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EAN : 9782080294456
208 pages
Flammarion (12/04/2023)
3.58/5   13 notes
Résumé :
Christian Authier – fils de postiers et lui-même postier éphémère durant sa jeunesse estudiantine – a beaucoup aimé La Poste.
De l’épopée héroïque de l’Aéropostale aux choses vues dans les bureaux de poste actuels, des tranches de vie aux descriptions d’un processus au sein duquel l’humain semble disparaître derrière les machines, l’auteur s’interroge : que reste-t-il aujourd’hui de ce service public profondément ancré dans notre mémoire et notre quotidien ?... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
« Je suis un enfant de la Poste. Enfin de postiers » proclame Christian Authier dans cet essai qui débute par une « petite histoire de la Poste » et un bref éloge du facteur, puis constate que le tournant libéral imposé par la Communauté Européenne crée un dilemme : défendre l'intérêt général (service public) ou chercher le profit (investisseurs financiers). « Faudra-t-il à l'avenir payer pour un sourire ou un bonjour » ?

Dilemme qui conduit à la mort annoncée du courrier pour une Poste devenue une banque concentrant ses efforts et ses investissements sur les activités rentables, dans un contexte où le courrier électronique est imposé par les administrations et les services sociaux qui ne se soucient pas des personnes défavorisées n'ayant pas d'ordinateur (ou ne sachant pas l'utiliser).

Homme de lettres, l'auteur se souvient que sa carrière d'écrivain a commencé dans son enfance en échangeant des souvenirs de vacances imaginaires avec sa soeur ainée visitant l'Espagne ou en envoyant des cartes postales. Ces poésies postales, ces « battements de coeur sous les enveloppes » indiffèrent les technocrates et les politiques de notre « start-up nation », qui n'ont jamais lu la correspondance de la Marquise de Sévigné et de nos écrivains. Ces lettres manuelles, murement pensées, parfois raturées, n'ont rien à voir avec l'irréflexion et l'instantanéité des textos et des emails qui ne laisseront probablement aucune trace future.

Cet essai est de la même qualité que les « Chemins de fer » de Benoit Duteurtre qui dénonce l'effondrement d'un autre service public : la SNCF. Sacrifier les services publics c'est privilégier la France du haut au détriment de la France du bas.

PS : Chemins de fer de Benoit Duteurtre
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Il n'y a qu'un fils de postiers, lui-même postier éphémère durant les jobs d'été, qui pouvait raconter avec admiration, nostalgie mais aussi dépit et colère, cette longue histoire de la Poste.
La Poste reste une des institutions du service public à laquelle les français restent très attachés. de ce service public nommé PTT qui fonctionnait et qui maillait tout le territoire, ne reste qu'une entité dysfonctionnelle qui provoque cette nostalgie de l'institution ancienne et avec elle celle du facteur qui, outre la délivrance du courrier, était une personne réelle avec un rôle social incontestable. A présent, tout va trop vite, sauf l'acheminement du courrier, et les machines et automates remplacent l'humain, de quoi nous faire regretter la poste d'autrefois et se sentir abandonné pour peu qu'on vive dans une campagne oubliée.

Cet essai, qui mêle souvenirs familiaux, histoire, sociologie et analyses chiffrée nous offre une cartographie précise de la Poste d'autrefois à nos jours. On comprend mieux les enjeux et les échecs d'un service public en perte de sens.
L'attachement au métier de postier et le dévouement au service public est bien restitué avec cette souffrance, cette incompréhension qui a résulté des nombreuses et kafkaïennes mutations de l'entreprise.
Christian Authier est particulièrement convaincant lorsqu'il évoque tous ces chefs-d'oeuvre de la correspondance qui n'auraient pas existé sans la Poste.
« Que serait la littérature sans les correspondances d'écrivains ? Comme le journal intime, la correspondance est un genre à part entière. Combien de chefs-d'oeuvre, de classiques ? »
Et de citer Flaubert, Proust, Gide, Breton, Cendrars et tant d'autres, sans oublier les correspondances amoureuses comme celle échangée entre Hugo et Juliette Drouet.
J'ai aimé le chapitre sur les carte-postales, ces petits cartons illustrés qui semblent si désuets de nos jours. Dans le chapitre intitulé « La carte postale fait de la résistance », l'auteur nous apprend que cette dernière est née en 1870 lors de la guerre franco-prussienne, une vieille dame qu'il convient de conserver.

