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EAN : 9782072824272
288 pages
Gallimard (14/02/2019)
3.7/5   515 notes
Résumé :
"Quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire : au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny..."
Quand il fit la promesse à ce M. Piekielny, son voisin, qui ressemblait à "une souris triste", Roman Kacew était enfant. Devenu adulte, résistant, diplomate, écrivain sous le nom de Romain Gary, il s’en est toujours acquitté : "Des estrades de l’ONU à l’Ambassade de Londres, du Palais Fédéral ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (161) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 515 notes
Qui est donc M. Piekielny ?
Vous ne le saurez peut-être pas en lisant l'excellente enquête de François-Henri Désérable. En revanche, vous découvrirez une approche très personnelle de Romain Gary, sa vie, son oeuvre. C'est inattendu tant on a déjà disserté sur le sujet et surtout c'est passionnant, quelques pages m'ont suffi pour être embarquée dans l'aventure.
Les hypothèses sur l'identité de Piekielny se succèdent, ouvrant des brèches dans l'histoire même de Gary, questionnant ses écrits et ses dires. La recherche est solide, le ton enjoué, le propos tour à tour drôle et sérieux.

Suis-je tout à fait objective ?
Probablement pas puisque je suis une fan de Gary depuis longtemps, j'avoue.
Mais au jeu des hypothèses, j'en avancerais bien deux :
-soit vous connaissez déjà « Romain Gary, sa vie, son oeuvre », et vous risquez d'adorer cette enquête originale qui donne un sacré coup de neuf au genre biographique ;
-soit vous n'avez jamais entendu parler du seul détenteur de deux prix Goncourt, ou vous le connaissez mal, et je veux bien parier que la curiosité va vous pousser à découvrir au moins La promesse de l'aube.

Et ça, c'est brillant M. Désirable !
Pardon, Désérable. Faut dire qu'à force d'utiliser des pseudos, de brouiller les pistes, on s'y perd. Et puis, vous finissez par vous rendre désirable aussi, avec votre style rapide, vos apartés, votre ton enlevé, votre humour, sans oublier vos séquences émotion personnelles. Par moments, tiens…on dirait du Gary.
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J'ai rencontré François-Henri Désérable à une soirée à la Maison de la poésie à Paris.
Son langage m'a enivré de suite, fasciné quand il a récité des pages entières d'un livre.
Mon intérêt s'est encore accru quand j'ai découvert sa passion pour Romain Gary et son livre La promesse de l'aube.
J'ai beaucoup aimé cette enquête qu'il a mené marchant réellement dans les rues de Vilnius pour découvrir l'histoire et l'identité de ce fascinant M Piekielny , ce modeste homme qui souhaitait seulement que Romain Gary puisse un jour dans sa grandeur acquise évoquer "son petit nom" un peu comme un talisman.
Le livre est émaillé de belles photos en noir et blanc, sépia, de Romain Gary, celle très émouvante avec son regard perçant et si humain sur le plateau d'Apostrophes
Bref, je ne saurai que recommander ce livre à tous ceux qui portent dans un coin de leur cœur le destin tragique et fabuleux de Romain Gary.
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Tous ceux qui ont lu « la promesse de l'aube » de Romain Gary se souviennent peut-être du passage où ce personnage, monsieur Piekielny, fait son apparition et demande au jeune Roman qu'il n'oublie jamais de signaler à ces interlocuteurs qu'au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny. Chose que le jeune Roman et plus tard le célèbre Romain n'oubliera jamais de faire.

Mais qui est ce monsieur Piekielny ? Bien peu de choses à son propos figurent dans le livre. Intrigué par ce personnage, François-Henri Désérable commence alors une enquête. Une enquête où se mêlent autobiographie, biographie de Gary, découverte de la Lituanie et de Vilnius en particulier, lectures diverses, choses rêvées et vérités. Un roman sensible qui retrace l'histoire des Juifs lituaniens, un roman émouvant qui replace l'homme, un homme simple au coeur de la vie et de la mémoire de chacun. Un roman qui essaie de croiser le fil qui relie réalité et littérature. Un bel écheveau aussi de pensées et d'humour que la lectrice que je suis a pris un immense plaisir à découvrir.

