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Critiques de Stephen King (16023)
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Ecriture : Mémoires d'un métier

Stephen King ne se souvient pas d'avoir écrit "Cujo" !

Qui alors? Sa femme Tabitha? Son double, Richard Bachman... Comme dans Minuit 2?

Le croquemitaine dans l'armoire du petit Tad..?





Stephen King se droguait, à l'époque ! Il a arrêté, grâce à Tabitha, sa femme... C'est un livre entre essai, création littéraire et souvenirs...



A 5 ans, Stephen "demanda à sa mère si elle avait jamais vu quelqu'un mourir."

Maman King répondit que oui, il y avait cette jeune fille noyée, à l'âge de 14 ans. Et ce marin qui s'était jeté d'un toit..

- Il a giclé de partout! Fit-elle

Le truc qui a giclé de lui était vert. Je ne l'ai jamais oublié.

Moi non plus, m'man. Écrit Stephen King...





A 19/20, pendant l'été, Stephen nettoyait les traînées de rouille dans les douches des filles. Il remarqua 2 boîtes métalliques, pour ("bouchons de chatte, fit son équipier!) fixées sur les murs carrelés.





Ce fut presque comme au cinéma.

"Carrie, cette pauvre gourde, une victime désignée ! Les autres filles lui jetaient à la figure, des serviettes hygiéniques et des Tampax, en psalmodiant:

Bouche le! Bouche le!

Carrie se met à hurler. Tout ce sang ! Elle croit qu'elle va mourir..."





"Carrie," ce premier roman, était dans la corbeille à papiers, quand Tabitha le ramassa. Elle voulut connaitre la suite... Vous connaissez la fin du livre!





Stephen se souvenait de 2 filles de son lycée, disons Sondra, "qui trottinait dans les couloirs de Lisbon High, comme une souris effrayée. Dont la mère avait un énorme Christ en croix, grandeur nature, la bouche grimaçante, et qui disait:

-C'est Jésus Christ, mon Seigneur et mon Sauveur. Et toi, Steve, as-tu été sauvé ?

Stephen reculait, reculait...





P.S: Le 19 juin 1999, Stephen King est heurté par un van. Pendant sa convalescence, l'écrivain est immobilisé, à cause d'une fracture de la jambe...

Devinez qui est son infirmière et sa plus grande fan?

Noon, pas la nurse Annie Wilkes du livre "Misery"!..." Ça,™" ça, c'est une autre histoire ;-)

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La part des ténèbres

Roman paru le 1989, et signé par Richard Bachman. Puis en 1985, sous les noms de Bachman et Stephen King. Or Bachman a succombé en 1985 d'un cancer doublé d'une forme rare de schizophrénie."



" Pauvre naïf ! Ça a dû te faire un choc quand tu as vu la fausse tombe grande ouverte, hein ? Et cette série de meurtres abominables ? Exactement comme dans nos romans ! "



Dans "La part des ténèbres", Thad Beaumont a fait enterrer Georges Stack, son double, en révélant qu'il a écrit , sous ce nom de plume, tous ces livres à succès ( à cause d'un maître chanteur qui connaissait son secret )...



Mais après l'enterrement dans le cimetière de Castle Rock, quelque chose est sorti de la terre. Plusieurs meurtres atroces sont perpétués et on trouve les empreintes de Thad sur le lieu du crime.



"Les moineaux volent de nouveau", écrit le meurtrier sur les lieux du crime.

Ce sont des oiseaux chargés du voyage des âmes des défunts entre le royaume des morts et des vivants. Thad sait que ce n'est pas lui et un double virtuel ne peut pas tuer, si?

"Comment faisait-on face non pas seulement à la mort d'un enfant, mais à la disparition brutale d'un enfant adulte ? Comment faisait-on face à ce qu'avait de banal et d'irrationnel leur assassinat ?"



"Vous êtes en train de me parler d'un pseudonyme qui devient vivant !"

Thad apprend qu'il a eu un cancer, enfant ( comme pour le double de Stephen King) qui...



P.S: ce fut un libraire, Steve Brown, qui s'aperçut des similitudes entre les oeuvres de Bachman et de King.. Il posta ses conclusions à l'éditeur de Stephen King...



Bachman est mort et enterré en 1985, mais il revient pour écrire d'autres livres, après cette date. Il est peut-être encore penché sur l'épaule de King, pour lui souffler d'autres idées?

Comme "Marche ou crève" en 1989, "La peau sur les os" en 1993,,"Les régulateurs" en 1996, signé Richard Bachman.
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Salem

Ayant beaucoup aimé Simetierre, j’ai voulu réitérer l’expérience du King version horreur à travers une lecture commune avec mon ado.

Alors oui, Simetierre m’avait entièrement convaincue. L’atmosphère y est parfaitement restituée. Pour Salem, je suis plus mitigée. Beaucoup de personnages ici que le King prend plaisir à introduire un à un sans lien entre eux sauf d’être habitants de Salem. On se doute vite qu’il va arriver des problèmes à ces personnages.

Alors que Simetierre se concentre sur une seule famille. Ce qui permet l’empathie et l’attachement. Dans Salem, trop de personnages sans possibilité d’attache de mon côté.



Contrairement à Simetierre, j’ai trouvé que l’action se mettait assez vite en place et que l’horreur montait crescendo. Ce qui a évidemment davantage plu à mon fils. Horreur pour certains mais pas pour moi. Ce qui me fait peur, c’est plus l’ambiance, l’atmosphère, hémoglobine, zombies et loups garous, cela me fait plus rire qu’autre chose. Pas vraiment de gros frissons ici donc.

Bémol également sur le côté obscène en première partie qui m’a un peu parasitée ma lecture.



Par contre, ce que j’ai le plus apprécié dans Salem, c’est le talent du King à se servir de la nature pour soulever quelques passages poétiques de toute beauté. Il distille des pétales de rose dans des flaques de sang, et cela m’a énormément plu.



