AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782351782828
304 pages
Gallmeister (03/02/2022)
3.94/5   63 notes
Résumé :
Dalton, Dakota du Nord, 1951.
Après la mort tragique de leur fils, George et Margaret Blackledge doivent maintenant accepter d’être séparés de leur petit-fils adoré, Jimmy. Car leur belle-fille, Lorna, vient de se remarier à un certain Donnie Weboy et l’a suivi dans le Montana. Hostile à l’égard de Donnie qu’elle soupçonne de maltraiter la jeune femme et l’enfant, Margaret décide de se lancer à leur recherche pour ramener Jimmy coûte que coûte. George ne peu... >Voir plus
Que lire après L'un des nôtres Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 63 notes
5
12 avis
4
11 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Mal remis de la mort de leur fils en ce début des années cinquante, le shérif à la retraite George Blackledge et son épouse Margaret sont de surcroît séparés de leur petit-fils de cinq ans, Jimmy, depuis que leur bru s'est remariée avec Donnie Weboy, un homme de sulfureuse réputation qu'ils soupçonnent de maltraitance sur la jeune femme et l'enfant. Mis au pied du mur par sa femme, George se résout à l'accompagner dans le Montana pour retrouver Jimmy et le ramener coûte que coûte dans leur ranch du Dakota du Nord. Mais, là-bas, ils sont violemment accueillis par le clan Weboy, qui, dirigé d'une main de fer par sa matriarche, terrorise la région.


Classé parmi les grands de la littérature américaine depuis son premier roman Montana 1948, Larry Watson campe ici un récit taillé à la serpe dans les âpres espaces du Nord-Ouest des Etats-Unis. Tout - paysages comme habitants -, y semble coulé dans une rudesse forgée par la loi du plus fort, la vie se chargeant d'enfermer émotions et sentiments au plus secret des êtres, à moins qu'elle ne vous transforme tout bonnement en brute épaisse, sans autre foi ni loi que la vôtre ou celle de votre meute. L'on se croirait encore au temps de la conquête de l'Ouest, lorsque, enhardis par l'absence ou par la complaisance des autorités, quelques hors-la-loi pouvaient mettre un territoire en coupes réglées, et que les honnêtes gens n'avaient plus qu'à subir ou à se faire justice, à leurs risques et périls.


C'est ainsi qu'un vieux couple, usé par les combats d'une vie, mais las de courber l'échine, se retrouve à se rebeller contre la goutte de trop. Elle, parce que l'existence lui a déjà ravi ses enfants et que perdre maintenant son petit-fils est au-delà de ses forces. Lui, parce que, désespéré de son impuissance à protéger les siens des coups du sort, il voit soudain rouge quand d'infâmes voyous à la petite semaine viennent insupportablement en rajouter. Commencée dans le silence épais des non-dits et par ce qui paraît d'abord presque comme une impossible lubie de la part d'une vieille femme malheureuse mais têtue, poursuivie en road trip dans les conditions rudimentaires de petites gens habituées à vivre à la dure, l'intrigue s'emballe soudain dans une explosion de violence, où colère et sentiment d'injustice n'ont d'égal que l'affection ressentie pour quelques personnages témoins d'une poignante humanité.


De tous côtés, ce sont les femmes qui mènent la danse, et les hommes qui suivent ou bien qui boivent, jusqu'à ce que, dans un paroxysme imprévisible, la rage fasse soudain sauter le verrou de leur endurance et les emmène alors dans des actions extrêmes que rien ne laissait prévoir. Longtemps intrigué par la manière dont tout cela va bien pouvoir finir, le lecteur happé par la noirceur du récit autant qu'habité par l'âpre et indifférente majesté des paysages, se retrouve embarqué dans un western implacable, où à la froide cruauté de méchants intouchables finit par répondre l'explosion volcanique de justes incapables de supporter plus longtemps leur condition de victimes.


Un roman noir, aux personnages anges ou démons, que tout amène à la confrontation brutale. Ainsi sans doute en va-t-il des guerres : arrive insidieusement un point de non-retour, où l'affrontement et le sacrifice semblent les ultimes recours auxquels, malgré soi, se résoudre. C'est implacable et dérangeant.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          839
Dalton, Dakota du Nord, 1951. George et Margaret Blackledge forment un couple attachant de jeunes retraités. Parents de jumeaux, ils ont perdu leurs fils lors d'un accident de cheval inconcevable pour un jeune homme aussi aguerri. Ils pourraient bien perdre aussi leur petit-fils chéri, le petit Jimmy, quatre ans à peine. Leur belle-fille Lorna vient en effet de se remarier avec un dénommé Donnie Weboy et de le suivre dans le Montana.