Au-delà de l'analyse fort pertinente et documentée, la nostalgie fleure bon, et on se plait à feuilleter cet album de notre jeunesse épistolaire, car qui n'a pas un souvenir heureux, une anecdote à propos d'une lettre ?
Lecteur, si vous aimez, ou avez aimé envoyer et recevoir des lettres, des cartes postales, lisez cet essai.



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Aujourd'hui je vais évoquer Poste restante récit désappointé de Christian Authier. Dans cet ouvrage nostalgique le romancier quinquagénaire évoque sa famille, son histoire personnelle et son lien d'attachement vis-à-vis de la Poste ; il dresse un portrait cruel de l'évolution récente de cette institution en perte de sens.
Dès le début de Poste restanteChristian Authier précise une donnée biographique importante : « je suis donc né et j'ai grandi au sein d'une famille de postiers, métier qu'ils exerceront toute leur vie jusqu'à leur départ à la retraite. » Il est fils de facteurs et a naturellement durant sa jeunesse alors qu'il était étudiant profité des opportunités de travaux estivaux à la poste de Toulouse. Il raconte ainsi de l'intérieur son activité au sein du service du tri et décrit les tâches à effectuer. C'est l'occasion pour lui d'évoquer les grandes heures de ce qui s'appelait alors les PTT. Les missions de service public de cette entreprise étaient liées à la distribution du courrier postal et aux communications téléphoniques. Sous un gouvernement socialiste les deux entités ont été séparées et La Poste (qui n'avait pas encore ce nom-là) a commencé sa mue et sa diversification vers des activités de banque et d'assurance. Mais le rythme des évolutions s'est accéléré récemment et avec la dématérialisation des échanges le volume de courrier postal a chuté drastiquement (malgré la résistance des colis). Ainsi l'entreprise s'éloigne de ses missions princeps et à présent distribue des repas, noue des contacts sociaux (payants) avec la population isolée, propose de nouveaux services d'affranchissement toujours plus chers et moins efficaces. Il faut aussi constater comment les tournées sont à présent organisées par des algorithmes qui ne prennent pas en compte la réalité du terrain. Pourtant chacun s'accorde : « la figure du postier et plus encore celle du facteur est parfois le dernier lien concret, vivant, humain qu'entretiennent des Français – isolés, souvent âgés – avec l'administration, avec la République, avec cette communauté nationale dont ils sentent exclus, relégués. » Force est de constater que ces évolutions ne convainquent pas l'auteur qui met en exergue la perte de sens accentuée par le développement dans les bureaux de poste des automates qui remplacent les guichetiers. Dans les pages de ce récit il évoque les heures de gloire avec l'Aéropostale et ses aviateurs pionniers, il raconte l'aventure brève des TGV postaux, montre la résistance des cartes postales dans les échanges papiers. Il consacre un chapitre aux timbres et à la philatélie qui est devenue un loisir désuet, il écrit, désabusé, : « le cachet de la Poste fait toujours foi, il a juste perdu ses jolis artifices pour devenir purement fonctionnel. » En conclusion l'auteur précise : « banalement, en vieillissant, j'ai découvert après tant d'autres que l'on ne quitte jamais vraiment le pays de son enfance. Oui, je suis un enfant de la Poste. »
Poste restante est un livre personnel très intéressant qui résonne en chaque lecteur. La documentation est précise et sérieuse ; certes le ton est très nostalgique mais le texte n'est pas plaintif, c'est une ode à l'écrit, à la correspondance et à un corps de métier qui a longtemps représenté un lien fort pour toute la population hexagonale. Pour l'auteur ce témoignage est également en filigrane un hommage à ses parents et à leur dévouement au service du public.
Voilà, je vous ai donc parlé de Poste restante de Christian Authier paru aux éditions Flammarion.

Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Une histoire de la Poste et de son sabordage. Clair, intelligent, ce récit pose les bonnes questions et pourrait être extrapolé à toute la fonction publique, voire à la société en général, malade du libéralisme et de son management, cette fameuse « barbarie douce » conceptualisée par Jean-Pierre le Goff, cité dans l'ouvrage. Il pointe le hiatus entre directives des décideurs, totalement déconnectés du public –et des agents de la base- et les attentes et besoins de ce public. Pour avoir travaillé 6 mois dans un bureau de poste, certains propos m'ont rappelé des souvenirs. Je n'étais pas fonctionnaire à l'époque. Je le suis devenue, mais pas pour la Poste, heureusement pour moi, et je constate tous les jours les méfaits de cette barbarie douce.
Une lecture qui rappellera des choses à ceux qui, comme moi, ont connu les facteurs de campagne à l'ancienne, qui prenaient –et gratuitement ! - le temps du lien social et que je conseille plus que vivement aux amoureux du courrier, des cartes postales, de l'humain. Parce que, malgré tout, elle fait du bien.
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Chacun se fait son idée de la Poste. Service de proximité ultime ou archétype de l'administration défaillante. Diversifiée, internationalisée, automatisée, elle mute avec son temps quitte à le devancer dans des accès de gesticulations frénétiques. Qui l'eut cru ?
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critiques presse (1)
LeFigaro
22 mai 2023
Un livre percutant sur la Poste et les conséquences culturelles et politiques de sa déliquescence.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Nous ne pourrons pas vivre longtemps dans un cauchemar technologique et climatisé à moins d'oublier ce que nous sommes : des êtres doués de parole et de raison, des « animaux sociaux », pas seulement des numéros, des QR codes, des consommateurs et des clients dont l'existence serait guidée par des algorithmes.

Dans Postman, film réalisé et interprété par Kevin Costner, sorti en 1997, les États-Unis sont devenus après une guerre nucléaire une sorte de no mans land où survivent quelques communautés terrorisées et rackettées par une milice paramilitaire. Le héros, un voyageur solitaire accompagné d'un mulet, endosse un jour l'uniforme et récupère la besace d'un facteur dont il a découvert le cadavre. Il retrouve aussi des lettres, vieilles de quinze ans, et décide de les distribuer. «Je suis le facteur», dit-il à ceux qu'il croise en leur déclarant que le service postal commence à être rétabli dans le pays. Les populations voient en lui le retour de l'État et de la civilisation. On lui confie des courriers, des jeunes gens et d'autres moins jeunes le rejoignent pour constituer un réseau de facteurs à cheval. Un bureau de poste datant de 1884 est rouvert, un centre de tri est créé, les lettres affluent à nouveau. Ce facteur improvise et rebelle, porteur de rêves et d'espérance, va se dresser contre le chef de la milice. Il est frappant que ce film, adapté d'un roman de David Brin, ait imaginé que le facteur puisse être, dans un univers postapocalyptique, le symbole et l'incarnarion de la civilisation retrouvée.

Par-delà les frontières et les continents, il faut croire que La Poste demeure un repère et un repaire.
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En revanche, que serait la littérature sans les correspondances d'écrivains ? Comme le Journal intime, la correspondance est un genre à entière. Combien de chefs-d'œuvre, de classiques ? De Flaubert à Proust en passant par Madame de Sévigné, ces volumes ne suscitent pas seulement l’intérêt des spécialistes et des historiens. Et Céline, Gide, Breton, Cendrars, Debord... Et les innombrables volumes de Jean Paulhan avec Valéry Larbaud, Georges Perros ou Drieu la Rochelle. Impossible de faire l'impasse sur les correspondances amoureuses : Hugo et Juliette Drouet, Sand et Musset, Anaïs Nin et Henry Miller, Albert Camus et Maria Casarès, les Lettres à Lou d'Apollinaire et celles à Lou Andreas-Salomé de Rilke, les Lettres à Nelson Algren de Simone de Beauvoir... Je n’oublie pas Kafka avec sa Lettre au père et ses Lettres à Milena, ou Rilke encore avec ses Lettres à un jeune poète.
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L’acquisition d'Happytal a été l’occasion pour La Poste d'une campagne de communication, notamment dans la presse écrite via de longs publireportages vantant l’action des facteurs au service « du bien-vieillir » ou la volonté de l'entreprise de «fluidifier le parcours des patients ». Un « bien-vieillir » déjà pris en charge par la filiale Age d’0r Services. Pour justifier cette diversification, la communication officielle du groupe mérite que l'on s'y arrête ; je l'ai découverte pour ma part dans l’un de mes hebdomadaires de prédilection sur plusieurs pages.