Un thème de vampires peut-être un peu désuet mais servie d’une écriture fine même si j’étais un peu en reste des sempiternelles descriptions du King que j’avais fini par beaucoup apprécier.
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Misery



Misère, quand une infirmière fait vivre l'enfer à un écrivain qui crie en vain, moi j'adhère !

Ce livre aurait pu s'intituler Obsession.

Ce n'est pas bien, il avait fait mourir l'héroïne de son bouquin, le vilain. Elle n'a pas aimé du tout, la soignante saignante, alors elle a décidé qu'il allait bien gentiment la ressusciter.

C'est qu'elle le soigne aux petits oignons son auteur, elle prend de la hauteur tandis qu'il descend en enfer. Elle le Shooshoote à mort, j'adore.



Mon livre préféré du King après La ligne verte.



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Marche ou crève

Ce roman de Stephen King m'a été chaudement recommandé sur Babelio et en dehors.

Je tiens à remercier Nicola (NicolaK) et Gabylarvaire et d'autres si j'en oublie sur Babelio pour ce conseil de lecture.



Marche ou Crève nous met dans la peau de Ray Garraty, participant à "La Longue Marche".

Au départ cent participants, triés par des tests physiques et psychologiques avant d'entamer une course à pied pas comme les autres.

Les participants, selon le règlement ne peuvent pas cumuler plus de trois avertissements. Une fois ces trois avertissements reçus, ils ne se voient ni plus ni moins recevoir leur ticket afin d'être exécutés par l'armée qui veille sur les marcheurs et appliquent le règlement.

Comme par exemple ne pas descendre en dessous de 6,5km/h de vitesse de marche ou ne pas interagir avec le public sous peine de se prendre un avertissement.



C'est une épreuve cruelle teintée de voyeurisme de la part du public. Mais néamoins, pendant cette Marche de plusieurs jours, Ray Garraty se verra lier des alliances, qui iront pour certaines jusqu'à de l'amitié tout au long de cette épreuve. Il ne se fera pas que des amis. Certains concurrents se verront être de pures pourritures.



Tout comme cette longue marche, la lecture du roman ce fera comme une course de fond au rythme du récit et ce, malgré que le livre soit assez court. Environs 380 pages.

On vit et ressent à travers Garraty, le personnage principal les émotions de celui-ci, ses hauts et ses bas, ses galères et celles des autres participants où chaque faiblesse et chaque effondrement de soi, se verra sanctionné par une détonation de fusil ou de mitraillette octroyant la mort immédiate.



Malgré cette marche de "la mort" ou pour "la vie", c'est selon, il est assez étonnant de voir en début et milieu de récit, dans les liens tissés entre les marcheurs se confiants sur leurs vies, leurs envies et leurs états d'âme sur un ton joyeux et bon enfant malgré l'ombre de la mort qui rôde sur chacun d'eux.



C'est une lecture que j'ai apprécié mais cependant, je ne le conseillerais pas en tant que première lecture pour commencer du Stephen King même si ce roman est excellent.
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Brume - Intégrale

Avec une vingtaine de lectures, je ne suis pas ce que l'on peut appeler un inconditionnel du King (de papier).

Je découvre à cette occasion l'auteur de nouvelles que je ne connaissais pas, et disons le tout de suite j'ai été impressionné par cette facette du talent de Stephen King.

Le recueil contient une vingtaine de nouvelles de tailles variables explorant des thématiques allant du "merveilleux" au récit horrifique, j'ai apprécié cette variété qui propose une surprise à chaque récit.

La première nouvelle au titre éponyme (pas pu m'en empêcher) est aussi la plus longue et la plus consistante, au format "novella", et de ce fait, va être particulièrement soignée et détaillée, un récit au scénario horrifique et au suspense efficace.

Comme il n'entre pas dans mes intentions de détailler chaque nouvelle, je vais me contenter de nommer celles que j'ai le plus aimées.

Le singe qui joue efficacement avec nos peurs d'enfants.

Le raccourci de Mme Todd et son côté merveilleux.

Le radeau pour son excellent suspense.

Machine divine à traitement de texte pour le scénario, peut-être mon "coup de cœur" du recueil.

Le goût de vivre pour le scénario original.

Mémé, surtout, continuez à aimer vos grand-mères !

Et enfin la ballade de la balle élastique qui se lit avec fascination, une variation sur les histoires qu'on se raconte au coin du feu, excellent !

Pour conclure j'ai aimé que l'auteur nous parle de son métier en introduction et surtout de ses sources d'inspiration sur les récits du recueil en conclusion.

J'ai lu ces histoires en quatre mois environ, c'est le bon côté des nouvelles, c'est quand on veut et quand ça nous arrange, idéal pour faire un (petit) break entre deux lectures.
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Docteur Sleep

Docteur Sleep



25 ans déjà que tu m'accompagnes, me parles et me chuchotes tes horreurs dans le creux de mes oreilles me faisant frissonner, m'inquiéter ou me ronger les doigts (ouille !) pour tes histoires et tes personnages. Bref tu as fait accélérer plus d'une fois mon palpitant qui palpite qui palpite.



Mais, tu as changé, Stephen. Tu es devenu un charmeur.

Ta voix aussi a beaucoup changé depuis Shining.

Avant tes mots s'adressaient à mes tripes, les tordant avec délectation et malice me foutant le trouillometre à zéro. Dorénavant tu vises le cœur et l'émotion.

Tu as mis de côté l'horreur organique et tu susurres à mon cœur une douce mélopée ; aux relents acides tout de même. Car on y meurt beaucoup dans tes livres (aie !).



Et si le lecteur se retrouve toujours confronté à l'horreur, on parlera d'horreur émotionnel dans le cas présent, d'éloge de la noirceur lumineuse.