Margaret ne tient pas le jeune couple qui a la garde de Jimmy en haute estime et le soupçonne même de maltraitance à son endroit. Rongée par ses angoisses et son désir de revoir son petit-fils, elle a pris sa décision : elle va partir à la recherche du couple et espère en secret ramener Jimmy dans le foyer aimant de ses grands-parents. Ancien Shérif à la retraite, George n'est pas convaincu par le bien-fondé de l'épopée dans laquelle son épouse a décidé de se lancer. Lorsqu'il saisit que Margaret partira avec ou sans lui, il comprend qu'il n'a d'autres choix que d'accompagner sa bien-aimée dans son improbable quête.

« L'un des nôtres » commence par le voyage de deux sexagénaires, qui ont emporté une tente canadienne et se dirigent vers la bourgade de Gladstone, sur les traces de Donnie et Lorna. Un voyage à l'ancienne où le couple traverse des paysages inviolés, rencontre un Indien pêcheur, et dort dans une cellule que le shérif de Gladstone leur offre en guise de gîte improvisé.

Larry Watson prend son temps. le temps de planter le décor d'une intrigue, où les seuls drames sont ceux qui se jouent au creux des âmes déchirées de Margaret et George qui ne se sont pas remis de la perte de leur fils, et pressentent qu'une ombre maléfique plane au-dessus du destin du dernier Blackledge, tel un milan noir dessinant de longs cercles concentriques avant de plonger sur sa proie. Si le début du récit ressemble davantage à un roman de nature writing qu'à un roman noir, la donne change brusquement lorsque le couple rencontre Bill Weboy. Bel homme à l'aura malfaisante, ce dernier leur fait comprendre que le clan Weboy, réfugié dans les montagnes, règne en maître sur la région et que le couple de retraités n'est pas le bienvenu.

***

À rebours du schéma « classique » du roman noir américain, qui commence souvent par un drame violent et cruel, plongeant son héros au coeur des ténèbres, et se poursuit par une quête de rédemption à l'issue de laquelle ce dernier pourrait bien revoir la lumière, « L'un des nôtres » débute en douceur, en s'attardant sur les fêlures qui traversent un couple de retraités aimant.

Un couple qui aurait tout aussi bien pu laisser Jimmy avec sa mère Lorna, si Margaret n'avait été rongée par le pressentiment que son petit-fils était en danger, auprès d'une mère désinvolte et d'un beau-père cruel. Et pourtant. le couple part bel et bien à l'aventure. Si le début de la quête du dernier Blackledge se passe sans encombre, Larry Watson nous emporte dans une intrigue qui s'obscurcit chaque page davantage, telle la lumière de l'astre rouge qui disparaît à l'horizon des champs dorés ployant sous le vent de l'orage qui s'annonce.

Sous un abord « bon enfant », qui tient à la bonhomie bougonne de George, se dissimule un authentique roman crépusculaire, qui emporte nos protagonistes au coeur d'une nuit sans lune, à la rencontre du clan Weboy, qui n'entend pas abandonner Jimmy sans combattre. « L'un des nôtres » déroule un récit linéaire, évoquant de prime abord un road trip dans une Amérique aussi rude que chaleureuse, avant de se transformer en authentique roman noir. C'est paradoxalement le classicisme absolu d'une intrigue quittant la lumière pour plonger dans les ténèbres, qui confère au roman de Larry Watson une force de percussion inattendue, et frappe le lecteur en plein coeur.

Commenter  J’apprécie          5836
Commencer un nouveau livre c'est toujours une petite fête, alors que dire de ceux de Larry Watson : un régal.

Je me l'étais gardé pour le Tibus ligne 6 Saint-Brieuc -Lannion, 2 heures pour 60 km, oui c'est possible, mais quel pied pour lire sans être interrompu ! un véritable transsibérien de la lecture , et encore j'ai failli louper mon arrêt, transportée par Monsieur Larry Watson et son écriture hypnotisante.

C'est le Dakota , années 50, un couple merveilleux, Margaret et George Blackledge, la soixantaine gaillarde , aussi indissociables qu'un bouquet de chardon dans une tresse de cheval.