Et qui sait, peut-être qu'un jour un autre écrivain partira à la découverte d'un certain monsieur Dziegiel...
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Traquer la vie d'un Lituanien anodin du siècle dernier sans avoir de lien tangible avec lui, sur simple évocation de sa personne dans un roman (les promesses de l'aube de Gary), et dont on n'est pas seulement sûr qu'il ait vraiment existé, voilà une inaccessible étoile. Désérable le dit lui même : "... c'est peut-être cela et rien de plus, être écrivain : fermer les yeux pour les garder grands ouverts, n'avoir ni dieu ni maître et nulle autre servitude que la page à écrire, se soustraire au monde pour lui imposer sa propre illusion".
Cette impossible quête est touchante quand on sait pourquoi Gary en a lui-même parlé, de ce petit bonhomme juif à la redingote grise, souvent comparé à une souris, à l'existence si banale et si difficile à retracer. Un (in)certain Piekielny était donc voisin d'enfance à Vilnius du petit Roman Kacew (futur Romain Gary). Il désirait que Roman se souvienne de lui quand il serait célèbre, en évoquant son existence devant les grands de ce monde qu'il ne manquerait pas de rencontrer, sa mère (à Roman) en était certaine. Ça, c'est ce qui est raconté dans les promesses. Un peu mince, non, pour se lancer dans l'écriture d'un récit sur Piekielny ?
Cela donne pourtant un roman riche, qui tourne (surtout) autour :
- d'un fantôme (Piekielny), et Désérable imagine, extrapole ou suppute plus qu'il n'en sait réellement à son sujet
- un écrivain célèbre, Romain Gary, dont les frasques, les excentricités, la bio et les citations assurent la voûte du récit
- un autre écrivain, François-Henry Désérable, noyé sous les piles de livres de Gary ou Gogol entre autres, perdu dans les errements labyrinthiques de son enquête, écartelé dans la recherche de vérité des écrits de Gary, ce caméléon aux identités multiples
- des digressions, des anecdotes aléatoires, de l'humour, une narration débridée et un doux parfum de littérature

J'ai beaucoup aimé.
Voilà un roman qui touche au coeur de l'existence, sa fragilité et son évanescence, surtout si on s'appelle Piekielny, étendard de la tragédie juive en Lituanie.
Mais ce qui est peut-être le plus beau, c'est qu'un siècle plus tard on continue à en entendre parler de ce petit bonhomme gris, dans un monde noyé d'indifférence. Son voeu, qu'il soit fictif ou réel, est finalement exaucé, et pourrait même l'être au-delà de toute espérance si Désérable décroche la timbale (comme son mentor).
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C'est la première fois que je lis un roman de François-Henri Désérable, que je ne connaissais pas du tout, mais le hasard fait bien les choses…

J'ai pris le temps de déguster ce livre en me lissant porter par le style de l'auteur et la manière dont il marche sur les traces de ce M. Piekielny dont j'avais fait la connaissance en lisant « La promesse de l'aube », autobiographie de Romain Gary.

A quoi tient une histoire ? le narrateur, hockeyeur bloqué par hasard à Vilnius avant de rejoindre Minsk, rate son train et en profite pour visiter un peu la ville. Il tombe sur une plaque à l'entrée d'un immeuble disant en lituanien et en français que Romain Gary a vécu ici et une phrase lui revient :

« Je restai là, stupéfait, ruisselant, et je récitai cette phrase à voix haute : « Au N° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny »

L'auteur se lance à sa recherche, épluchant les listes des personnes déportées et exécutées par les nazis, explorant la rue Grande-Pohulanka qui a été débaptisée depuis, pour se pénétrer de l'atmosphère chargée d'histoire. Une fois qu'il s'est bien imprégné des lieux, il apprend que ce n'est pas le bon numéro…

Faut-il avoir lu « La promesse de l'aube », je pense que oui car on a tous imaginé cet homme au museau de souris qui avait été impressionné par la conviction de Mina : « Mon fils sera ambassadeur, un grand écrivain… » ; quoi qu'il en soit l'auteur nous rappelle comment commence ce fameux chapitre 7 du livre, ainsi que la requête de ce mystérieux homme de parler de lui aux grands personnages que Romain rencontrera plus tard, ce qu'il fit.