Et quelle richesse dans les thèmes abordés. Un livre dont les charmes se délient à chaque page tournée. De la générosité à l'état brut.



Des personnages comme toujours brillamment écrits, touchants, réalistes à l'identification immédiate. L'une de tes plus grandes forces. Avant l'histoire, même. Tu insuffles tellement de vie en eux qu'on les entend respirer près de nous.

C'est avec puissance et empathie que l'on retrouve Danny Torrance et suivons ses souffrances et ses frayeurs par rapport à son don et le chemin alcoolisé qui en découle. Alcoolique comme papa, en voilà un retour au point de départ. "La vie est une roue, et elle revient toujours à son point de départ."



Mais l'histoire, parlons en. Elle nous surprend toujours, va dans la direction inverse de ce a quoi on s'attend et apporte de la fraîcheur dans tes trames scénaristiques.



Et quelle bonne idée que ce clan du Nœud Vrai. Des vraies gueules cassées. La première référence qui vient en tête est le premier film de Kathryn Bigelow "Aux Frontières de l'Aube" pour le côté moderne et itinérant. Sorte de vampires de l'âme qu'ils vous siphonnent en un rien de temps et dont ils gardent en réserve des tubes dont ils se nourrissent pour vivre éternellement, addicts à la vapeur.



Docteur Sleep est d'ailleurs entre autres un roman sur l'addiction. Celles des personnages bien sûr, entre alcool et drogues mais aussi celle que tu fais subir à tes lecteurs, incapable de décrocher du fixe annuel ou bi-annuel dont tu les nourris. Un trip d'une puissance incomparable aux effets salvateurs pour l'âme.



Le bouquin parle aussi de la transmission. Un sujet rarement abordé par le King jusqu'ici. L'âge aidant et la question devant sûrement faire son chemin dans sa tête, l'idée de succession lui trotte. On peut y voir un parallèle avec son fils Joe. "Quand l'élève est prêt, le maître apparaît".



D'ailleurs, ce livre est plein de petites phrases qui font mouche, d'une finesse et justesse absolue. Et c'est avec une grande tristesse que la dernière page se referme. Ce bouquin reste en tête, n'en sort pas et vous hante délicieusement.



Pour conclure, il est dit que Stephen King a cette particularité d'avoir plusieurs voix d'écriture, une de ses grandes forces, qui lui évite de bégayer comme un Koontz a pu souvent le faire. Et sa voix ici a la tonalité de la douce obscurité et sa plume plongée dans le sang rédige un roman lumineusement sombre.

Un petit chef d'œuvre 4/5

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Holly

C'est les rotules en compote que j'arrive au bout de mon mini-marathon Stephen-Chou & Holly.

Je sais bien que je n'avais pas la tenue adaptée pour entreprendre ce périple, j'ai d'ailleurs explosé ma tong droite sur la dernière ligne droite.



Et ce petit pincement au coeur à l'arrivée... mais ça, c'est parce que je quitte ces personnages attachants.



Je vais tenter d'écrire un petit topo qui ne spoile ni sur ce roman, ni sur ceux qui précèdent.



Le COVID occupe une place prépondérante dans le récit, puisque lorsque nous retrouvons Holly, elle revient tout juste de l'enterrement de sa mère qui en est morte.

Par ailleurs, son associé, Pete Huntley, est rétamé par le variant Delta, version longue; ce qui fait que Jerome étant plongé dans l'écriture de son livre, Holly se retrouve seule à l'agence d'enquêteurs.



C'était déjà le cas dans la nouvelle Si ça saigne, pour d'autres raisons.

J'avoue avoir préféré les 'aventures" qu'elle menait à plusieurs, mais Stephen a oublié de me demander mon avis.



Puisqu'on en parle, l'auteur dit dans une note que Si ça saigne précède de très peu dans le temps (2020) les événements qui se produisent dans Holly, mais qu'il n'y mentionne pas le virus parce qu'il a écrit la nouvelle en 2019.

Bah oui, forcément...



Bref, Holly est harnachée de la tête aux pieds : masque FFP2, gants en je ne sais plus quoi, vaccins, et quand elle rencontre les gens, la discussion commence par la marque des injections qu'on leur a faite, encore que bien souvent, son chemin croise des AntiVax comme sa mère.



Mais revenons à nos moutons.



Après le décès de Charlotte, Holly découvre d'autres aspects de la personnalité, pour ne pas dire perfidie, de sa génitrice, suivie de près par son oncle.



Effondrée, trahie, elle décide de mettre les activités de son agence en pause pour une période indéterminée.



C'était sans compter sur un appel qu'elle se décide à prendre après en avoir ignoré beaucoup.

Il émane d'une femme désespérée par la disparition de sa fille.



Holly ne peut rester insensible à sa détresse et faisant fi des conditions sanitaires, de sa fatigue et de sa solitude, vole à son secours.



Mais c'est l'arbre qui cache la forêt, ainsi que le découvre notre héroïne lorsqu'elle s'approche d'un peu plus près.



Que dire ? C'est du bon Stephen King, on n'a pas le temps de s'ennuyer.



On croise des personnages plus qu'adorables, notamment du côté de Barbara (soeur de Jérome et amie de Holly) et d'autres plus qu'infâmes, comme vous le verrez par vous-mêmes.



J'ignore de quoi sera fait son prochain roman, le dernier bouquin sorti étant un recueil de nouvelles, mais un petit retour au fantastique ne me déplairait pas.



Mystère, mystère...



..
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Shining

Un hôtel hanté, un huis-clos loin de toute civilisation, un hiver très rude, un homme soumis à ses colères et sa dépendance, victime d'un passé violent dans sa famille, une mère et son fils tributaires des choix et de la folie d'un mari, un enfant possédant un fort don qui leur permettra d'appeler à l'aide…



Comme beaucoup, j'ai vu le film et n'avais pas lu le roman. Bon c'est chose faite à présent.