Margaret parle , elle pèse ses mots, George se tait, il baise ses maux, par une multitude de silences à l'architecture et à la densité inépuisables.
Quand Margaret part à la recherche de leur petit-fils, elle a fait la valise de George, elle sait déjà qu'il la suivra , même si elle lui laisse le choix par tact conjugal.
Ils iront donc tous les deux à la rencontre du clan Weboy, qui collectionne avec brio bêtise, balourdise et cruauté .

La confrontation sera terrible pour le couple Blackledge , leur humanité n'est pas taillée pour le costard étriqué de la haine . Notamment celle de la matrone du clan Weboy, sorte de Ma Dalton protégeant ses fils loupés et faisant régner la terreur dans le canton avec la profusion de l' imbécillité.

La tension constante du récit est un réseau électrique de première qualité qui vous débranche les poumons au profit d'images cautérisées à même le cerveau.


Un voyage en pure selle Gallmeister, des cuirs qui craquent, des baraques paumées, d'opiniâtres gorgées de whisky qui vous refont l'intérieur. Mais aussi immense beauté d'un lien conjugal puissant.
Sacré voyage avec Margaret et George, attachement définitif garanti.
Commenter  J’apprécie          474
Le duel des grands-mères (bis)

Comme en écho au livre de Dembélé lu récemment, voici la version US du même thème, énième variation – ici particulièrement réussie – de la réflexion identitaire, de ce qui nous fonde et de ce qui nous fait ; de ce que l'on est, selon où l'on naît.

À Dalton, Dakota du Nord, Margaret et George Blackledge n'ont pas eu la vie espérée. Comme sa femme, l'ancien shérif aujourd'hui tâcheron dans le bâtiment ne s'est pas remis du décès accidentel de leur fils. Fini l'exploitation du ranch, les réjouissances familiales et les espoirs de transmission.

Et pour ajouter à leur malheur, leur belle-fille Lorna n'est pas restée veuve longtemps, s'entichant d'un fils Weboy qu'elle a suivi dans le Montana au coeur d'un clan familial peu recommandable. Et dans ses bagages, Jimmy, petit-fils arraché à l'amour d'une Margaret inconsolable.

Bien décidée à le ramener chez elle - « C'est un Blackledge, Georges. Il doit vivre parmi les siens » - Margaret se met en route, quitte à s'opposer à Blanche Weboy, l'autre grand-mère. “Une fois qu'il est arrivé dans le Montana et qu'il est entré dans sa maison, il est devenu un Weboy. Un des siens. Et quand elle pense que quelque chose lui appartient, elle ne le lâche plus ».

L'Un des nôtres de Larry Watson – traduit par Élie Robert-Nicoud – est un délicieux livre à double lecture, où certains apprécieront l'intrigue solide de cette lutte noire et violente entre deux clans au verbe limité mais aux actions aussi rudes qu'efficaces.

D'autres comme moi, goûteront aussi – et surtout - cette deuxième couche beaucoup plus lente, remplie de colère et de sentiment d'injustice. Une réflexion sur ces petites choses qui forgent notre « moi », puis notre « nous ». Des petites choses dont certaines disparaissent au fil de la vie : des ascendants, une terre, un métier, un enfant…

Jusqu'à la perte de trop, celle qui nous devient insupportable, nous fait passer de l'aménagement du chemin de vie à l'impossibilité de le poursuivre tel qu'il s'annonce. C'est tout cela qui se bouscule dans le cerveau de Margaret, femme et grand-mère magnifique, qui doute mais agit, tremble mais avance.

« J'ai peur (…) J'ai peur d'être emportée (…) Que tout ce que les Mann ont été, tout le travail que mon père a accompli, et les Blackledge aussi, que tout cela soit réduit à néant. Bang. Disparu. Envolé. Plus personne sur notre terre portant le nom qui a fait de cet endroit ce qu'il a été. Ce qu'il est ».

