AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782360571864
266 pages
l'Asiathèque-Maison des langues du monde (03/10/2018)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Les quatorze nouvelles du recueil Salaam traitent des difficultés auxquelles sont confrontées en permanence les personnes issues des communautés dalites (intouchables) en Inde. Certaines nouvelles sont situées dans un cadre urbain avec l'émergence d'une élite dalite qui doit cacher sa caste pour pouvoir trouver un logement et frayer avec les voisins. Elles évoquent la déconsidération, la brusque haine, le dégoût soudain dont certains font immédiatement l'objet lorsq... >Voir plus
Que lire après SalaamVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce recueil composé de 14 nouvelles a été remarquablement traduit du hindi par Francis Evrielle et Nicole Guignon pour onze d'entre elles et Marguerite Gricourt pour les trois autres.

Il est paru en Inde en 2000 et vient d'être édité en France pour la première fois, grâce à L'Asiathèque, un éditeur dont je vous ai souvent parlé, qui publie en même temps "Joothan, autobiographie d'un intouchable", qui est tout simplement l'autobiographie de l'auteur, Omprakash Valmiki.
Dans ce présent recueil de nouvelles, l'auteur qui, je vous le rappelle, appartient lui-même à la caste des Dalits (mot qui signifie "brisé","opprimé") ceux qu'on appelait anciennement les Intouchables, nous raconte les difficultés de vivre de cette communauté, condamnée par la société à être considérée comme inférieure aux autres.

Dans la première nouvelle, "Salaam" qui signifie "allégeance" "salutation" et qui a donné son nom au recueil, l'auteur nous fait entrer immédiatement dans l'ambiance.
Kamal et Harish se sont connus à l'école et sont devenus amis. Kamal qui est brahmane, connaît la caste de son ami et accepte de participer aux cérémonies de son mariage. Mais faisant partie du cortège, il prend de plein fouet lui-aussi les humiliations perpétrées par des habitants du village. Il réalise alors que tout ce que son ami Harish lui décrivait est bien réel, et que le rejet vécu par les dalits est le lot quotidien de leur triste existence.
En nous parlant d'un rituel immuable imposant aux jeunes mariés de basses castes de se rendre de maison en maison (de castes supérieures) pour y récolter des cadeaux (rituel que Harish va d'ailleurs refuser de faire)...l'auteur nous décrit la prise de conscience de Kamal qui se souvient alors de la réaction exagérée de sa propre mère à l'annonce de leur amitié naissante.
Une nouvelle riche en espoir pour l'avenir, puisque tous deux sont et resteront amis malgré leur différence de caste...

Les autres nouvelles du recueil ont pour cadre la ville où les dalits sont le plus souvent regroupés dans des quartiers périphériques. Pour s'en sortir les personnes n'ont qu'une seule façon de survivre, c'est d'accepter leur sort ou au contraire de cacher leur statut.
Si par malheur leur caste est mise à jour, ils perdront tous leurs acquis, leur travail, leurs connaissances et amis. Ils ne liront alors sur le visage de leurs voisins ou collègues de travail, que mépris et dégoût profond, là où il y avait de la bienveillance ou même de l'amitié.
Ils seront mis hors de leur logement et se retrouveront à la rue ("Où pourrait bien aller Satich ?"mon premier coup de coeur dans ce recueil).
Certains abandonnent alors leur famille, préférant couper totalement les ponts plutôt que de prendre le risque que quelqu'un par hasard découvre leurs origines. Ils cachent même leur famille à leurs propres enfants ("Tempête").D'autres encore se révoltent...
S'il ne cache pas leur caste, ils ne vivent que humiliation au travail et à l'école, harcèlement moral et physique. de plus, trouver un logement devient le parcours du combattant car personne ne veut les avoir sous leur toit.
D'autres nouvelles ont pour décor les campagnes. Là, le poids des traditions est encore plus lourd à porter. L'injustice sociale est encore plus forte et les brahmanes dominent le village quoi qu'il advienne. Ils auront toujours raison en tout et les dalits ne doivent surtout jamais prétendre le contraire. Ils doivent obéir. Ils se font rouler ("Vingt-cinq fois quatre, cent cinquante"), sont accusés d'actes qu'ils n'ont pas commis ("Le meurtre d'une vache"), abandonnent leurs rêves ("Nomades")...et veulent garder coûte que coûte leur dignité ("Amma", mon second coup de coeur).
Ceux qui par hasard veulent changer les choses parmi la population se voit muter aussitôt...