Comme beaucoup, je sais que Stephen King n'a pas aimé l'adaptation car je le cite: «Dans le livre, il y a un arc narratif où tu vois cet homme, Jack Torrance, essayer d'être bon, mais petit à petit il évolue dans cet endroit et devient fou. En ce qui me concerne, quand j'ai vu le film, j'ai remarqué que Jack était fou dès la première scène. » Tandis que l'un montre un homme sous l'emprise d'un hôtel hanté, l'autre montre un homme déséquilibré en proie à sa colère et ses hallucinations. L'erreur de Kubrick est l'ellipse temporelle brutale (un mois plus tard) qui nous empêche de mieux connaître Jack avant l'hôtel, et donc absent de la lutte qu'il a avec lui-même.



***



Je ne pourrais jamais dire que je préfère le livre au film, comme pour Blade Runner, les deux se valent. Tandis que l'un est un génie de l'écriture, happant son lecteur jusqu'au dernier mot, l'autre, par ses nombreux travellings avant et arrière, ses forts plongées et contre-plongées, ses plans fixes qui détonnent la symétrie (et les fausses symétries) avec une froideur incomparable (des plans larges d'ailleurs, peu commun dans l'horreur), les faux champ-contre-champs, le choix de perdre le public (le labyrinthe, mais également la moquette, les couloirs, les murs – des pièces qui changent de volume, de place, de couleurs, donnant l'impression que les murs de l'hôtel se déplacent – des plans qui nous perdent dans l'espace provoqués également par des plans à travers les miroirs, des raccords en fondus enchaînés qui nous brouillent dans l'espace et le temps, le découpage temporel du film de moins en moins précis…), l'éclairage et les musiques évidemment qui sont toujours essentielles à Kubrick, et qui accompagnent avec précision la forme et le fond de ses plans, le son (la machine à écrire, le tricycle dans les couloirs, la balle projetée dans le hall, les coups de hache, etc… ) et la direction des acteurs (une pensée pour la pauvre Shelley Duvall qui a énormément souffert) et toute la symbolique sur la violence ( la violence sur les Natifs – pourquoi Kubrick choisit de dire que l'hôtel a été construit sur un cimetière indien ? La violence sur les afro-américains, la violence et la désintégration de la cellule familiale) est un incroyable réalisateur… Tout cela montre qu'ils se valent même dans leurs différences : deux grands génies.

Mais est-ce que deux grands génies se comprennent forcément ? Il est clair ici, que non.



***



Mon ressenti : l'oeuvre de King est-elle si différente de son adaptation ?

Mais voilà, si Stephen King maîtrise son sujet, il ne maîtrise pas le lecteur et pendant ma lecture je me suis posé cette question : Jack est-il vraiment une victime sous l'emprise d'un hôtel hanté ? Pourtant il a toutes les prémices pour péter un plomb tout seul. Notamment, lorsqu'il raconte son enfance avec un père très violent (la description du tabassage de la mère avec les lunettes cassées dans la purée, détail qui rend l'oeuvre d'une véracité dérangeante), son alcoolisme, ses rapports douteux avec son épouse, sa violence amnésique, ses colères, etc… On peut admettre que quelque chose cloche dans le cerveau de monsieur Torrance même avant son arrivée à l'hôtel. Utiliser l'alcool comme excuse à sa violence et penser qu'en y faisant abstraction, cette colère aura disparue. Mais n'est-elle pas cachée dans l'ombre et le confinement ne peut-il pas la réveiller? Et lorsque l'on fait une analyse plan par plan du film de Kubrick, on se rend bien compte que l'hôtel est hanté et que c'est par cette forme et non par son fond, que le film est plus fidèle au roman que ce qu'il n'y paraît. Mais cela ne tient qu'à UN mot : « interprétation ». Et l'interprétation est quelque chose de totalement subjective. Donc hôtel hanté ou homme fou dans les deux versions?



***



Dans le film, le « don » n'est pas quelque chose de primordial, tandis que le roman met logiquement beaucoup plus l'accent sur ce Shining (l'Enfant Lumière était le titre dans les premières éditions françaises), qui en fait le titre de l'oeuvre. Car dans l'adaptation, Danny pourrait tout aussi bien être un gosse « normal » que cela ne changerait pas vraiment l'histoire car même si l'enfant invoque Hallorann (bip bip bip bip bip pour ceux qui n'ont pas vu le film), son intervention est aussi brève qu'inutile (concernant le don, car dans l'histoire, c'est hautement symbolique).

Et c'est là !!! oui je pointe mon doigt mais personne ne me voit, c'est là que le roman devient une oeuvre à part qui mérite d'être lu même si vous kiffez grave le film ! le choix de Kubrick de faire du don de Danny une anecdote, donne entièrement les armes au charisme indiscutable de Nicholson, offrant l'image du père « fou furieux » dès le début, tant déprécié par l'auteur. Et on se demande, on pourrait imaginer, que Kubrick n'a lu que les 300 premières pages, en omettant toutes les dernières parties qui donnent son titre au roman. La menace dans le film est Jack et uniquement Jack (d'ailleurs on ne verra pas l'agression de Danny dans la chambre interdite, mais uniquement son pull déchiré et les marques dans le cou, qui pourraient être tout aussi bien, finalement être un acte de Jack…). Alors que dans le roman, tout l'hôtel est une menace et le Shining est là pour protéger Danny un maximum.