La question qui se pose est : a-t-il existé réellement ou est-il sorti de l'imagination de Romain Gary, le pied de nez d'un écrivain qui n'était pas à une facétie près pour brouiller les pistes.

Se pourrait-il que ce soit symbolique, pour rendre hommage aux Juifs déportés, massacrés ?

Peu à peu, Romain alias Roman ou Romouchka entre dans la vie de l'auteur, s'immisce dans sa pensée comme on se faufile dans un costume et on le suit avec un plaisir non dissimulé, car il ne lui vole jamais la vedette. On note des ressemblances, la mère de Romain voulait qu'il fasse des études pour assurer ses arrières, celle du narrateur aussi qui le pousse vers le droit.

« Mais revenons à Gary. Est-ce que, parlant de moi, ce n'est pas de lui que je parle ? Je crois savoir ce qu'est l'exigence d'une mère : j'avais une Mina Kacew, moi-aussi, seulement celle-là n'empilait pas en esprit des romans comme un marchepied vers la gloire – une thèse pensait-elle, m'y mènerait plus sûrement – mais, l'une comme l'autre coulait nous voir leur rendre au centuple ce dont la vie les avait injustement spoliées. »

François-Henri Désérable est formidable conteur, il sait tenir le lecteur en haleine, en l'entraînant dans sa quête. de plus, il nous offre des illustrations : la photo de la statue de Romain Kacew, enfant, une rose à la main, à Vilnius, ou une lettre des archives de l'état civil, ou encore le registre des résidents du fameux 16 de la rue… Il évoque aussi les rencontres de Romain : De Gaulle, Druon, Kessel, Aron.

« Gary sort du bureau du Général, et sur qui tombe-t-il ? Pierre Mendès-France et Raymond Aron. Il entre dans une taverne, et qui en sort au même moment ? Maurice Druon. Il s'y attable, et qui vient lui parler ? Joseph Kessel. Y avait-il seulement des anonymes pour peupler la terre en ces temps-là ? » P 112

Sans oublier une scène d'anthologie : le passage de Romain Gary à « Apostrophes » où il craint que soit révélée la mystification : Emile Ajar et lui ne font qu'un et l'auteur nous offre un extrait de la partition de Rachmaninov (générique de l'émission) ainsi qu'une photo prise lors de l'émission.

J'aime bien Romain Gary, l'écrivain comme le personnage, donc ce livre avait déjà beaucoup de chance de me plaire mais aussi éveiller mon esprit critique, je ne me lançais pas dans l'aventure béatement.

