Alors… Je ne lis pas trop de romance. La dernière que j'avais lue devait être le premier tome d'Hadès et Perséphone, et j'avais été surprise de ne pas le trouver aussi cliché que ce à quoi je m'attendais. Pour autant, je ne l'avais pas spécialement refermé en me disant que je devrais lire plus de romances à la mode. Et puis, j'ai écouté un peu le podcast de
Chris Vuklisevic, dont j'avais adoré
du Thé pour les fantômes, et dans lequel elle mentionnait l'idée d'écrire de la romance, mais probablement sous pseudonyme ; ce qu'elle a fini par faire, donc, sous le doux nom de plume d'
Ada Vivalda. J'ai donc lu ce roman par amour pour son autrice, pas spécialement pour le genre (même si le changement de nom doit alerter sur le fait qu'on ne va pas lire la même chose !).
Alba est donc une Génie, bannie par les siens car elle a accordé plus de 3 voeux à une famille humaine, ce qui est grandement répréhensible. Nous la découvrons dans un futur ni très proche ni très éloigné, sur une Terre qui pleure déjà de nombreux disparus parmi les animaux, et dont la plupart des Humains ont quitté l'appauvrissement des sols et les déchaînements météorologiques pour terraformer d'autres planètes. Sur l'île d'Hibernia, où elle vit, la terre donne toujours, et elle a réussi à maintenir un confort pour elle et les autres habitants qui semble unique sur la planète. Pourtant, la montée des eaux menace Hibernia, qui a besoin de l'aide de l'archipel voisin pour construire des digues… Et cela tombe bien, puis que les voisins en question ont des vues sur la fertilité des terres d'Alba ! C'est donc avec l'envoi d'un émissaire sur Hibernia que les affaires doivent se conclure.
Je retrouve un trope bien connu avec ce livre : ennemies to lovers. C'est-à-dire, pour ceux qui comme moi ne suivent pas trop, que le récit prend une forme stéréotypée dans ses événements : les deux protagonistes commencent par se détester pour finir ensemble (non, ce n'est pas vraiment du spoil, relisez la quatrième : « un émissaire aussi détestable que séduisant ». Donc ce serait du gâchis). Je ne suis pas très fan de ce trope, personnellement, parce que je le trouve beaucoup trop prévisible et que je déteste le cliché du gros macho et de la blanche colombe. L'autrice tombe dans certaines redites ; toutefois elle en évite d'autres. J'ai donc à la fois pu lever les yeux au ciel lors de la énième mention de la beauté de Lethan, comme j'ai pu apprécier leurs discussions à coeur ouvert. Leur histoire est quand même belle, et la fin très attendue malgré -j'imagine- la volonté de vouloir surprendre les lecteurs m'a ravie plus que déçue.
Par contre, j'ai trouvé le personnage d'Alba souvent immature. Elle ne parvient pas à calmer ses nerfs en présence de Lethan, ce que je trouve particulièrement curieux pour une Génie âgée de plusieurs siècles ; à la fois je pense que c'était mieux pour l'histoire, et à la fois j'ai eu très conscience d'être assise dans mon canapé à lire un roman. Lethan, lui aussi, manque souvent de subtilité dans sa guerre contre Alba.
D'autres personnages ponctuent le récit, les habitants de l'île, les orphelins dont s'occupe Alba, mais aussi la famille avec laquelle elle vit. Sans les trouver forcément très fouillés, je les ai pourtant bien appréciés et me suis trouvée heureuse de leurs échanges. On leur souhaite une fin heureuse, clairement, comme à Alba et Lethan, et on aime leurs propres destins. J'ai supposé que si l'on n'en savait pas beaucoup plus à leur sujet, c'était aussi parce qu'Alba, ayant connu trop de pertes, se refuse à trop s'attacher à eux (et notamment les enfants de l'orphelinat).
En parlant de perte, l'environnement de la protagoniste est un environnement difficile puisqu'elle a déjà assisté à la mort de plusieurs derniers représentants de leur espèce. Cette notion de perte est très présente tout le long du roman, et façonne en grande partie la personnalité de l'héroïne. Parfois, dans la description des champs de thé ou dans des conversations semblant anodines, nous oublions que le monde se meurt et que la majorité de l'Humanité ne l'a pas considéré assez précieux pour le sauver. Mais en trame de fond, toujours, la perte. Rendue poétique par la plume sublime de
Chris Vuklisevic.
Bon, bien sûr, il s'agit d'une romance, publiée dans une maison d'édition de romance, donc on ne va pas s'apitoyer trop sur notre sort non plus. Ne laissez pas ces notions vous refuser l'accès au livre, qui est délicieux et se dévore sans faim !
Pour ma part, j'ai beaucoup aimé ce voyage en terre de romance. J'ai retrouvé la douce langue de
Chris Vuklisevic qui m'a à nouveau enchantée, et j'ai eu tout de même un plaisir coupable à lire cette histoire d'amour peu conventionnelle avec une Génie comme personnage principal (créature trop peu vue en créations culturelles contemporaines…). Je recommande bien volontiers
Porcelaine sous les ruines, qui a trouvé sa place dans notre rayon Young Adult !
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