***



J'ai beaucoup aimé le roman. Etonnement, il m'a été plus facile de dissocier les personnages aux acteurs que ce que je pensais, tout simplement parce que la Wendy du roman est plus forte (de toute façon les figures féminines chez Kubrick sont souvent fantomatiques ou responsables des problèmes). On aura donc une Wendy beaucoup plus intéressante, beaucoup plus courageuse et confiante. Jack aussi est très différent, en lutte avec lui-même, en lutte avec son alcoolisme, on sent un homme qui veut être un bon père, et qui se retrouve acculer à des choix qu'il ne peut contrôler à cause de sa dépendance passée. Il ne ressemble pas à un déséquilibré mais à un homme qui veut faire au mieux et on éprouve de l'empathie pour lui. Et Danny est beaucoup plus éloquent. D'autre part, tout le passage du déni des adultes face aux « surnaturelles » est nettement plus captivant, que ce soit Jack et les animaux du buis, ou le docteur qui prend Danny pour un mentaliste précoce lorsque ce dernier confie quelque chose d'assez extraordinaire. Et il y a aussi « l'emprunt » du passe-partout qui montre un petit garçon bien trop curieux, ou qui lui aussi veut vaincre ses démons en dépassant sa peur, ou se prouver qu'il n'y a rien, qu'il n'y a rien, qu'il n'y a rien… Jusqu'à l'agression physique et bien réel.

Je n'ai pas aimé certains passages du roman que j'ai trouvé trop " kitch" comme les buis qui s'animent. Je pense qu'il souhaitait peut-être sortir du cliché du fantômes au drap blanc. Difficile, je pense de faire une maison ou un hôtel hanté sans passer parfois dans le kitch... Mais dans l'ensemble c'est un excellent roman de Stephen King et comme c'est le roman de Stephen King le plus lu par nos babelpotes, je pense que vous serez nombreux à le confirmer.





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Différentes saisons

Ce recueil de quatre nouvelles est d'une qualité incroyable, il serait d'ailleurs plus juste de parler de "novellas" si l'on considère le format long des trois premières.

Ayant déjà écrit un billet sur les trois premières histoires intitulées :

- Rita Hayworth ou la rédemption de Shawshank

- Un élève doué

- le corps

je me contenterai de parler du quatrième récit, à savoir "La méthode respiratoire" qui est aussi la plus courte du recueil. Un récit à la construction subtile puisque nous suivons en fait deux histoires. Pour commencer, celle d'un employé qui se voit coopté par son supérieur pour intégrer un club très fermé dont les membres aiment se raconter des histoires, un club assez mystérieux dont le majordome se révèle être assez inquiétant. Les observations et les réflexions de cet employé sur ce cercle mystérieux nous amènerons tout doucement au récit du docteur Emlyn McCarron et de cette fameuse méthode respiratoire.

McCarron, alors jeune médecin dans les années 1930, reçoit une jeune femme célibataire (situation sociale très mal vue à cette époque) du nom de Sandra Stansfield qui lui demande de suivre sa grossesse.

McCarron qui est conscient des limites de la médecine d'accouchement d'alors, propose à sa patiente une méthode novatrice. J'ai été fasciné par la description des moeurs de l'Amérique des années 30 ainsi que par l'état de la médecine d'alors. Il est à noter que ce récit a l'épilogue spectaculaire sera le seul à être teinté de fantastique.

Cerise sur le gâteau, le King va nous offrir un chapitre de fin intéressant car autobiographique, il y évoque ses débuts, son premier livre publié, ainsi que ses rapports avec ses agents littéraires.

Il nous instruit aussi sur le caractère "technique" de la nouvelle et de la novella, les nuances et la complexité de ce type de format, c'est assez fascinant.

Pour conclure c'est l'un de mes meilleurs moments de lecture, ces quatre histoires sont efficaces et maîtrisées, elles sont aussi différentes que le titre le suggère, qui, comme vous l'apprendrez, n'a pas été choisi au hasard.

Il est à noter de plus que, trois de ces quatre nouvelles ont été adaptées au cinéma, ce qui n'est sûrement pas un hasard.
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Un élève doué

Stephen King "le novelliste" est définitivement très bon, ce récit, le deuxième des quatre histoires du recueil intitulé "Différentes saisons" raconte l'histoire de Todd, un étudiant de treize ans et de Monsieur Denker, un vieillard de 70 ans.

Encore une fois, l'histoire va rester dans le concret, ici pas de fantastique ou de surnaturel, et s'il sera bien question d'horreur, elle sera contemporaine, de celle que peut engendrer notre société parfois quand entrent en scène des personnages au cerveau gangréné, surtout s'ils paraissent bien sous tout rapport.

L'histoire commence quand Todd sonne chez monsieur Denker, un vieil homme apparemment sans histoire, très vite il va s'avérer que monsieur Denker n'est pas celui qu'il dit être.

Nous verrons aussi que Todd n'est pas non plus le gamin serviable et attentionné avec son prochain que tout le monde croit connaitre, les apparences sont décidément trompeuses. Commence alors entre l'enfant et le vieil homme une relation toxique et pleine de perversité, Todd pense tenir monsieur Denker par le chantage, mais il peut être dangereux d'aller trop loin, car à trop jouer avec le feu, on peut finir par se brûler...

Stephen King installe avec brio un contexte qui devient très vite malsain et étouffant, une histoire qui fait froid dans le dos à différents degrés, ici l'auteur exploite avec habileté le thème de la traque des anciens nazis et leur habilité à se dissimuler, mais plus terrifiant, la fascination qu'elle pourrait exercer sur un jeune esprit pervers.

Ce récit, bien qu'il soit dérangeant, est impossible à lâcher tant il est parfait en terme de scénario et d'intrigue, aucune outrance, tout est cohérent et sans effets superflus, du très bon King une fois de plus. J'ajouterai que cette histoire pourrait susciter une réflexion sur l'origine du mal, Todd se révélant un cas exemplaire, cela-dit, l'auteur ne nous donnera pas de pistes, se contentant d'observer et raconter.

A noter deux références à Andy Dufresne (personnage principal de la nouvelle précédente) dans ce récit, un clin d'œil qui m'a fait sourire.