« En conséquence de la pénurie de soignants, les fermetures de lits se multiplient en France. Plus que jamais, les personnels de santé doivent conjuguer rapidité et rigueur dans la transmission des informations sur les patients. Dans ce contexte tendu, la coordination des différentes étapes du parcours de soins est la clé de l'efficacité — et donc du bien-être du malade — mais aussi celle de la maîtrise des dépenses de santé », peut-on lire.

Résumons : l'hôpital public est en déliquescence et au bord de l'explosion - comme le rappela cruellement la crise du Covid -, lui aussi victime d'une course à la rentabilité et de réformes successives déstabillsantes, mais La Poste — qui s'y connaît en fermeture, en l'occurrence de bureaux se porte volontaire pour remédier à ses défaillances. On peut craindre le pire.
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Missionné par le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire, l'ancien député Jean Launay a remis en mai 2021 au gouvernement un rapport sur « Les mutations du service universel postal ». Ce document, rédigé dans un sabir technocratique et abscons, où l'adjecrif « acerbe » est utilisé plusieurs fois à la place d’« exacerbé », dresse aussi le portrait du facteur d'aujourd'hui et de demain en suscitant un mélange de rire et d’effroi.

Voici donc le « facteur augmenté » qui incarne « la puissance combinée des réseaux physiques et numériques » Le facteur augmenté, porteur de proximité, embarque avec lui la santé comme sujet stratégique ; il est aussi porteur de l’inclusion numérique ; il emporte l'adhésion politique sur l’avenir de l’entreprise comme tiers de confiance des services en territoire. Le service à la personne et l’inclusion numérique pourraient être intégrés dans le périmètre des missions de service public confiées à La Poste, ouvrant ainsi la voie à « l’hypothèse d'une cinquième mission », écrit notre Elon Musk du pauvre, qui voit dans ce facteur du XXIe siècle, « collecteur de données », la réponse à l’« illectronisme et au mal-être numérique ». « Le facteur "augmenté" peut aussi être appelé « postier aidant-connect sur pattes . », nous apprend encore ce bon monsieur Launay droit sur ses pattes.

Nous voilà bien. Dans quel pays vivons nous ? Jacques Tati, réveille-toi, ils sont devenus fous...
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« Les faits sont têtus, les chiffres aussi », me répétait un vieux professeur de l'IEP de Toulouse en paraphrasant Lénine. Pour La Poste, les chiffres sont surtout cruels. En juin 2022, la dette nette du groupe La Poste s'élevait à 10,2 milliards d’euros, elle était de 6,4 milliards en décembre 2019 et de 3,4 milliards en 2018.

Visiblement, La Poste n'avait pas attendu la crise du Covid pour pratiquer le « quoi qu il en coûte », désormais passé de mode, bien que l'État lui verse une dotation annuelle de 500 millions d'euros par an uniquement pour assurer le service postal universel, cette distribution du courrier que la Poste considère comme un fardeau.
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Vidéo de Christian Authier
Dans son allocution du lundi 17 avril, Emmanuel Macron reconnaissait une crise des services publics, qui ne donneraient plus, selon lui, satisfaction aux Français. Notre modèle historique du service public est-il menacé ? Comment le transformer tout en préservant le lien avec les territoires ?
Pour analyser la situation, Guillaume Erner reçoit : Christian Authier, journaliste et romancier. Julie Gervais, maîtresse de conférence en science politique à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne.
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