L'auteur dont l'autobiographie bouleversante a été pour moi la plus enrichissante découverte de cet automne, me ravit à nouveau à travers ces nouvelles incroyablement précises, riches en dialogues et parfaitement rythmées, qui font entrer le lecteur dans une ambiance particulière et le submergent d'émotions de toutes sortes.
L'auteur aborde en particulier le système des quotas mis en place par le gouvernement pour contrer ce système inégalitaire des castes. Ces mesures de discriminations positives n'ont malheureusement pu profiter qu'à une minorité qui en plus se heurte à des représailles...
Nous ne pouvons qu'éprouver de l'empathie et un profond sentiment de révolte, devant ces faits décrits, et la vie de ces dalits, offensés quotidiennement dans leur dignité depuis des siècles et qui voient leur rêves de changement brisés à jamais. Les femmes en plus souffrent de leur condition de femmes et de leur statut d'intouchables. La violence physique et le viol se rajoutent à leurs souffrances quotidiennes.
Les nouvelles sont courtes et faciles à lire. Elles sont accessibles à tous même aux lycéens. Certaines sont davantage chargées en émotion que d'autres. le cadre varie et les personnages aussi, rendant la lecture très enrichissante. C'est une belle façon d'entrer dans la société indienne, à la fois passée et contemporaine...
Alors que la violence et l'humiliation continuent à être le lot quotidien des dalits, comme nous en avons déjà parlé lors de la présentation de l'autobiographie de l'auteur, la lecture de ce recueil me paraît indispensable pour prendre conscience de ces injustices, inacceptables au XXIe siècle.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          112
Les recueils de nouvelles n'ont jamais été mes premiers choix. Tout d'abord, parce qu'il est difficile de faire mieux que Maupassant, mon maître absolu, et je ne suis guère friand des fins sèches sans avoir eu le temps parfois de cerner davantage les décors et les personnages. Autrement dit, une partie de moi pensait que les nouvelles permettent à des auteurs paresseux d'écrire.

Belle erreur, je ne peux que recommander cette lecture pour plusieurs raisons.

Premièrement, ce livre est le travail de toute une équipe, notamment de traducteurs, un cadeau d'une maison d'édition pour promouvoir un écrivain particulier. J'ai apprécié la présentation de l'auteur, de l'ouvrage, la note liminaire et le glossaire des mots hindis. Tout est étudié avec soin et pensé avec sincérité. Voici une quatrième de couverture des plus réussies.


Deuxièmement, toutes ces nouvelles comportent un intérêt, sans que l'une soit la seule réellement attrayante alors que d'autres meubleraient. Vous allez les dévorer toutes, vous pouvez même les lire dans le désordre.

Enfin, vous allez être malmenés lors de la lecture, comme si vous preniez des claques, que vous souffriez d'une once d'injustice. « Il raconte des faits de quelle époque ? », « Ça existe encore aujourd'hui ? ». Une part de l'Inde se livre à vous, celle des campagnes ou des ruraux fils d'intouchables. L'auteur sait de quoi il parle, né dans une famille des balayeurs-éboueurs. Il m'a fallu digérer chaque nouvelle, prendre le temps de réfléchir sur son message. C'est ce que j'aime d'un film ou d'un livre : qu'il me pousse à la réflexion, une réflexion simple, juste en tant qu'humain. L'émotion est fine, on ne tire pas les larmes du lecteur dans un bidonville. Certaines nouvelles rappellent La Rempailleuse de Maupassant, pour les thèmes évoqués (le sacrifice financier, l'amour pour un proche).

Quant au style, il est sobre, clair, mûr, sans artifice ni recherche élaborée. Omprakash Valmiki s'intéresse plus à faire passer un message, avec succès, plutôt que d'impressionner par son talent. S'est-il autolimité en tant que dalit ? Les phrases sont courtes, dynamiques et chaque nouvelle pourrait être l'objet d'un court-métrage.

Mes félicitations à l'Asiathèque pour ce beau travail, je vais lire de ce pas un deuxième livre de cet auteur : son autobiographie.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
Commenter  J’apprécie          90
Dans les quatorze nouvelles de ce recueil, Omprakash Valmiki met en scène des dalits, que l'on appelait jusqu'ici les intouchables, ces personnes de basse caste, éboueurs, balayeurs, totalement méprisés par les autres castes de la société indienne. Omprakash Valmiki, lui-même dalit, écrit sur la difficulté qui est la leur dès lors qu'ils veulent vivre parmi et comme les autres Indiens, le rejet , la déconsidération, le poids de la tradition voire la tyrannie et l'arbitraire.

Rarement à chute, ces nouvelles tragiques sont des morceaux de vie de personnes dalites. Dans les villes, elles subissent le regard méprisant surtout lorsque leurs interlocuteurs apprennent leur condition par hasard alors qu'avant de la connaître, elles étaient très fréquentables. L'auteur parle également de ceux qui, ayant profité de la politique des quotas, les Scheduled Castes, renient quasiment leur famille et vivent dans la crainte qu'on puisse découvrir leurs origines ; ils perdraient tout, la reconnaissance professionnelle et sociale, leurs fréquentations. Ils préfèrent alors se construire une autre vie. Il y a aussi les dalits des campagnes dans lesquelles la vie est encore plus dure. Exploités, contraints aux tâches les plus basses sans gratification, au contraire, ils sont soumis à une véritable tyrannie de la part des chefs des villages et du reste de la population. Peu de personnes osent s'élever contre cette injustice, et lorsque certaines le font, c'est la communauté entière qui leur fait comprendre qu'elles ne doivent pas insister.

