🏊♂️Chronique🏊♂️
« Je ne sais pas ce qui m'a réveillé cette nuit. »
Certaines histoires vous troublent. Elles font des ondes, comme sur l'eau. L'eau d'un lac est si calme que toute vibration s'y inscrit, jusqu'à créer une vague. Je crois que c'est cela qui m'a éveillée, mais je me trompe peut-être. Je pense à vous. Je pense à votre amour si fluide, mais noyé par la force des choses. Noyé par un état dictateur, par l'environnement hostile, par le silence pernicieux. Je pense à vous, à votre jeunesse, au désir. Il ne pouvait en être autrement. L'amour n'a pas de préférence. Il n'a que faire des lois, des préjugés, des normes. L'amour est puissant mais indocile. Et qui mieux que vous, aurait pu l'éprouver jusqu'à la limite? Il n'y a avait pas de place pour vous deux, mais vous l'avez créé quand même, au milieu de ce petit paradis bien caché. Ce lac a abrité vos premiers gestes, vos premiers émois, vos premiers mots doux. Vous,
Les Nageurs de la nuit. Vous deux, seuls, à s'essayer à l'amour, entre littérature et espace naturel enchanteur. Un havre de paix. Un espace cocooning. Un temps de tendresse. Mais la paix est éphémère et l'été ne dure qu'un temps. La vie a tôt fait de reprendre ses droits, tout comme vous, vos devoirs. Et la Pologne des années 80 n'est pas tendre. Entre le nulle part, la politique et le déterminisme social, vous avancez à tâtons. Il vous faut faire des choix cruciaux, prendre des décisions difficiles, quitte à tuer la graine de l'amour pour de pâles réussites professionnelles...Mais la nage vous ramène toujours l'un vers l'autre. L'amour est comme l'eau: fluide. Il trouve toujours son chemin. Je pense à vous, car la peine m'étreint. Quand je pense à vous, je me dis que l'amour est déjà compliqué en soi mais l'autorité étatique n'a pas à interférer avec les élans du coeur. Cela m'a vraiment affectée. J'irai même jusqu'à dire que ça m'a profondément dérangée. Plus je pensais à vous, et plus je me pose des questions sur la réalité de nos choix. Que disent-ils de nous? Qu'est-ce que les vôtres disent de vous, de nous, d'eux? Jusqu'à quand, jusqu'à où, jusqu'à combien, l'amour doit être ainsi caché, nié, détruit? Et au nom de quoi? Finalement, je ne suis peut-être pas bien réveillée…Quel est ce cauchemar qui se dessine dans ces pages, et m'empêche de me rendormir paisiblement? Je pense à vous.
Les Nageurs de la nuit. Et cette obscure réalité me déchire. Cette absence de liberté vous noie. Je le vois très bien d'ici. Mais qu'est-ce qu'il vous reste, comme choix, pour déjouer leurs torts? Pourquoi est-ce que nous ressentons aussi vivement cette histoire d'amour impossible? Et là, je pense à vous,
Tomasz Jedrowski, et j'imagine que les fantômes seront d'accord avec moi, pour vous célébrer. Je crois que non seulement vous avez su écouter leurs bruits, leurs murmures, leurs ondes, mais plus encore, vous leur avez rendu grâce.
Les Nageurs de la nuit ont enfin un lieu paisible et secret pour s'aimer. Et l'amour, selon moi, devrait être la seule chose qui prime sur tout le reste. Je vous dirai bien aussi, avant que les limbes ne sépare quelque chose, que votre plume est douce et poétique, et que cette virée ne manquait d'aucun charme…J'ai adoré ce livre plus que je ne l'aurai cru, mais c'est parce qu'il y avait cette chaleur. Cette promesse. Et c'est ce qui a éveillé ce coup de coeur, et j'avais besoin de l'écrire.
« Les petites étincelles causent elles aussi des incendies. »
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