Précision utile, plus qu'une nouvelle, cette histoire a le format d'un petit roman avec ses 200 pages environ, largement le temps pour l'auteur de nous concocter un scénario d'une grande qualité.

PS : Si comme moi vous aimez les chats, je vous préviens, il y a une scène difficile, et tant pis si je divulgâche.
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Salem

Jamais, pour ce qui me concerne, lecture n'a été aussi épique que celle-là !

Il faut dire aussi que mon amie Lily m'avait bien conditionnée. Dans le cadre de notre petit Challenge Lecture, il fallait valider le poste : âmes sensibles, s'abstenir...

"Lis-ça, m'a t'elle dit en me tendant Salem, il m'a valu quelques nuits blanches !". Mais la sage Iboo est futée, on ne la lui fait pas, à elle ! J'ai donc réservé cette lecture pour les après-midi ensoleillés, quand les oiseaux chantent et que la vie bat son plein.

Résultat, le bouquin comportant pas moins de 800 pages, il m'a fallu des semaines pour en venir à bout. Et... j'ai flippé quand même !

En effet, comme je ne suis pas encore totalement amnésique, des images angoissantes me revenaient à l'esprit certaines nuits de nouvelle lune où j'avais trop usé de caféine pendant la journée. Puis, est arrivé le moment où je me suis prise à penser que cette perte de contrôle sur mes émotions n'avait pas de sens car, la journée, même si elle me passionnait, cette lecture ne me déclenchait pas le moindre frisson de trouille.

Et j'ai compris... finalement ce qui me faisait le plus peur dans ce roman, c'était la peur d'avoir peur. Parce que "je devais" avoir peur. Stephen King, lui-même, nous l'annonce sur la 4ème de couverture : "Salem est l'un de mes meilleurs romans, l'un des plus effrayants aussi."



Donc, voilà... tous mes petits délires à présent confessés, je dirais que cette première rencontre littéraire avec Stephen King m'a vraiment emballée.

J'ai tout particulièrement aimé sa manière d'installer le suspens, de planter ce décor banal qui pourrait être le nôtre, de nous faire sentir "concernés", de sonder les âmes de ces petites gens dont il fait ses personnages... Il a une analyse très fine et très juste des caractères humains. On les reconnait ces hommes, ces femmes, ces enfants... Ils sont nos voisins, nos amis, notre famille. Du moins, ils pourraient l'être. C'est sans doute pour cela qu'on les suit sans résistance.



Un véritable écrivain que ce Stephen King. Un témoin de son époque.
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Élévation

♫Les yeux rivés Sur les étages

Pourvu que rien n'arrête le voyage

Ah, en apesanteur

Ah, pourvu que les secondes soient des heures♫

- Calogero - 2002 -



Poids , masse,

glissade impromptue sur la glace

Personne ne pèse le même poids

nu qu'habillé

c'est aussi immuable que la gravité

l'ancre qui nous entraîne

nous contraint au surplace

with a little help from my friends

point de happy ends

Pas un souffle, point d'ivresse

sentiment d'être dépassé

une élévation ! il est où le King d'autrefois ?

pas une gravité, mais un roman qui ne fait pas le poids...



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La petite fille qui aimait Tom Gordon

300 pages, une petite fille perdue, une forêt.

Stephen King excelle dans l’art d’écrire sur les enfants, de se mettre dans leur tête, et cette fois-ci, cela se vérifie encore !

Le personnage de Trisha, 9 ans est totalement crédible. On est en empathie absolue avec sa vulnérabilité et sa force de caractère qui l’a pousse à survivre dans cette forêt en se nourrissant de faînes, baies de gaulthéries et têtes de violon, souffrant de la faim, d’épuisement jusqu’à ses hallucinations qui la font converser avec le joueur de base-ball Tom Gordon ou percevoir la Chose, une sorte de divinité sylvestre qui la suit et la menace.

Dans cette forêt, toutes les choses anodines se muent en danger potentiel, du bruissement de feuilles à une branche qui craque …



Le talent de conteur de Stephen King rend cette lecture à la fois fluide et plaisante. Mais les terreurs de Trisha sont restées les siennes, l’angoisse ne m’a pas happée comme elle peut le faire à la lecture d’autres romans du maître, je n’ai pas vécu cette histoire comme si c’était la mienne. Peut-être parce qu’on sent très vite vers où tend l’intrigue et son dénouement.



Lu dans le cadre de l’US book challenge du groupe Facebook du même nom ( livre 1 : lire un roman de Stephen King ) https://www.facebook.com/groups/294204934564565/

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Dolores Claiborne

Stephen King, serait il féministe ?

A la lecture de ce roman, on pourrait le penser.

Livre à part dans l'œuvre prolifique du maitre de l'horreur, Dolorés Claiborne, conte l'histoire d'une mère courage aux prises avec un mari abusif.

Pas de fantastique, ou de malédiction, ni de fin du monde dans ce roman.

Juste des personnages "vrais", attachants, surtout l'héroïne, qui raconte son histoire dans un long monologue, un livre qui mérite amplement d'être lu, même, et surtout par celles et ceux qui doutent encore du talent d'auteur de King.
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Après

J’ai lu des romans du grand Stephen King bien plus passionnants et addictifs. Alors que je me réjouissais d’une bonne petite lecture de préférence nocturne pour me faire peur juste comme j’aime... pensez donc : une histoire d’enfant capable de voir les défunts et de converser avec ... J’étais déjà aux portes de l’au-delà... Mais je crois que je suis restée sur le paillasson, adieu donc, morts inquiétants, entités glauques et autres mystères ... Notre héros se contente de voir les morts qui ne peuvent pas lui mentir, qui s’effacent au fil des jours, et qui se présentent comme ils étaient quand ils sont passés de vie à trépas, de préférence bien amochés pour donner une impression d’horreur au lecteur.