L'Asiathèque publie là un recueil passionnant, fort bien écrit et traduit, qui nous permet de cerner plus étroitement la société indienne. L'auteur va au plus direct, même si parfois, il emprunte les chemins de la description des lieux, des coutumes, des odeurs ; son langage est direct et clair.

Depuis quelques années, on entend beaucoup parler de la violence dans ce pays, à travers notamment les agressions contre les femmes. Ce recueil ne traite pas directement cet aspect, mais l'on y ressent bien toute la violence des puissants envers les faibles et cette envie de révolte et d'en venir à des actes terribles des opprimés. La hiérarchisation des castes, la pauvreté parfois extrême de certains, tout cela est fort bien décrit. A défaut de prendre un livre d'histoire sur l'Inde, lire Omprakash Valmiki permet de s'en faire une idée, vue du peuple le plus humble. J'aime lorsqu'un livre m'apporte plus que le simple -ce qui peut tout à fait suffire- plaisir de la lecture. Là, j'apprends à travers des histoires, des fictions inspirées parfois de faits réels.

Omprakash Valmiki, né en 1950 dans une famille de balayeurs-éboueurs est décédé en 2013. Outre ce livre, l'Asiathèque publie une autobiographie intitulée Joothan.
Lien : http://www.lyvres.fr/
Commenter  J’apprécie          10
Salaam est un recueil de quatorze nouvelles.

Omprakash Valmik, son auteur, est né avec une étiquette. Il est né dans une communauté dalit. Grâce aux quotas, le seul privilège mis en place en Inde pour cette communauté qui souffre de préjugés, il a pu sortir de la spirale infernale d'être cataloguée même si avec son nom rappelle à chacun sa caste.

Pour écrire "Salaam", l'auteur s'est inspirée de la vie des dalits, les difficultés de vivre de cette communauté, condamnée par la société à être considérée comme inférieure aux autres où le rejet, la déconsidération, le poids de la tradition, la tyrannie et les injustices sont le lot quotidien. Mais nous ouvre également une fenêtre sur la culture dalit.

Les histoires proposées dans Salaam sont très touchantes, parfois elles vous crèvent le coeur.

Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- C'est bien pourquoi j'vous dis de n'pas envoyer vos gosses à l'école. Ils n'ont pas besoin d'y aller et de devenir avocat. En plus, ça leur monte à la tête et ils ne sont à l'aise ni ici ni là-bas. Déjà t'as fait perdre la face au village en faisant faire des études à ta fille jusqu'à la dixième classe. Quel besoin avais-tu de la faire éduquer, tu corromps l'atmosphère du village. Et maintenant ton gendre refuse d'aller faire le salaam. Raisonne-le, qu'il vienne rapidement.
Commenter  J’apprécie          60
Ils vivent eux-mêmes en enfer, mais ils ont tout sacrifié pour m'en faire sortir... En échange ils ne m'ont jamais rien demandé, et moi, je ne leur ai jamais rien donné.
Commenter  J’apprécie          40
Ballu Ranghar s'en alla en fulminant et en lançant cet avertissement : "Dis à ces gens de la ville que jamais le corbeau ne peut se transformer en cygne."
Commenter  J’apprécie          20
Il avait toujours eu l'impression d'avancer au milieu des épines. La caste jouait un rôle important non seulement dans les conversations courantes, mais aussi pour les décisions importantes. Plusieurs fois ses compétences avaient été sous-estimées. On essayait de le maintenir éloigné des travaux à responsabilités.
Commenter  J’apprécie          00
De nombreuses fois elle a écouté ainsi la voix qui montait en elle mais elle s'est tenue coite. Maintenant, qui sait combien de blessures ont marqué son coeur...
Elle a enfermé toutes les aspirations de son cœur avec ses souvenirs dans la cantine en métal grisâtre qui l'a accompagnée depuis la maison maternelle.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : intouchablesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Omprakash Valmiki (1) Voir plus

Lecteurs (13) Voir plus



Quiz Voir plus

Le textile en s'amusant

Savez-vous quelle est la plus ancienne fibre textile dérivée du pétrole ? Indice : cette matière a rapidement pris sa place dans l'histoire du vêtement féminin.

le nylon
le feutre
le ramie

10 questions
155 lecteurs ont répondu
Thèmes : textile , Textiles et tissus , industrie , plantations de coton , culture générale , vêtements , habillement , détente , maillot de bain , laine , humour , Chanvre , confection , Fibres textiles , laine , grande-bretagne , histoire , indeCréer un quiz sur ce livre

{* *}