J'ai beaucoup aimé ce livre et je remercie vivement Babelio et les éditions Gallimard qui me l'ont offert. J'espère avoir été convaincante car, que vous aimiez ou non Romain Gary, vous apprécierez ce livre car il est très bien écrit et le mystère est entretenu jusqu'à la fin.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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critiques presse (3)
Actualitte
01 mars 2018
Exhumant le passé ou le réinventant au gré de ses recherches, François-Henry Désérable redonne corps et âme à M. Piekielny, symbole du martyr juif.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeFigaro
20 octobre 2017
Parti d'un personnage de Romain Gary, François-Henri Désérable épuise vite un sujet un peu mince, s'éloignant de son modèle pour mieux nous entretenir de lui-même.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
25 août 2017
L’écrivain s’est rendu en Lituanie dans les pas de l’auteur de « La Promesse de l’aube ». Et donne ce bel éloge, « Un certain M. Piekielny ».
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
De [mon grand-père], je n’ai que quelques souvenirs qui n’ont pourtant rien de bien mémorable, mais qui manifestement le furent dans l’esprit d’un enfant (la pression, par exemple, qu’il exerçait sur ma main quand nous traversions un passage clouté), sa collection de timbres qui est aussi, de l’autre côté, une collection de salive, sa carte d’étudiant en droit et un livre, un seul, un exemplaire des Contes de la bécasse édité à Vienne, jauni, tacheté, corné et sur la première page duquel, en guise d’ex-libris, il a laissé cette annotation : « Lu en captivité ».
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Sur le dix-septième feuillet (encre noire), je trouvai le nom de Mina Kacew et celui de son fils Roman, ce qui après tout n'avait rien de bien surprenant - ils avaient vécu au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, c'était incontestable, des témoignages existaient qui faisaient foi, et il n'y avait, par conséquent, aucune raison que leurs noms ne se fussent pas trouvés dans les registres -, et pourtant je fus troublé de les voir là, ces noms, ému de les lire en toutes lettres, contemplant longuement ce K dont les deux diagonales équidistantes se rejoignaient au même niveau sur le fût pour former une petite boucle replète, ce a légèrement incliné vers la gauche dans une sorte d'italique inversé, ce c qui ressemblait à un e, ce e parfaitement conforme aux canons traditionnels et ce w qui l'était si peu, simple ligature de deux v dont l'un semblait retenir l'autre qui cherchait à prendre la fuite, oui, je dois confesser qu'elles m'émurent, ces lettres qui se suivant, s'entrecroi-sant, se mêlant l'une à l'autre formaient le nom de Kacew, et repensant aujourd'hui à l'émoi qui fut mien ce jour-là, je crois pouvoir dire qu'il résultait de ce que j'avais pour la première fois sous les yeux la preuve irrésistible, irréfragable, irréfutable de la présence, pendant quelques années au n° 16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, d'un petit garçon qui devait devenir un grand écrivain.
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Ce qui voulait dire qu'elle avait connu le petit Roman quand elle était une jeune fille et qu'il n'était qu'un enfant, ce qui voulait dire aussi qu'elle l'avait sûrement croisé dans la cour, venteuse en automne quand les ombres rallongent et se roulent dans un tapis de feuilles mortes, enneigée l'hiver ou peut-être plus tard, à la saison des premiers embrasements, quand la neige a fondu goutte à goutte sur les lèvres fié-vreuses, à moins que ce ne fût dans la langueur de l'été, la nuit, sous les étoiles infinies quand les lèvres, avides et tremblantes, sont d'une infinie curiosité, ce qui voulait dire enfin qu'elle avait dû connaître aussi la balle dans la nuque au bord d'une fosse, ou les fabriques à nuages dans les plaines à betteraves et barbelés de Pologne, ou les bûchers de Klooga, Helena Pietkiewicz dont il ne reste peut-être qu'un nom sur un registre jauni, un pauvre nom qui fut crie, chuchoté, murmuré, dit des milliers de fois de mille façons et ne veut plus rien dire à personne - et que j'écris comme on lance une bouteille à la mer.
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Je ne sais si je crois en Dieu ou au hasard - et qu’est-ce que le hasard, sinon le Dieu des incroyants ?
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Il faut savoir s’incliner face à la combinaison des hasards qui gouvernent nos vies.
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Vidéo de François-Henri Désérable
"Tous les voyages sont toujours dans un but littéraire, en quelque sorte. Soit j'en tire un récit de voyage, soit un article, ou alors c'est pour me documenter pour un roman, mais c'est rarement pour m'allonger sur le sable, sur une plage."
Amélie le Berre et Félix Ferreira Da Silva sont allés à la rencontre de François-Henri Désérable, auteur de "L'usure d'un monde" (2023) et de "Mon maître et mon vainqueur" (Grand prix du roman de l'Académie française, 2022).
Ce film a été réalisé en partenariat avec le Master Scénario, Réalisation, Production de l'École des Arts de la Sorbonne Université Paris 1.
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