Les personnages ? Une mère poule qui connaît le secret de son fils, sa compagne, Liz, policière pas clean et sans scrupule, qui essaiera par deux fois d’exploiter le don du jeune Jamie... et puis c’est à peu près tout... bien superficiel tout ça.



Au cas où le lecteur n’aurait pas compris, il assure et répète au long du roman qu’il s’agit d’une histoire d’épouvante. J’ai ressenti plus d’agacement que d’épouvante en progressant dans ce récit sans grand intérêt. J’espère que King se montrera plus grandiose la prochaine fois.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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L'Institut

Je me suis dit, il y a un certain temps maintenant, qu’il fallait que je tente de lire un Stephen King, et après quelques essais qui n’ont pas déclenché de passion chez moi, je me suis plongé dans Mr Mercedes et l’ai dévoré, de même que j’ai englouti la trilogie Bill Hodge en entier, puis je suis passée à l’Outsider (que j’ai un peu moins aimé), et L’institut me tendait les bras.



Et ce dernier roman lu, je l’ai adoré au point de m’y réfugier jusqu’à deux heures du mat. Je crois bien que je deviens addicte. Il faut dire que ce maître du suspense sait y faire : il vous amène des personnages hors du commun auquel on s’attache volontiers, prend bien son temps pour décrire l’environnement, les caractères des personnages, pour insinuer délicatement des indices et des éléments pour entretenir la flamme qu’il allume chez le lecteur, un peu comme dans une montagne russe : on monte tout doucement, on s’arrête un peu en haut et puis zou, c’est parti pour le grand saut, celui qui vous met sens dessus dessous, qui vous donne des sueurs et vous mets dans tous vos états, saupoudrant le tout d’un bon gros soupçon de fantastique.





Dans le présent récit, il s’agit d’enfants, d’enfants hors norme, soit, mais d’enfants, de petits êtres sans défense (croit-on), à qui ont inflige d’affreuses souffrances physiques comme morales. Un tout assez manichéen, des bons très bons, des méchants très méchants. Rien de très original... Mais bon, une fois plongé dans le roman, on oublie qu’il y a une vie en dehors, et quand on revient à la vie normale, on continue à se demander comment ils vont pouvoir se sortir de cette prison trop bien gardée, avec pour seules armes, la télékinésie ou la télépathie dont ils pourraient se servir s’ils étaient plus performants dans ce domaine... Mais hélas...



J’ai vraiment passé de bons moments de lecture, même si quelques incohérences ont pu se faire sentir avant le dénouement et même si parfois, l’auteur donne l’impression de diluer pour faire durer le plaisir.
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L'outsider

J’ai passé un bon moment de lecture avec l’outsider, ce compagnon indésirable qui m’a servi ce que j’aime dans les thrillers : un policier entêté qui va au bout de ses idées, un dur-à-cuire-mais-pas-trop-tout-de-même, avec ses doutes, ses angoisses et son incrédulité l’amenant à envisager ce qui est POSSIBLE en ce bas monde, une gaffe de première de sa part dès le début (quoique… ?), et puis surtout un beau casse-tête sur fond de critique de la société américaine pour qui, comme moi, n’a pas trop fréquenté Stephen King, qui, je le constate, sait saupoudrer de fantastique, des histoires qui serait peut-être sans relief sans ce procédé.





Des personnages énigmatiques à souhait, et un certain suspens. Je précise bien un certain suspens, car n’étant pas une inconditionnelle de cet auteur, j’ai trouvé l’action très lente, entrecoupée de réflexions et pensées des personnages exprimant leurs doutes, leurs manies, leurs intentions… Trop de dilution tue le suspens à mon humble avis. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai des difficultés à aborder un roman de king. J’ai tenté Dumas Key et 22/11/63, j’ai trouvé que ces histoires avaient beaucoup d’intérêt, mais je n’ai pas pu terminer pour cause d’action trop lente à se mettre en place. En revanche, Mr Mercedes m’a pleinement satisfaite.





En résumé, J’aime Stephen King et je suis preneuse si vous avez des titres de romans qui privilégient l’action avec un grand A.
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Misery

Huis clos terrifiant et énorme métaphore de la création, les deux marchant ensemble, Misery est un chef d'oeuvre en passe de devenir un mythe.

L'écrivain Paul Sheldon, créateur du personnage ultra populaire de Misery, une orpheline aventurière aimée par deux hommes, a un accident de voiture dans la neige. Il est " sauvé" par Annie Wilkes, une femme au physique imposant et effrayant, qui entreprend de le soigner seule dans sa ferme, car c'est une ancienne infirmière. Annie n'en revient pas d'avoir affaire à son auteur préféré, Paul s'inquiète de ne pas être à l'hôpital. Quelque chose ne va pas chez Annie. Elle a des absences, le regard vide, une "crevasse noire" au front qui indique une pensée démente. Et lorsqu'en se procurant MIsery's Child, le dernier opus de la série, elle se rend compte que Paul a fait mourir son héroïne, elle devient complètement folle- de rage. Ouille ouille ouille pour Paul Sheldon. Il doit ressusciter Misery, ou alors ...La colère de la " déesse" s'abattra sur lui...