Un joli livre donc, aux personnages féminins particulièrement réussis, à côté desquels brille un Georges Blackledge taiseux mais glorieux et empathique. Une réussite.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          380
Dakota, 1951. A la douleur d'avoir perdu leur fils s'ajoute maintenant celle de ne plus voir leur petit-fils, emmené dans le Montana par leur ex-belle-fille qui n'a pas tardé à retrouver un mari en la personne de Donnie Weboy, membre d'un peu recommandable clan familial. Très inquiets du comportement de ce nouveau père et considérant que le petit est en danger, les braves époux Blackledge vont aller défier le clan Weboy sur ses terres et tenter de négocier le retour de l'enfant dans le Dakota. Ils n'imaginent pas le pouvoir de nuisance de cette famille dominée par une femme impitoyable.
Les Blackledge sont désarçonnant de naïveté et la mamie est tellement certaine de la légitimité de sa demande qu'elle ne veut pas envisager l'échec. C'est oublier un peu vite que les Weboy, en semant la terreur dans leur secteur bénéficient en quelque sorte d'une protection officielle des autorités qui souhaitent juste éviter les vagues.
Dans ce puissant roman noir, Larry Watson installe tranquillement l'intrigue et campe avec soin ses personnages avant de déclencher un ouragan de sauvagerie brutale

Commenter  J’apprécie          202

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Blanche Weboy est née Blanche Gannon, ses ancêtres venaient de l’Illinois, et ils ont pris possession de terres au nord-est de Gladstone avant même que Gladstone n’existe. La vie a été dure dans les premiers temps. Blanche avait sept frères et sœurs, elle a perdu une sœur aînée, morte d’une pneumonie, et un jeune frère qui s’est noyé dans la citerne d’un voisin. Un autre de ses frères avait fait une chute de cheval, s’était cassé la colonne vertébrale, et avait passé le restant de ses jours sur une chaise roulante. Un de ses oncles était mort gelé quand il s’était perdu dans le blizzard en revenant de la ville. Son père avait été mordu par un serpent à sonnettes et avait failli en mourir. Oui, la vie était dure et tout le monde n’était pas capable de supporter ça. Dès qu’ils avaient pu, les frères et les sœurs de Blanche étaient partis sans le moindre regret. Blanche avait été la seule à rester, et ses enfants représentaient désormais la quatrième génération de Gannon et de Weboy nés et élevés sur le sol du Montana.
Commenter  J’apprécie          204
Depuis les escarpements rocheux à l’est de la ville, on a l’impression que Gladstone, Montana, est le résultat d’un coup de fusil, le centre commercial et les quartiers résidentiels sont au point d’impact, resserrés au milieu, puis les magasins et les maisons dispersés qui figurent la chevrotine appartiennent à ces natifs du Montana pour qui l’espace est plus sacré que les rapports de bon voisinage. Et toujours plus loin du centre, les arbres se font encore plus rares, au-delà des limites de la ville, rien ne pousse plus haut que le genou, si ce n’est les peupliers près des courbes scintillantes de la rivière Elk. Dans cette vaste étendue aride, on aperçoit quelques ranchs mais depuis cette hauteur, on ne peut pas savoir s’ils sont abandonnés ou exploités.
Commenter  J’apprécie          80
L'automne est venu, dans le Montana du nord-est. L'haleine des gens, la clarté des étoiles, l'odeur du feu de bois, les pierres au sol que même une journée de soleil ne saurait réchauffer, tout cela dit qu'on ne pourra plus se croire en été.
Commenter  J’apprécie          100
Bill Weboy fait les présentations. On échange des poignées de main, et pendant quelques instants les nouvelles connaissances battent la semelle, lèvent la tête vers le ciel bas et font des commentaires sur le temps – le comportement humain équivalent à celui des chiens qui tournent les uns autour des autres en se reniflant le derrière.
Commenter  J’apprécie          40
Elle dénude un corps qui révèle le nombre de ses années aussi sûrement que les feuilles jaunes disent qu’on est en automne.
Commenter  J’apprécie          121

Video de Larry Watson (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Larry Watson
A special thank you from Larry Watson
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (201) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Lucky Luke

Je suis le personnage secondaire "réel" le plus présent dans la série et je fais ma première apparition dans l'album "Hors-la-loi". Dès ma deuxième apparition, dans "Lucky Luke contre Joss Jamon", je prends les traits d'un jeune bandit coléreux, petit, nez retroussé, taches de rousseurs et incisives en avant, je suis la parfaite caricature des jeunes adolescents.

Lucky Luke
Jolly Jumper
Rantanplan
Joe Dalton
Billy the Kid
Calamity Jane
Roy Bean
Buffalo Bill
Jesse James
Sarah Bernhardt
Wyatt Earp
Abraham Lincoln
Edwin Drake
Mark Twain
Allan Pinkerton

15 questions
154 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd jeunesse , bande dessinée , bande dessinée humour , western , western humoristique , bd franco-belge , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..