'est du moins ce dont elle - et le groupe de voisins finalement sujets à la même hyper-sensibilité - sont convaincus.

La tension monte dans ce quasi-polar médical, dans lequel Jordan Tannahil (Liminal, 2021) flirte avec le surnaturel, le spirituel en même temps qu'avec les théories du complot. On se perd, doute et vacille aux côtés de la narratrice, alors que le groupe de voisins - groupe de soutien - famille choisie, commence à prendre d'inquiétants contours.
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critiques presse (2)
LeFigaro
19 avril 2024
Les chapitres plongent au cœur d’un phénomène d’emprise, rôde autour d’une folie qui ne dit pas son nom.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
OuestFrance
08 avril 2024
Sectarisme et complotisme sont de mise dans ce roman brillant et dérangeant.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Mia had a millennial righteousness that I found both irritating and intimidating. At her first meeting, she introduced herself and her gender pronouns—My name is Mia. I go by she, her, hers. Emily and Nora had no idea what she was talking about, so she explained. And then everyone else, I suppose feeling a bit put on the spot, went around and introduced themselves the same way—Howard. He, him, his, and so on. Everyone except Damian. And to be honest, I was a little indignant at first too. I thought: take a look at this group, is this really necessary? But then I caught myself and thought—is this what it is to grow old? To become defensive and resentful when confronted by my own assumptions and biases? By new modes, new sensitivities?
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My feeling on the matter was: I had my shit together, I didn’t need God. That’s pretty much how I’ve felt since I was sixteen, when it suddenly struck me that God was no different than every other guy in my high school; he wasn’t interested in me unless I was down on my knees.
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La chose que j'ai encore du mal à comprendre, c'est comment une chose aussi bénigne, aussi inoffensive, a pu mettre ma vie sens dessus dessous.
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Mon sentiment en la matière : j'avais les choses bien main, je n'avais pas besoin de Dieu. C'est à peu près ce que j'éprouvais depuis l'âge de seize ans, quand j'avais soudain pris conscience que Dieu n'était pas différent des types de mon lycée ; il ne s'intéressait pas à moi, à moins que je sois à genoux.
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