Le coeur de l'histoire est le rapport de Paul à son oeuvre, et d'Annie à l'oeuvre de Paul. Annie est la "déesse", une muse terrifiante dont le rôle est d'enchainer l'écrivain à son oeuvre, par tous les moyens. Cet enchainement est physique. On coupe les jambes, les mains, on obture l'esprit, pour qu'une seule chose ne compte : l'écriture. Et ça marche. Paul écrit son meilleur livre. Il plonge littéralement dans cette réalité parallèle pour échapper à l'enfer d'Annie, Annie qui en même temps le réduit à un pur esprit créateur, tachant de lui ôter toute pensée extérieure à son oeuvre. L'esprit de Paul se réduit peu à peu au trou béant que constitue son histoire, faire renaitre Misery, et l'entrainer dans d'autres aventures. Il s'y absorbe, et King nous instruit du processus de creation. Il faut que...il faut que...trouver l'idée et le moyen, le lieu et la formule. Paul doit apprendre cette lecon. Il ne sait rien faire d'autre, il ne doit pas se détourner de son destin. La violence que constitue cet acte d'oubli de soi et de son corps est parfaitement et génialement incarnée par l'infirmière folle, la psychopathe obsédée par un personnage de fiction. C'est donc aussi un texte sur la puissance de la fiction sur l'esprit. C'est Annie aussi qui tient ce rôle. Pour elle, Misery est plus reelle que tous les êtres vivants. Le monde extérieur est composé de " sales oiseaux" qu'elle hait et qui la haïssent, mais dans les livres, dans les feuilletons...le monde est plus beau et c'est le seul qui importe. Elle est prête à mourir pour Misery, pour lire jusqu'au bout "Le retour de Misery ", le roman qu'elle impose à Paul Sheldon d'écrire.

Misérable est la position de l'écrivain ligoté à sa machine à écrire, misérable le lecteur attaché à des personnages de papier, mais c'est aussi la seule chose que l'écrivain sache faire, et sans quoi il perd tout sens, et le seul rayon de lumière du lecteur, âme perdue dans un océan de ténèbres.

Ah vraiment c'est beau et puissant.
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Billy Summers

Certains diront peut-être que j'ai un coeur de midinette, mais Stephen King a encore réussi à m'émouvoir. J'ai fermé le livre les larmes aux yeux et ce n'était pas la première fois pendant cette lecture. Alors bien sûr, l'histoire n'est pas la plus originale du monde, certains personnages sont des caricatures de ce type de scénarios, mais il y a Billy, mais il y a Alice, mais il y a Bucky. Je les ais aimés ces trois-là, même si ce ne sont pas des enfants de coeur, surtout les deux hommes, même si le King a pris son temps pour nous présenter Billy. il le fallait pour le faire vivre, exister à nos yeux en tant qu'homme et pas seulement chasseur de primes.



Parce que oui Billy est un chasseur de primes, un bon, très bon même. Il a appris dans les marines et s'est longuement exercé en Irak. Expérience irremplaçable dans l'exercice de ce métier, même s'il faut aussi des dispositions naturelles pour devenir le meilleur sniper du régiment. Alors revenu en Amérique, pourquoi ne pas continuer à tuer, et être payé pour. Bien sûr, il ne tuera que des méchants, des vraiment méchants. Cela en fait-il quelqu'un de bien, la question n'est pas simple. Décider que quelqu'un est assez méchant pour devoir être tué, mine de rien, Stephen King nous ouvre avec cette problématique un champ de réflexion immense.



Mais aujourd'hui Billy est fatigué il veut arrêter, prendre sa retraite, Alors un dernier contrat, très bien payé, ça ne se refuse pas, même s'il sent très vite que, pour le dire sans gants : ça pue cette histoire. Des petites choses qui l'alertent, mais sans doute pas autant qu'il le faudrait, parce que Billy, que ceux qui l'emploient pensent un peu demeuré, Billy est un amateur de mots, ceux écrits par d'autres, et ceux que lui commence à écrire. Pensez-donc, pour ce contrat, la période où il doit se fondre dans la population locale, il est censé être un écrivain envoyé dans ce trou perdu par son agent pour terminer son premier livre. Il n'était que censé, mais il va se prendre au jeu et commencer à écrire l'histoire de sa vie. Et cela va le remuer, parce que sa vie n'a pas été un chemin de roses, plutôt plus proche du chemin de croix. Et en revivre certains moments n'est pas facile. Cela va mobiliser son attention, son esprit, peut-être plus qu'il n'aurait fallu.Sans compter les relations qu'il va nouer dans son entourage, qui lui font oublier un peu qu'il est là en attente de cet homme sur les marches du tribunal, cet homme qu'il doit abattre, le dernier ...



Bucky c'est son agent, pas littéraire cette fois, mais agent pour le mettre en contact avec ceux qui ont besoin de ses services, et puis Alice, Alice si fragile et si forte à la fois… Je vous laisse la découvrir….



Je ne suis pas (encore) une grosse lectrice du King, celui-ci doit être le quatrième. Alors je ne vais pas me livrer à des comparaisons. Ce que je sais c'est que j'ai aimé. Après la partie présentation, où l'on voit Billy s'installer dans cette petite ville, nouer des liens, devenir de plus en plus humain à nos yeux, tout en préparant la suite des opérations, partie que j'ai trouvée un petit peu lente, j'ai eu vraiment du mal à quitter tout ce petit monde et à fermer le livre, temporairement.



Il y a en tout premier lieu ces personnages, que l'auteur rend si vivants, si incarnés, si attachants, c'est pour moi le point le plus important du roman. Mais aussi, le scénario, qui effectivement sur la base n'est pas très original, le dernier coup qui va mal se passer et le héros qui va vouloir se venger, mais dans lequel l'auteur s'emploie à déposer les petits cailloux qui viendront après crédibiliser la suite, et auquel il sait insuffler un rythme et une tension qui ne nous laissent plus aucun répit.



Et puis, ce que je connaissais moins de l'auteur, c'est son amour de la littérature et des écrivains. Il y a de belles phrases sur le métier d'écrivain et le pouvoir de celui-ci. Je vous laisse en compagnie du King :

« Saviez-vous que c'était possible ? Saviez-vous qu'il était possible de s'asseoir devant un écran ou une feuille de papier et de changer le monde ? Ça ne dure pas, le monde finit toujours par revenir, mais en attendant, c'est génial. Il n'y a rien de mieux. Car tout se passe comme vous le voulez »

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